La fédération française des télécoms réclame un ralentissement du déploiement de la 5G au nom de la sobriété énergétique
« Les opérateurs télécoms sont résolument inscrits dans une démarche de progrès continu en matière de sobriété énergétique et environnementale », souligne la FFT dans un document qui demande un assouplissement des obligations réglementaires concernant le déploiement des réseaux 5G dans les zones moins denses, afin de consommer moins. L’appel sera-t-il entendu ?
Par essence, les réseaux sont énergivores. La consommation électrique des réseaux télécoms s’établissait à 3,7 TWh4 en 2019 (hors terminaux), soit 0,8% de la consommation électrique nationale. Si le mix énergétique en France est très décarboné relativement à celui de pays tels que l’Allemagne ou la Pologne, dans un contexte de sobriété énergétique et d’explosion des coûts de l’électricité, la consommation électrique des réseaux de télécommunications demeure en France un véritable défi économique pour les opérateurs, et sa maitrise en période de rareté, un réel enjeu pour les pouvoirs publics, souligne en préambule le document de la fédération des opérateurs télécoms.
Selon une étude réalisée pour la FFT, le passage de la 4G à la 5G réduit de 90% la consommation énergétique par unité de donnée transportée. Mais la croissance de la consommation énergétique des réseaux est structurelle, directement liée à l’absorption d’un trafic croissant de 35% par an et surtout, directement liée à certaines obligations réglementaires. Les opérateurs ont identifié les obligations réglementaires les plus énergivores et suggèrent au gouvernement d’ouvrir une réflexion sur l’adéquation entre ces obligations et les besoins réels de leurs clients en 2023, à l’aune de l’impératif de sobriété énergétique.
Si les opérateurs s’accordent pour reconnaitre que l’ambition de certaines obligations, bien qu’énergivores, ne devraient pas être révisées, en revanche, le rythme de déploiement de la 5G dans la bande des 3,5 GHz dans les zones les moins denses pourrait être interrogé. Car l’allumage de la 5G en bande 3,5 GHz sur un site existant 2G/3G/4G accroit la consommation électrique du site de 40%.
Là où le trafic se densifie chaque année, là où les réseaux sont congestionnés, le ratio électricité consommée par data est donc favorable au déploiement de la 5G en bande 3,5GHz. En revanche, le faible volume de données transitant aujourd’hui par les cellules des sites implantés dans les zones les moins denses ne permet pas de bénéficier de l’efficacité énergétique des réseaux 5G en bande 3,5 GHz. Par ailleurs, les usages en zone rurale identifiés pour les prochaines années seront pleinement satisfaits par la 4G et la 5G ne pourrait y être déployée que de manière ciblée (zone à forte affluence, entreprises), suggèrent les opérateurs.
Ainsi, la modulation des obligations de déploiement de la 5G sur la bande des 3,5 GHz en zone rurale permettrait d’aboutir à un gain énergétique à court et moyen terme, avant que la 5G ne se justifie même pour les zones rurales, soit entre 2025 et 2028.
Les opérateurs se déclarent sont disponibles pour « travailler à identifier tout aménagement de ces obligations réglementaires dans la poursuite d’une réduction de la consommation électrique des réseaux qui n’obérerait pas la qualité de service qu’ils doivent à leurs clients ».
Enfin, ils souhaiteraient que les diffuseurs de contenus soient contraints de mettre la main à la poche pour financer les réseaux 5G. En effet, concrètement, 52,6% de l’augmentation nette du trafic sur les réseaux mobiles est générée aujourd’hui par 5 acteurs (Facebook, TikTok, Netflix, Google et Amazon). Ainsi, selon EDF, 1h de visionnage d’une vidéo en streaming représente 0,45 KW/h soit 1000 ampoules de 15 W allumées de 2 à 18 minutes. « Le levier d’une contribution financière incitative doit aussi être vu comme une incitation des géants du numérique à plus de sobriété », écrit la fédération. On peut rêver…