La Chine prête à débourser 23 milliards pour Micron avec la bénédiction d’Intel ?
Ce n’est pas à proprement parler une fusion-acquisition de juillet puisqu’aucune offre n’a été déposée à ce jour, mais c’est à coup sûr la transaction qui fait couler le plus d’encre. La Chine, via Tsinghua Unigroup préparerait une offre de rachat du fabricant de mémoires Micron Technology à 21 dollars par action, soit une transaction de 23 milliards de dollars. Intel, partenaire des deux parties, aura son mot à dire.
L’information a été révélée par le Wall Street Journal le 14 juillet, mais dans la présentation aux analystes lors de la journée que Micron leur a consacré en fin de semaine dernière, Micron n’en pas pipé mot.
Pour l’heure, on voit mal comment les autorités américaines pourraient accepter une telle perte de souveraineté. Micron Technology réalise plus de 16 milliards de dollars de chiffre d’affaires dans les mémoires (Drams et flash NAND essentiellement) et constitue ainsi pour les Américains un rempart à l’hégémonie coréenne dans le secteur (Samsung et SK Hynix).
Pour autant, cette transaction, si elle se matérialisait, s’inscrit en creux dans l’histoire de l’industrie électronique : les Etats-Unis avaient fini par venir à bout des ambitions du Japon (à l’été 2013, Micron a racheté Elpida, le champion nippon des mémoires qui a mordu la poussière) avant de devenir à leur tour la cible de l’irrésistible montée en puissance de la Chine.
Intel en embuscade ?
Intel est la caution qui permet pourtant de ne pas totalement écarter cette transaction. Intel est en effet un partenaire de longue date de Micron Technology (ils ont été partenaires dans les mémoires flash depuis 2005 en créant IM Flash Technologies dont Micron a repris les usines en 2012).
Mais Intel également le partenaire de Tsinghua Unigroup dont il détient 20% du capital. En septembre 2014, Intel avait pris indirectement 20% du capital de Spreadtrum Communications et RDA Microelectronics en investissant 1,5 milliard de dollars dans la holding Tsinghua Unigroup, une société d’état, qui a racheté successivement les deux entreprises chinoises afin de contrôler ces acteurs de poids pour la fourniture de semiconducteurs pour téléphones mobiles, garant de l’indépendance de la Chine dans ce secteur stratégique. Tsinghua Unigroup avait finalisé à la mi-juillet l’acquisition de RDA Microelectronics, une entreprise chinoise fabless spécialisée dans les circuits RF et les systèmes sur une puce pour le sans fil destinés à des applications dans la téléphonie, la connectivité sans fil et le broadcast. Le montant de l’acquisition de RDA avait atteint 907 M$. Tsinghua avait précédemment racheté la société fabless chinoise Spreadtrum Communications, spécialisée dans les circuits pour communications mobiles aux standards 2G, 3G et 4G, pour 1,7 milliard de dollars.
Pour l’heure, tout est encore affaire de supputations. Mais nul doute qu’Intel, Tsinghua et Micron reviendront bientôt au cœur de l’actualité.