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« L’éco-conception, la recette pour attirer les jeunes dans les métiers de l’électronique ? »

« L’éco-conception, la recette pour attirer les jeunes dans les métiers de l’électronique ? »

Cet article met en lumière l’importance de l’éco-conception pour réduire l’empreinte environnementale du secteur mais aussi pour répondre aux attentes des jeunes ingénieurs et, en conséquence, pour attirer les jeunes talents dans les métiers de l’électronique, ce qui constitue l’un des principaux enjeux de la filière en France et en Europe. Il valorise également des initiatives européennes comme GreenChips-EDU, qui conjuguent performance et respect de l’environnement.

Par François Cerisier, CEO et fondateur d’Aedvices, entreprise spécialisée dans la conception et la vérification de dispositifs microélectroniques et systèmes embarqués.

La microélectronique, élément indispensable de tout produit numérique, est confrontée à un défi de taille : réduire son empreinte environnementale. Les systèmes embarqués, que l’on retrouve dans tous nos objets du quotidien, sont de véritables gouffres énergétiques. Face à l’urgence climatique et à l’épuisement des ressources, l’éco-conception s’impose donc comme une nécessité absolue.

François Cerisier, CEO et fondateur d’Aedvices – © Pasinetti Charlotte

Les enjeux de l’éco-conception dans la microélectronique et les systèmes embarqués

D’après une étude de l’Ademe, le nombre d’équipements numériques devrait augmenter de 522% entre 2020 et 2050. Cette augmentation implique des enjeux de gestion des ressources, de la conception jusqu’à la fin de vie des produits. Face à cette explosion de la demande, l’éco-conception paraît être une réponse appropriée pour limiter les impacts négatifs de cette croissance.

Dans la microélectronique, l’éco-conception implique l’optimisation de la consommation énergétique des circuits, le choix de matériaux moins polluants et une réflexion approfondie sur la durée de vie des produits. Chaque puce électronique mobilise des ressources considérables : utilisation de gaz fluorés, extraction de matériaux rares, consommation d’eau et d’énergie. Ces étapes, depuis la conception jusqu’à la fabrication, laissent une empreinte environnementale significative.

Bien que la phase de conception puisse sembler marginale – seulement 4% de l’impact environnemental d’une puce – elle reste déterminante. Les choix technologiques effectués à cette étape influencent durablement l’ensemble du cycle de vie. Et si la réduction d’échelle des technologies de gravure avait jusqu’à présent un impact positif, la littérature scientifique et les bases de données ACV démontrent que l’utilisation de technologies en dessous de 0,13 µm ont l’effet inverse, avec une augmentation accrue des impacts environnementaux.

Former les futurs ingénieurs aux pratiques durables

Pour réduire l’impact environnemental de la microélectronique, il faut développer la maîtrise des principes d’électronique et de numérique durables. C’est pourquoi, intégrer les enjeux de la durabilité dans les formations d’ingénieurs paraît primordial. Et même si certains établissements européens tels que l’université de Graz ou le Politecnico di Torino ont déjà mis en place des enseignements sur l’éco-conception, il reste encore beaucoup à faire.

D’ailleurs, cette évolution s’aligne avec les attentes des nouvelles générations. Une étude menée en 2023 par Grenoble INP Phelma auprès de 437 étudiants européens montre que l’impact environnemental et sociétal des entreprises est le critère le plus influent dans leur choix de carrière. Ces résultats indiquent la pertinence de former des ingénieurs capables de concilier performance technologique et responsabilité écologique.

Vers un avenir durable : la microélectronique en action grâce à une génération engagée

L’éco-conception joue un rôle clé pour rendre la microélectronique attractive, notamment auprès des jeunes talents en quête de sens dans leur carrière. En s’engageant dans cette voie, le secteur peut également renforcer l’autonomie stratégique de l’Europe, conformément aux ambitions de l’European Chips Act, entré en vigueur en septembre 2023. Il vise à renforcer la compétitivité et la résilience de l’Europe dans le domaine des technologies et des applications des semi-conducteurs. Mais pas seulement, puisqu’il contribue également à la transition numérique et écologique.

En outre, des initiatives européennes se développent pour répondre à cette demande croissante de durabilité. C’est le cas, par exemple, du consortium GreenChips-EDU, qui regroupe des acteurs européens industriels, de l’éducation et de la recherche. Il démontre qu’il est possible d’allier performance et respect de l’environnement dans le domaine de la microélectronique. En investissant dans la formation et la recherche, ces initiatives ouvrent de nouvelles perspectives pour le secteur.

Pour concrétiser cette transition, il faut que les entreprises, les institutions de recherche et les pouvoirs publics unissent leurs efforts. En soutenant activement l’éco-conception et en développant des compétences adaptées, le secteur peut bâtir un avenir numérique plus respectueux de l’environnement.

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