La France lance un appel à la création de plateformes d’expérimentation 5G dans la bande 26 GHz
Le gouvernement lance avec l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) un appel à la création de plateformes d’expérimentation 5G dans la bande de fréquences 26 GHz, ouvertes à des tiers. Leurs objectifs : favoriser l’appropriation par l’ensemble des acteurs des possibilités offertes par cette bande de fréquences et identifier les nouveaux usages permis par ces fréquences.
Cet appel s’adresse à la fois aux acteurs qui souhaiteraient disposer de fréquences sur la bande 26 GHz pour établir des plateformes ouvertes d’expérimentation (réseaux 5G déployés à petite échelle), et ouvrir ces plateformes à des acteurs tiers, ainsi qu’aux acteurs qui souhaitent tester de nouveaux cas d’usages, toutes fréquences confondues : entreprises innovantes de technologies et de services, dont les start-up et les acteurs « verticaux » (santé, énergie, ville intelligente…).
La bande 26 GHz, « terre inconnue » pour les réseaux mobiles
La 5G, prochaine génération de réseau mobile, promet un saut de performances technologiques qui ouvre la porte à de nombreux usages innovants dans des secteurs variés de l’économie. En particulier, les bandes de fréquences dites « millimétriques » devraient, grâce à leurs largeurs importantes, permettre des débits inégalés et des usages inédits. Parmi elles, la bande 26 GHz a été identifiée en Europe par le Groupe pour la politique en matière de spectre radioélectrique (RSPG) comme bande « pionnière » pour la 5G. Le gouvernement et l’Arcep souhaitent donc aujourd’hui y encourager les tests en situation réelle. Raison supplémentaire de multiplier ces tests : ces bandes millimétriques n’ont jusqu’à présent jamais été utilisées pour des réseaux mobiles.
En ouvrant l’accès à ces plateformes d’expérimentation à des entreprises innovantes de technologies et de service, le gouvernement et l’Arcep entendent lever deux freins à l’innovation : le coût et les compétences techniques nécessaires à l’installation de ces réseaux, notamment pour les acteurs les moins familiers des télécommunications. Ces tests de cas d’usages doivent permettre de faire mûrir l’écosystème français avec un temps d’avance sur cette bande de fréquences. Ils apporteront un premier retour d’expérience pour identifier les types d’usages innovants.
En contrepartie de l’ouverture de leurs infrastructures à des acteurs tiers, les « plateformes ouvertes d’expérimentation 5G » pourront bénéficier : d’une autorisation d’utilisation de fréquences en bande 26 GHz pour une durée pouvant aller jusqu’à 3 ans ; d’un bac à sable réglementaire, qui permet aux acteurs de tester leur innovation en s’affranchissant en partie du cadre réglementaire qui s’applique habituellement ; d’une mise en visibilité par le gouvernement et l’Arcep aux niveaux national et international.
Recensement des usages futurs basés sur la 5G, toutes fréquences confondues
En complément, le gouvernement et l’Arcep lancent également un recensement auprès des entreprises innovantes des usages futurs basés sur la 5G. Cet état des lieux doit permettre de mieux comprendre l’étendue des besoins des acteurs et de mieux les accompagner dans le développement de ces usages, notamment en facilitant la mise en relation avec les acteurs télécoms.
Le Comité stratégique de la filière (CSF) Infrastructures du numérique, en lien avec les autres filières du Conseil national de l’industrie (CNI), sera également appelé à mobiliser ses membres, entreprises actives sur toute la chaîne de valeur des infrastructures numériques, afin de prendre en compte, dans ses projets structurants, les besoins d’utilisateurs potentiels des infrastructures 5G.
Les dispositifs sont ouverts du 31 janvier au 31 mars 2019. Cette date de clôture répond en effet au besoin de visibilité nécessaire pour préparer les futures attributions de bandes de fréquences. Dans un entretien au Figaro, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie et des Finances, annonce que l’État lancera les enchères pour les fréquences à l’automne 2019, en vue d’un déploiement de la 5G début 2020.
Cette initiative conjointe du gouvernement et de l’Arcep s’inscrit dans la cadre de la feuille de route 5G publiée le 16 juillet 2018, et en particulier dans le chantier sur le développement de nouveaux usages. Elle vient compléter le guichet « pilotes 5G » ouvert par l’Arcep en janvier 2018 qui met à disposition des fréquences pour tester des cas d’usages et qui a permis l’émergence de plateformes testant des usages en 5G dans la bande 3,5 GHz (comme le projet 5GEVE, financé par Horizon 2020, ou la plateforme 5G à Linas-Montlhéry consacrée aux véhicules autonomes).