Bosch inaugure à Dresde son usine de semiconducteurs 4.0
L’Allemagne montre son savoir-faire. Bosch a inauguré officiellement lundi à Dresde son usine de semiconducteurs sur tranches de 300 mm, en présence virtuelle de la chancelière fédérale Angela Merkel, de la vice-présidente de la Commission européenne Margrethe Vestager et du ministre-président de Saxe Michael Kretschmer.
Bosch a investi environ un milliard d’euros sur ce site. Il s’agit du plus gros investissement en plus de 130 ans d’histoire de l’entreprise. La production à Dresde commencera dès juillet – six mois plus tôt que prévu. Les semiconducteurs fabriqués dans la nouvelle usine seront intégrés dans les outils électriques Bosch. Pour les clients automobiles, la production de puces démarrera en septembre, trois mois plus tôt que prévu. Sur 72 000 mètres carrés de surface au sol, 250 personnes travaillent déjà sur le site. L’effectif devrait passer à environ 700 une fois les travaux de construction terminés.
En 1998, selon le ZVEI, la valeur de la microélectronique d’une voiture neuve était de 120 euros. En 2018, cette valeur était passée à 500 euros, et en 2023 elle devrait dépasser les 600 euros, souligne l’organisation professionnelle allemande. En 2016, chaque nouveau véhicule dans le monde avait en moyenne plus de neuf puces Bosch à bord, dans des dispositifs tels que l’unité de contrôle des airbags, le système de freinage et le système d’aide au stationnement. En 2019, ce chiffre était déjà supérieur à 17. Dans les années à venir, les experts s’attendent à la plus forte croissance des systèmes d’aide à la conduite, de l’infodivertissement et de l’électrification du groupe motopropulseur. Bosch est classé 6e fournisseur mondial de semiconducteurs pour l’automobile, selon Strategy Analytics (voir notre article).
Même si elle n’a pas besoin de faire appel aux technologies les plus fines de production de puces, l’usine, dont la production est en grande partie captive, se veut entièrement connectée, axée sur les données et auto-optimisée. Des machines hautement automatisées et entièrement connectées et des processus intégrés, associés à des méthodes d’intelligence artificielle (IA), feront de l’usine de Dresde une usine intelligente et un pionnier de l’industrie 4.0, souligne l’équipementier allemand.
« Pour Bosch, les semiconducteurs sont une technologie de base et il est stratégiquement important de les développer et de les fabriquer nous-mêmes. À Dresde, avec l’aide de l’intelligence artificielle, nous allons faire passer la fabrication de semiconducteurs à un niveau supérieur. C’est notre première usine AIoT : entièrement connectée, axée sur les données et auto-optimisée dès le départ », a déclaré Volkmar Denner, président du conseil d’administration de Robert Bosch.
Concrètement, toutes les données de l’usine (machines, capteurs et produits) sont collectées dans une base de données centrale. Le résultat : chaque seconde, des données de production équivalentes à 500 pages de texte sont générées. En une seule journée, cela équivaudrait à plus de 42 millions de pages. Ces données sont ensuite évaluées à l’aide de méthodes d’intelligence artificielle. Dans ce processus, les algorithmes d’auto-optimisation apprennent à faire des prédictions sur la base des données. De cette façon, les processus de fabrication et de maintenance peuvent être analysés en temps réel.
« L’intelligence artificielle est la clé pour améliorer encore les processus de fabrication et la qualité des semiconducteurs, ainsi que pour atteindre un niveau élevé de stabilité des processus. Grâce à la combinaison de l’intelligence artificielle et de l’Internet des objets, nous créons la base d’une amélioration continue de la fabrication basée sur les données », souligne Volkmar Denner.
Une autre caractéristique de l’usine est son « jumeau numérique ». Pendant la construction, toutes les parties de l’usine et toutes les données de construction pertinentes relatives à l’usine dans son ensemble ont été enregistrées numériquement et visualisées dans un modèle tridimensionnel. Le jumeau comprend environ un demi-million d’objets 3D, y compris des bâtiments et des infrastructures, des systèmes d’approvisionnement et d’évacuation, des conduits de câbles et des systèmes de ventilation, ainsi que des machines et des lignes de fabrication. Cela permet à Bosch de simuler à la fois les plans d’optimisation des processus et les travaux de rénovation sans intervenir dans les opérations en cours. Les travaux de maintenance dans l’usine de Dresde font également appel à la haute technologie : les lunettes de données avec caméra intégrée et la réalité augmentée permettent d’effectuer les travaux de maintenance sur les machines à distance. En d’autres termes, les travaux de maintenance à Dresde peuvent être effectués par un expert d’une entreprise d’ingénierie mécanique en Asie sans qu’il soit nécessaire que cet expert vienne à Dresde.
Bosch complète ainsi son expertise en systèmes électroniques et logiciels par son savoir-faire dans le développement et la fabrication de semiconducteurs. Depuis 1958, Bosch fabrique lui-même des composants semiconducteurs. Et depuis 1970, l’usine de Reutlingen de l’entreprise fabrique des composants spéciaux qui ne sont pas disponibles dans le commerce. Dans ses usines de fabrication de semiconducteurs à Reutlingen et à Dresde, Bosch a investi plus de 2,5 milliards d’euros depuis l’introduction de la technologie de production sur tranches de 200 mm de diamètre en 2010. Sans compter les milliards d’euros investis par l’équipementier dans le développement de la microélectronique.
« La nouvelle usine de fabrication de plaquettes de Bosch augmentera nos capacités en microélectronique. La microélectronique est à la base de presque toutes les technologies prometteuses, des applications de l’intelligence artificielle, de l’informatique quantique et de la conduite automatisée et connectée, qui est également une spécialité de Bosch », a déclaré la chancelière fédérale, Angela Merkel.
« La technologie de pointe présentée dans la nouvelle usine de Dresde est un excellent exemple de ce que les acteurs européens publics et privés peuvent réaliser lorsqu’ils unissent leurs efforts. Les semiconducteurs contribueront au développement d’industries telles que le transport, la fabrication, l’énergie propre et la santé, où l’Europe excelle. Cela contribuera à renforcer la compétitivité de l’Europe en tant que berceau d’innovations de pointe », a déclaré Margrethe Vestager, vice-présidente de la Commission européenne.