« La reprise en Europe dépend de l’attention portée à l’industrie de la fabrication électronique », selon une étude IPC
L’organisation professionnelle IPC publie une étude réalisée par le cabinet Décision qui révèle que l’industrie de la production en électronique a largement résisté aux effets négatifs de la pandémie de Covid-19 et est prête à contribuer à la reprise économique et à la résilience de l’Europe, pour peu que décisions gouvernementales, qui doivent être prises prochainement, adoptent une approche favorable en reconnaissant notamment le caractère stratégique de la fabrication en électronique (assemblage de cartes, production de circuits imprimés).
Alors que l’Europe veut passer à une économie numérique et verte, ses fabricants d’électronique sont sur le point de connaître une croissance robuste après de nombreuses années de baisse de leur part de marché mondiale, avance l’étude réalisée par Décision Etudes & Conseil et commandée par l’IPC. Intitulée «Digital Directions, Greener Connections », l’étude comprend une analyse détaillée des forces et des défis de l’Europe dans ce secteur d’une importance cruciale et distille des recommandations de politique industrielle pour renforcer la résilience et la compétitivité de l’industrie en Europe.
« Bien que la pandémie ait bouleversé de nombreuses industries, les données montrent que l’industrie de la fabrication électronique sera un secteur clé chargé de stimuler la reprise économique européenne et de répondre aux besoins futurs du marché », est persuadée Alison James, directrice principale des relations avec les gouvernements européens de l’IPC.
« Les secteurs de missions critiques – transports, équipements industriels, aérospatiale et défense, informatique et télécommunications, et soins de santé – auront besoin de politiques gouvernementales qui renforcent la résilience de l’industrie de la fabrication électronique dans son ensemble, afin de rebondir après la pandémie et construire l’avenir », ajoute-t-elle.
L’étude souligne que l’industrie européenne de la fabrication électronique représentait 301 milliards d’euros de valeur de production en 2019 et a eu un impact direct sur 3,8 milliards d’euros dans le PIB européen. Elle déplore cependant qu’aujourd’hui, l’Union européenne ne représente qu’environ 5% de la production mondiale globale de cartes de circuits imprimés (PCB) et 10% des services de fabrication électronique (EMS), éléments clés de l’écosystème de la fabrication électronique.
Cette étude arrive à point nommé alors que des décisions cruciales sont prises au niveau de la Commission européenne pour une stratégie de politique industrielle révisée ou dans les capitales nationales, où des plans de relance sont ébauchés.
Le mécanisme de relance et de résilience de l’Union européenne doit ainsi débloquer 672,5 milliards d’euros de prêts et de subventions pour soutenir les réformes et les investissements entrepris par les États membres, 20% du financement étant consacré à la promotion de la transition numérique.
« Ce rapport est un argument puissant en faveur d’une approche politique globale de l’industrie de la fabrication électronique alors que l’UE cherche à relancer la croissance économique et à poursuivre ses transitions numériques et vertes. Il existe maintenant une série d’opportunités d’aligner les politiques, les partenariats et les investissements pour atteindre ces objectifs », souligne Alison James.
Pour soutenir l’industrie européenne de la fabrication électronique, le rapport énumère une série de recommandations, notamment :
• Reconnaître la fabrication électronique comme une industrie d’importance stratégique et investir dans des parties négligées de la chaîne de valeur. Si l’importance stratégique des semiconducteurs est généralement bien reconnue, le rapport note que les progrès dépendent également des investissements dans la fabrication des circuits imprimés et l’assemblage de cartes électroniques. Lorsque les gouvernements investissent dans la microélectronique, il devrait y avoir des analyses des lacunes pour évaluer les besoins correspondants en matière de fabrication et d’assemblage de cartes, insiste le rapport. Ces secteurs devraient également bénéficier d’initiatives de financement spécifiques, telles que les fonds de relance et de résilience.
• Accompagner les industriels européens dans leur transition vers les usines du futur, renforcer l’industrie et promouvoir la transformation numérique. Comme la plupart des entreprises européennes de PCB et de services de sous-traitance sont des petites et moyennes entreprises, elles ont particulièrement besoin d’un soutien pour les investissements dans la R&D, la mise à niveau des équipements et la formation de la main-d’œuvre pour créer les usines du futur les plus connectées et les plus efficaces.
• Améliorer la formation professionnelle et la formation permanente. Le Pacte européen de la microélectronique pour les compétences, lancé en 2020, vise un investissement public et privé global de 2 milliards d’euros pour améliorer et requalifier plus de 250 000 travailleurs et étudiants d’ici 2025. Là encore, le rapport recommande d’inclure les fabricants de PCB et les sous-traitants dans ces programmes, et il suggère que les plans de relance des États membres devraient inclure des projets consacrés au renforcement des compétences de la main-d’œuvre dans les outils et technologies de l’industrie 4.0, en accordant une attention particulière aux petites et moyennes entreprises.
• Renforcer le leadership européen dans l’électronique embarquée – qui compte pour 85% de sa production électronique – pour aider à réussir les transitions vertes et numériques. Soutenir ces secteurs d’applications contribuera à stimuler la croissance globale et à créer des véhicules plus propres, plus connectés et autonomes, ainsi que des maisons, des usines et des systèmes de santé plus intelligents, sécurisés et efficaces.
• En définissant le concept européen d’autonomie stratégique ouverte, trouver un équilibre judicieux entre le soutien à la production régionalisée et une chaîne d’approvisionnement mondiale flexible. Cela comprend la collaboration avec des partenaires partageant les mêmes idées aux niveaux multilatéral et bilatéral pour faire appliquer les règles commerciales et éviter de créer de nouvelles barrières commerciales.
L’étude complète Digital Directions, Greener Connections est disponible sur le site de l’IPC.