Le Conseil de l’innovation élève la cybersécurité au rang de grand défi
Instance interministérielle en charge de définir les grandes orientations et priorités de la politique de l’innovation, le Conseil de l’innovation s’est réuni hier entérinant le recrutement des trois premiers directeurs de programmes des premiers grands défis financés par le Fonds pour l’innovation et l’industrie (FII), le lancement d’une troisième vague de grands défis, le déploiement du plan deep tech opéré par Bpifrance et le lancement du plan batteries annoncé par le Président de la République le 13 février dernier.
Le Conseil de l’innovation a consacré cette séance à deux sujets majeurs : la présentation du plan batteries et la croissance des start-up en France.
Le plan batteries, dont un nouveau directeur est en cours de recrutement, vise à donner à la France une autonomie stratégique sur les batteries, en sachant que la valeur ajoutée des batteries pour la mobilité rend critique la localisation des futures usines de production de cellules sur le territoire européen. Ainsi, dans la future chaîne de valeur du secteur automobile, la maîtrise technologique de la production de cellules de batteries est appelée à jouer un rôle similaire à la conception des moteurs thermiques.
Si l’Europe se laisse distancer sur ce segment, elle court le risque d’un déclassement de son industrie automobile. Pour prendre de l’avance, la France et l’Allemagne ont lancé un projet commun visant à construire des usines de batteries dans les deux pays et à collaborer sur des projets de R&D et d’industrialisation de ces technologies, en y associant d’autres pays. Les moyens du Fonds pour l’innovation et l’industrie permettront de financer une partie de ce plan. Le Conseil de l’innovation du 13 décembre 2018 a retenu un nouveau grand défi sur le stockage de l’énergie et
« Le Fonds pour l’innovation et l’industrie, financé par les cessions de participations publiques, a vocation à financer l’émergence de nouvelles technologies de rupture, avec des actions comme les grands défis, et leur industrialisation, avec par exemple le plan batteries qui va générer une nouvelle dynamique et un effet d’entraînement au sein de la filière. Signe de sa pertinence, il suscite une forte adhésion de l’Allemagne qui a décidé de constituer avec la France un projet européen commun (IPCEI) », a souligné Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie et des Finances.
Le financement des start-up est également un sujet phare de la politique d’innovation du gouvernement. Si le précédent Conseil a permis de détailler les mesures de l’ambitieux plan deep tech du gouvernement opéré par Bpifrance, ce Conseil a concentré son attention sur les mesures pour les start-up en forte croissance. L’écosystème français est en effet en pleine croissance, avec des levées de fonds qui ont atteint 3,6 milliards d’euros en 2018. Le nombre de levées de fonds de plus de 20 M€ est également en très forte croissance, avec 43 tours de table en 2018, contre 29 en 2017 et seulement 8 en 2014.
Enfin, au cours de cette nouvelle session, le Conseil de l’innovation a choisi deux nouveaux grands défis. Ces grands défis, dotés de 30 M€ chacun, vont permettre de renforcer les efforts en faveur de l’innovation et de la R&D dans deux secteurs de rupture, où la France a toute sa place : la cybersécurité et la bioproduction.
Les grands défis, choisis par le Conseil de l’innovation et financés à hauteur de 120 M€ par an par le Fonds pour l’innovation et l’industrie (FII), visent à répondre à des enjeux sociétaux dans des domaines stratégiques nécessitant la levée de barrières technologiques. Le premier Conseil de l’innovation du 18 juillet 2018 a retenu deux grands défis portant sur l’intelligence artificielle et des directeurs de programme ont été recrutés : Olivier Clatz pilotera le défi « Comment améliorer les diagnostics médicaux par l’intelligence artificielle ? » ; Julien Chiaroni pilotera le défi « Comment sécuriser, certifier et fiabiliser les systèmes qui ont recours à l’intelligence artificielle ? ».
Poser les bases d’une automatisation de la cybersécurité
Le Conseil de l’innovation du 17 avril 2019 a retenu un grand défi sur la thématique de la cybersécurité et un grand défi sur celle de la bioproduction. Comment automatiser la cyber-sécurité pour rendre nos systèmes durablement résilients aux cyber-attaques ?
L’évolution des technologies numériques et l’intégration des composants numériques communicants dans l’ensemble des objets de la vie quotidienne, mais aussi au sein des équipements industriels ou encore institutionnels et étatiques, transforme radicalement nos usages. Cette exposition croissante au numérique nous rend cependant particulièrement vulnérables aux attaques informatiques. Enfin, l’explosion de la quantité des données produites et collectées ne permet plus de relever le défi de la cybersécurité en recourant exclusivement aux analyses humaines et aux outils disponibles.
La pérennisation des investissements économiques passe, par conséquent, par des modèles et des outils de protection informatique rénovés. Pour y répondre, le présent défi ambitionne de poser les bases d’une automatisation de la cyber-sécurité.
Les perspectives offertes par les nouvelles techniques d’intelligence artificielle, en particulier l’apprentissage automatique, une fois couplées aux approches existantes, permettent, en effet, d’envisager des progrès significatifs aussi bien en amont des attaques (conception puis évaluation des produits et systèmes) qu’en aval (détection puis réaction).
Ce grand défi doit déboucher sur des solutions novatrices au profit des entreprises et des particuliers pour évaluer la vulnérabilité des systèmes embarqués ; détecter des anomalies dans des flux réseaux et anticiper les attaques ; corriger automatiquement les failles logicielles ; mettre en place de nouvelles stratégies d’immunisation des réseaux informatiques.
Le Conseil de l’innovation a vocation à se réunir 3 fois par an. Tous dispositifs confondus, l’État va investir 4,5 milliards d’euros (3,5 milliards en subventions et 1 milliard en fonds propres) dans le financement de l’innovation de rupture ces cinq prochaines années dont 1,6 milliard de nouveaux moyens (1,25 milliard de subventions pour le Fonds pour l’Innovation et l’Industrie et 400 M€ en fonds propres pour le fonds French Tech Seed du Programme d’Investissements d’Avenir).
Créé le 15 janvier 2018, le Fonds pour l’innovation et l’industrie est doté de 10 milliards d’euros. Le rendement de ce fonds sera de 2,5% à terme, ce qui permettra de générer 250 millions d’euros par an, qui seront dédiés au financement de l’innovation de rupture : 70 M€ d’aides individuelles dans le cadre du plan deep tech opéré par Bpifrance ; environ 120 M€ sur les grands défis ; 25 M€ pour le plan Nano 2022 ; environ 35 M€ pour le plan batterie. L’allocation détaillée des moyens du Fonds sera décidée annuellement dans le cadre du Conseil de l’innovation.