Dévoilé en février, l’European Chip Act permettra à l’Europe de progresser sur cinq plans
A l’occasion du Forum économique mondial de Davos, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, s’est exprimée par visioconférence, annonçant qu’elle proposera une législation européenne sur les semiconducteurs début février. Elle permettra à l’Europe de progresser sur cinq plans : innovation et recherche, conception et fabrication, adaptation des règles en matière d’aides d’État, anticipation des pénuries, soutien des start-up innovantes.
Extraits du discours de la présidente :
« La demande pour les semiconducteurs atteint des sommets. Aujourd’hui, les puces sont présentes non seulement dans nos ordinateurs et nos téléphones mobiles, mais aussi dans nos voitures, dans le système de chauffage de nos maisons, dans nos hôpitaux, dans ces respirateurs qui sauvent des vies. Pas de numérique sans semiconducteurs. Et les besoins de l’Europe en semiconducteurs vont doubler dans les dix années à venir. C’est pourquoi l’Europe doit passer à une vitesse radicalement supérieure en matière de développement, de production et d’utilisation de cette technologie-clé.
L’Europe est forte dans certains domaines spécifiques, comme la conception de composants pour l’électronique de puissance, ou les puces destinées à l’industrie automobile ou à l’industriel. L’Europe est le centre mondial de la recherche dans le domaine des semiconducteurs. Et l’Europe est également très bien placée pour ce qui concerne le matériel et l’équipement qui sont nécessaires au fonctionnement de grandes usines de fabrication de semiconducteurs.
Mais la part de marché de l’Europe sur le marché mondial des semiconducteurs est de 10% à peine, et aujourd’hui, la plupart de nos approvisionnements proviennent d’une poignée de producteurs situés en dehors de l’Europe. Il s’agit là d’une dépendance et d’une incertitude que nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre. D’ici à 2030, 20% de la production mondiale de puces devrait être localisée en Europe. Sans oublier que la production mondiale elle-même va doubler. Cela implique de quadrupler la production européenne d’aujourd’hui. Nous n’avons pas de temps à perdre.
C’est pourquoi je peux annoncer que nous proposerons notre législation européenne sur les semiconducteurs début février. Elle nous permettra de progresser sur cinq plans. Premièrement, nous renforcerons la capacité d’innovation et de recherche, de niveau mondial, dont nous disposons en Europe. Deuxièmement, nous veillerons à assurer la primauté de l’Europe dans la conception et la fabrication. Troisièmement, nous continuerons à adapter nos règles en matière d’aides d’État, en les assortissant d’un ensemble de conditions strictes. Cela permettra d’offrir un soutien public à des installations de production européennes inédites qui bénéficieront à toute l’Europe. Quatrièmement, afin de renforcer notre sécurité d’approvisionnement, nous étendrons notre gamme d’instruments pour anticiper les pénuries et les crises dans ce secteur et être en mesure d’y réagir. Et cinquièmement, nous soutiendrons les petites entreprises innovantes pour qu’elles aient accès à des compétences avancées, trouvent des partenaires industriels et bénéficient de financements par fonds propres.
L’Europe s’emploiera toujours à maintenir les marchés mondiaux ouverts et connectés. C’est dans l’intérêt du monde et dans le nôtre. Mais nous devons nous attaquer aux goulets d’étranglement qui ralentissent notre propre croissance. Cela nous aidera à devenir un acteur de premier plan, pas seulement dans certaines niches, mais tout au long de la chaîne de valeur. Pour conclure, nous encouragerons la diversification entre partenaires partageant les mêmes valeurs. Nous créerons des interdépendances plus équilibrées. Et nous construirons des chaînes d’approvisionnement dans lesquelles nous puissions avoir confiance, sans maillons faibles isolés ».