Renesas pourrait racheter Intersil pour 3 milliards de dollars
Le mouvement de consolidation dans l’industrie des semiconducteurs bat son plein. Alors que ON Semiconductor, qui détient virtuellement 70,3% des actions de Fairchild, compte finaliser ce rachat vers la fin du mois, c’est au tour du Japonais Renesas Electronics de passer à la manœuvre. Selon le quotidien japonais Nikkei, généralement bien informé, Renesas serait en négociations finales pour racheter l’Américain Intersil, dans une transaction de 300 milliards de yens (soit environ 3 milliards de dollars).
Vendredi, la capitalisation boursière d’Intersil atteignait 2,1 milliards de dollars. Renesas n’a pas démenti l’information du Nikkei, affirmant examiner en permanence différentes options pour renforcer sa croissance, dont celle citée par la presse. Pour autant, Renesas affirme qu’à l’heure actuelle rien n’est encore décidé.
Intersil est un fabricant américain de circuits analogiques et mixtes de précision et de gestion de l’alimentation. Les produits de la société forment « les éléments de base d’une électronique toujours plus intelligente et mobile, en permettant des avancées dans la gestion de l’énergie pour en améliorer le rendement et étendre la durée de vie des batteries ». Son portefeuille de produits vise les domaines industriels et des infrastructures, l’informatique mobile, les marchés de l’automobile et l’aéronautique. Au deuxième trimestre, Intersil a réalisé un chiffre d’affaires de 134 millions de dollars, en hausse de 3,7% par rapport au trimestre précédent et de 1,2% sur un an. Le bénéfice net trimestriel d’Intersil n’a pas dépassé 1,4 M$, incluant 13,5 M$ d’éléments exceptionnels liés à la fermeture d’une unité de production sur tranche de 200 mm en Floride.
Classé actuellement 16e fournisseur mondial de semiconducteurs par IC Insights (voir article dans cette édition), le Japonais Renesas Electronics, issu des activités semiconducteurs hors mémoires de NEC, Hitachi et Mitsubishi, a perdu de sa superbe depuis sa création en 2010 lors de la fusion entre Renesas Technology et NEC Electronics. Jadis numéro un mondial des semiconducteurs pour l’automobile, Renesas a depuis été relégué au troisième rang mondial, derrière NXP et Infineon (source IHS- voir notre article).
En octobre 2013, le groupe nippon avait été sauvé par le fonds japonais public-privé Innovation Network Corporation of Japan, qui était entré à son capital avec huit grands clients (Toyota Motor, Nissan Motor, Keihin, Denso, Canon, Nikon, Panasonic et Yaskawa Electric) à l’occasion d’une augmentation de capital de 150 milliards de yens. A l’issue de l’opération, INCJ avait pris 69,16% du capital de Renesas, tandis que les actionnaires historiques de Renesas avaient vu leurs participations respectives diluées de 30,62% à 7,66% (pour Hitachi), de 25,05% à 6,27% (pour Mitsubishi) et de 35,46% à 8,87% (pour NEC).
Engagé depuis dans un vaste plan de restructuration et de départs anticipés, Renesas a restauré ses marges au cours des dernières années, en dépit d’une baisse de son chiffre d’affaires annuel (693,3 milliards de yens, soit 6,9 milliards de dollars lors de son exercice fiscal 2015 clos fin mars). Pour le premier trimestre de son nouvel exercice, Renesas a publié le 10 août un chiffre d’affaires de 152 milliards de yens, en baisse de 15,2% sur un an et de 9,4% séquentiellement, pour un bénéfice net de 10 milliards de yens (voir présentation).
En juin dernier, Renesas, qui estime sa situation financière stabilisée après avoir mis en œuvre des réformes structurelles d’ampleur, avait nommé un nouveau président et CEO, le troisième en un an. Le fabricant de semiconducteurs motivait ce changement à la tête de l’entreprise par la nécessité d’un nouveau leader pour incarner cette nouvelle page de l’entreprise qui doit se concentrer désormais sur une nouvelle phase de croissance sur des bases assainies. En inscrivant le rachat d’Intersil à son agenda ?
Voir l’article du Nikkei