Une seringue intelligente sans aiguille !

Feeligreen illustre bien le bouillonnement d’idées qui agite actuellement les développements permis par les progrès de l’électronique imprimée. Cette jeune entreprise technologique, créée en 2012, se focalise sur le développement de dispositifs à micro-courant, sécurisés, pour des applications cosmétiques (produits anti-rides) et thérapeutiques. Une seringue intelligente sans aiguille, comme aime à le dire son p-dg Christophe Bianchi, un docteur en électronique qui a plus de 20 ans d’expérience au sein de start-ups en semiconducteurs, en France et aux Etats-Unis.

Cette start-up de 10 personnes, implantée à Grasse, a réussi sa première levée de fonds en octobre dernier, et sa technologie, basée sur l’iontophorèse(*), est aujourd’hui protégée par des brevets. Ses produits sont utilisés pour la diffusion sécurisée et contrôlée d’actifs par courants faibles sous la peau, permettant par exemple une vaccination sans aiguille où l’application d’antirides sans injection. Il faut des électrodes dédiées à leurs applications pour éviter la migration des produits actifs. Pour l’instant, Feeligreen fait appel à l’électronique organique uniquement pour réaliser l’électrode imprimée jetable (-plutôt que l’impression, c’est d’ailleurs la sérigraphie qui a été retenue-), alors que l’électronique de commande reste sur silicium.

Cette seringue intelligente sans aiguille, Feeligreen compte en produire 1 million d’unités en 2016. Pour ce faire, la start-up, qui a obtenu un prix de l’innovation par ST, va se doter d’un outil de production avant la fin de l’année. Sans les avancées de l’électronique organique en matière de coût, leur produit n’avait aucune change d’exister, car il n’aurait eu aucun intérêt économique face aux solutions traditionnelles à aiguille. « Dans la cosmétique, on ne peut pas dépasser une marge de 20% entre le coût de fabrication et le prix grand public », explique par exemple, Christophe Bianchi. Pour des applications cosmétiques, il pense pouvoir obtenir une homologation en 6 mois ; il faudra 2 à 3 ans pour les applications médicales (par exemple, pour le soin des escarres qui coûte chaque année 3,3 milliards d’euros à la sécurité sociale).

(*) L’iontophorèse est définie comme l’introduction, à l’aide d’un courant électrique, de médicaments actifs, sous une forme ionisée, dans le corps à des fins cosmétiques ou thérapeutiques. Ces méthodes sont utilisées pour améliorer l’absorption de médicaments à travers les tissus (peau, cornée, …). Au cours de l’iontophorèse, un courant électrique continu est utilisé pour favoriser le déplacement des ions d’une substance soluble à travers la surface de la peau et de se diffuser dans l’épiderme et le derme sous-jacent à travers la couche protectrice externe de la peau.