Rachat d’Arm par ses grands clients : l’idée de Qualcomm fait son chemin
Il aura suffi d’une déclaration Cristiano Amon, CEO de Qualcomm, au Financial Times, pour relancer les spéculations sur le devenir d’Arm, après l’échec de Nvidia contraint de renoncer au rachat du Britannique devant l’hostilité des clients du concepteur de cœurs de microprocesseurs et des autorités réglementaires des différents pays.
L’idée cette fois serait de faire d’Arm un bien commun inaliénable sinon de l’humanité du moins de la communauté électronique. A ce jour, plus de 225 milliards de puces basées sur Arm ont été livrés par les clients de l’écosystème Arm. Avec plus de 1000 partenaires technologiques, Arm revendique être à l’avant-garde de la conception, de la sécurisation et de la gestion de tous les domaines du calcul connecté amélioré par l’IA, de la puce au cloud.
Le p-dg de Qualcomm propose ainsi de prendre une participation au capital d’Arm, au même titre que d’autres grands clients au sein d’un consortium de fabricants de puces, de façon de donner à Arm les ressources financières pour continuer à innover pour le bien de tous. Le p-dg d’Intel serait également séduit par l’idée. Faute d’avoir pu concurrencer Arm sur le terrain des blocs d’IP basse consommation, Intel tiendra là sa revanche. On voit bien les limites d’un tel attelage. D’autant que le gouvernement britannique souhaiterait disposer d’une assurance que son champion national reste arrimé à son insularité. Et il faudrait convaincre son propriétaire, le groupe japonais Softbank, qui a pour l’instant toujours l’intention d’introduire Arm en Bourse.
Quoi qu’il en soit, le cabinet d’études GlobalData trouve déjà l’idée lumineuse. Suite à l’annonce que Qualcomm serait prêt à investir dans Arm aux côtés de sociétés de semiconducteurs rivales ou pourrait s’associer à d’autres fabricants de puces pour acheter Arm, Mike Orme, consultant analyste au sein de l’équipe de recherche thématique de GlobalData, s’est montré dithyrambique : « Cela pourrait être l’événement le plus important dans l’industrie des semiconducteurs depuis qu’Intel, TSMC et Samsung ont pris des participations stratégiques dans ASML en 2012 pour lui permettre de commercialiser une machine de lithographie aux ultraviolet extrêmes. En conséquence, ASML est devenue la seule entreprise capable d’offrir les moyens de fabriquer de nouvelles générations de puces les plus avancées. Nous sommes ici sur un territoire similaire ».
« Si la technologie Arm peut devenir le modèle du traitement des données à très faible consommation d’énergie, elle réduira radicalement la demande énergétique et le coût de l’infrastructure informatique, qui consomme actuellement plus de 10% de l’électricité mondiale. Sur les tendances de croissance actuelles, cela pourrait dépasser 20% d’ici 2030. C’est pourquoi un consortium investissant dans Arm changerait tellement la donne. Étant donné à quel point Arm pourrait devenir influent s’il obtenait le soutien nécessaire pour soutenir ses efforts de R&D, il pourrait obtenir une valorisation beaucoup plus élevée que ne le justifient ses revenus et sa rentabilité », poursuit-il. A suivre.
Arm a clos son exercice annuel sur des revenus et des bénéfices record. Son chiffre d’affaires a bondi de 35% pour atteindre 2,7 milliards de dollars, avec à la fois une forte croissance des revenus issus de redevances et ceux issus des contrats de licence. Les revenus de licences (hors redevances) de l’exercice 2021 ont ainsi augmenté de 61% pour atteindre 1,13 milliard de dollars. Par ailleurs, les revenus de redevances (royalties) en 2021 ont augmenté de 20% pour atteindre un record de 1,54 milliard de dollars.
Un record de 29,2 milliards de puces ont été livrées par les clients d’Arm au cours de l’exercice, dont 7,8 milliards au 4e trimestre. Côté bénéfice, l’EBITDA ajusté d’Arm a augmenté de 68% en glissement annuel pour atteindre 1 milliard de dollars, soit une marge d’EBITDA ajusté de 37%.