
Nexperia s’exprime suite à la décision du gouvernement néerlandais de reprendre la main

Parmi les conséquences de la décision du gouvernement néerlandais de dégainer sa loi sur la disponibilité des biens à l’encontre de Nexperia, filiale du groupe chinois Wingtech Technology, figure la suspension de Zhang Xuezheng de son poste de Pdg.
Depuis l’annonce, lundi, du ministère néerlandais de l’Économie d’invoquer la loi sur la disponibilité des biens (Goods Availability Act) pour prendre le contrôle de Nexperia, l’ancienne division des semiconducteurs standard de NXP basée à Nimègue (Pays-Bas), aujourd’hui propriété du groupe chinois Wingtech Technology, ne s’était pas encore exprimée. C’est désormais chose faite.
Dans un communiqué publié hier, Nexperia indique tout d’abord qu’à l’issue d’une audience d’urgence, la Chambre des entreprises néerlandaise a conclu, le 7 octobre dernier, qu’il existait « des motifs valables de douter de la bonne gestion de Nexperia sous la direction de son Pdg Zhang Xuezheng » et a, en conséquence, « décidé, à titre de mesure immédiate, de suspendre Zhang Xuezheng » qui n’exerce donc plus, à l’heure qu’il est, les fonctions de Pdg de Nexperia.
C’est désormais Stefan Tilger, directeur financier du groupe, qui assure l’intérim en tant que Pdg, tandis qu’Achim Kempe continuera d’être le directeur des opérations (COO) du groupe. Par ailleurs, Ruben Lichtenberg, directeur juridique de Nexperia, officie désormais en tant que directeur statutaire, aux côtés de Guido Dierick, qui a été nommé directeur non exécutif de Nexperia par la Chambre des entreprises.
En outre, la Chambre a décidé que la quasi-totalité des droits de vote sur les actions de Nexperia, détenues indirectement par Wingtech Technology, a été placée sous la gestion d’un administrateur indépendant nommé par la Chambre.

© Nexperia
Nexperia revient ensuite plus en détails sur les raisons qui ont poussé le gouvernement néerlandais à dégainer sa loi sur la disponibilité des biens. « En raison des mêmes graves lacunes de gestion, le ministère néerlandais des Affaires économiques a constaté que les activités de Nexperia en Europe étaient compromises de manière inacceptable. Cette situation a suscité des inquiétudes plus larges au sein du gouvernement néerlandais quant à la disponibilité des semiconducteurs essentiels à l’industrie européenne. La combinaison du comportement de Zhang Xuezheng en tant que Pdg et actionnaire (indirect), ainsi que les inquiétudes concernant la disponibilité des semiconducteurs aux Pays-Bas et en Europe, ont finalement conduit le gouvernement néerlandais à intervenir avec une ordonnance d’urgence exceptionnelle sur la base de la loi sur la disponibilité des biens », explique Nexperia.
Le groupe précise qu’en vertu de cette ordonnance, le gouvernement néerlandais interdit à Nexperia de délocaliser des activités, de licencier des dirigeants et/ou de prendre d’autres décisions sans autorisation expresse du gouvernement néerlandais, et cela pendant une période d’un an. Nexperia explique que cette ordonnance vise à empêcher l’indisponibilité des produits fabriqués par Nexperia – afin de préserver la sécurité économique néerlandaise et européenne – mais également à assurer la poursuite des activités de l’entreprise.
Nexperia pris entre deux feux
Enfin, Nexperia évoque les mesures de contrôle des exportations de puces prises à la fois par les Etats-Unis et la Chine, qui font que l’entreprise est littéralement prise dans un étau.
Nexperia rappelle notamment que, le 29 septembre dernier, le Bureau de l’industrie et de la sécurité des États-Unis (BIS, Bureau of Industry and Security) a publié une règle étendant les restrictions du contrôle des exportations américaines aux entités détenues à au moins 50% par une ou plusieurs entités figurant sur la liste noire des Etats-Unis, ce qui est le cas de Nexperia, filiale à 100% de Wingtech Technology. Nexperia se dit néanmoins « convaincu qu’une solution sera trouvée », compte tenu du délai de grâce de 60 jours accordé par le BIS et des mesures nécessaires prises par le groupe pour assurer la continuité de ses activités.
Nexperia rappelle également que, le 4 octobre dernier, le ministère chinois du Commerce a publié un avis de contrôle des exportations interdisant à Nexperia Chine et à ses sous-traitants d’exporter certains composants et sous-ensembles finis fabriqués en Chine. Là encore, Nexperia œuvre pour améliorer la situation en collaborant activement avec les autorités chinoises pour obtenir une exemption à ces restrictions et en déployant toutes les ressources disponibles à cette fin. « Nexperia est en étroite collaboration avec toutes les autorités gouvernementales nationales et locales compétentes afin d’atténuer l’impact de cette mesure », conclut le groupe.