La pénurie bouscule le marché européen de la distribution de semiconducteurs
Après un recul de 12,4% en 2020, à 7,72 milliards d’euros, le marché européen de la distribution de semiconducteurs démarre l’année 2021 à nouveau en baisse. Au premier trimestre 2021, il a ainsi atteint 2,17 milliards d’euros, en baisse de 1,6% par rapport aux trois premiers mois de 2020, mais en hausse de 15,6% par rapport au 4e trimestre 2020, selon la DMASS, Distributors’ and Manufacturers’ Association of Semiconductor Specialists.
Comme le montre cette forte croissance séquentielle, le facteur limitant dans les mois à venir pourrait être la disponibilité des composants plutôt que la demande, analyse l’organisation professionnelle.
« Alors que 2020 a été influencé par la pandémie de Covid-19 et les angoisses du Brexit, ces facteurs semblent avoir complètement disparu du développement actuel du marché. Désormais, tout est question de pénurie de composants et de dépendances stratégiques vis-à-vis de la production asiatique. Les niveaux de réservation sont fous et la disponibilité est devenue un facteur de limitation des revenus pour la distribution et leurs clients », commente Georg Steinberger, président de la DMASS.
« Le premier trimestre n’est pas un bon indicateur de tendance, compte-tenu de la pénurie géante de semiconducteurs, accompagnée de fortes hausses de prix. Dans l’état actuel des choses, les contraintes actuelles pourraient durer jusqu’à la fin de 2021, sinon au-delà », ajoute-t-il.
La situation du marché varie considérablement d’un pays à l’autre et ne montre aucune direction claire. Alors que l’Europe de l’Est, le Royaume-Uni, l’Italie, la Suisse, les pays nordiques et le Benelux ont affiché une évolution positive, l’Allemagne, la France, la Péninsule Ibérique, Israël et la Russie ont enregistré un recul d’activité.
Ainsi, l’Allemagne a terminé le 1er trimestre avec une baisse de 8,7%, à 594 millions d’euros, par rapport au 1er trimestre 2020. Le marché français de la distribution de semiconducteurs a reculé de 5,9%, à 135 millions d’euros, tandis que le Royaume-Uni a augmenté de 8,7%, à 143 millions d’euros. L’Italie a augmenté de 3%, à 212 millions d’euros. L’Europe de l’Est a continué de croître (+3,2% à 398 millions d’euros) et les pays scandinaves ont enregistré une croissance de 4,9%, à 164 millions d’euros.
L’évolution par famille de produits marque également la disparité des situations. Les discrets, les semiconducteurs de puissance et les capteurs ont bien progressé ; l’optoélectronique, les composants analogiques et les circuits MOS Micro ont légèrement baissé, alors que les circuits logiques programmables et les circuits logiques standards et autres ont chuté.
Classés par taille de marché, les composants analogiques ont affiché des ventes trimestrielles en recul de 3,8% à 627 millions d’euros et les composants MOS Micro une baisse de 0,7%, à 430 millions d’euros. Le marché des circuits de puissance a augmenté de 6,8%, à 266 millions d’euros ; l’opto est resté stable (-0,3%, à 205 millions d’euros), de même que les mémoires (+1,2%, à 191 millions d’euros). Les ventes trimestrielles de discrets ont augmenté de 14,6%, à 130 millions d’euros et ont dépassé celles de circuits logiques programmables, en chute de 20,5%, à 124 millions d’euros. La catégorie « autres circuits logiques » a enregistré une baisse de 13,7%, à 105 millions d’euros et, enfin, les ventes de capteurs ont augmenté de 15,7%, à 64 millions d’euros.
« Qu’attendre de 2021, sinon un renforcement de ce que nous avons vu depuis quelques mois, à savoir des commandes excessives, des augmentations de prix, la pénurie et un rapprochement des stratégies d’approvisionnement et des commandes à plus long terme ? La fureur avec laquelle la politique tente désormais de s’attaquer à la dépendance de l’Europe vis-à-vis de l’Asie en matière de production de semiconducteurs montre l’importance stratégique de cette technologie pour de nombreux secteurs de l’industrie européenne. Mais cette prise de conscience n’aura aucun impact à court terme sur l’offre », souligne Georg Steinberger.
Fondée en 1989, la DMASS compte à ce jour 35 membres actifs (dont, pour les distributeurs, Anglia, Arrow, Avnet EMEA, Codico, Digi-Key, EBV Elektronik, Farnell, Mouser, RS Components, Rutronik et TTI) et représente, suivant les pays, entre 80% et 85% du marché européen de la distribution. Dans ses statistiques, l’organisation professionnelle, – rappelons-le-, ne prend en compte que les semiconducteurs hors composants pour PC.