Processeurs quantiques : Pasqal lève 25 M€, C12 Quantum Electronics 10 M$
Cette semaine, la start-up francilienne Pasqal a annoncé une levée 25 millions d’euros pour accélérer la commercialisation de ses processus quantiques. Le même jour C12 Quantum Electronics, dont l’ambition est de développer un ordinateur quantique, annonçait sa première levée de fonds de 10 millions de dollars.
Créé en 2019, Pasqal construit des processeurs quantiques sur la base de la technologie des atomes neutres ordonnés dans de grandes matrices 2D et 3D avec l’objectif d’apporter un véritable avantage quantique à ses clients, en particulier dans le domaine des simulations et optimisations complexes.
Sa levée de fonds de 25 M€ doit permettre à Pasqal de finaliser ses premiers processeurs quantiques analogiques et digitaux, de renforcer son approche de co-design des applications qui utilisent ces processeurs pour accélérer des calculs complexes, de construire son offre de calcul quantique hybride via le cloud et de s’implanter à l’international.
Pasqal s’appuie sur la tradition d’excellence de la recherche académique française dans le domaine des atomes refroidis par laser et compte déjà 20 ingénieurs et techniciens dans ses effectifs. Les processeurs de Pasqal utilisent des atomes neutres manipulés par laser avec une précision qui permettent de réaliser des calculs à la demande avec un haut degré de connectivité et avec une puissance de calcul inédite, au-delà de 100 qubits et avec l’objectif d’atteindre les 1000 qubits dans les années à venir. La société développe une approche intégrée, du matériel permettant de contrôler les qubits jusqu’au logiciel permettant d’utiliser au mieux les capacités de calcul et de les intégrer dans des environnements de programmation tiers. Le premier ordinateur quantique de Pasqal est d’ores et déjà opérationnel et deux sont en construction. Pasqal a signé des partenariats de co-design d’applications avec les centres de calculs Haute Performance du CINECA en Italie et du GENCI en France ainsi qu’avec des utilisateurs de ses solutions tel que le groupe EDF.
« Nous sommes très heureux que des investisseurs prestigieux nous rejoignent dans cette aventure afin de nous permettre de matérialiser l’avantage du calcul quantique dans des applications industrielles concrètes. Cette levée de fonds est une véritable reconnaissance du talent de l’équipe de Pasqal », déclare Georges-Olivier Reymond, président de Pasqal.
Cette levée de fonds a été menée par son investisseur de référence, le fonds Quantonation et le Fonds Innovation Défense, créé par l’Agence de l’Innovation de Défense et géré par Bpifrance. RunA Capital, Daphni et Eni Next ont aussi participé à ce tour qui inclut également un engagement du fonds de l’European Innovation Council (EIC).
Pasqal a été créé en 2019 par Georges-Olivier Reymond, Christophe Jurczak et le Professeur Alain Aspect, père de la seconde révolution quantique, le Dr. Antoine Browaeys (qui a été récompensé récemment d’une médaille d’argent du CNRS pour la qualité de ses travaux scientifiques) et le Dr. Thierry Lahaye de l’Institut d’Optique et du CNRS. Pasqal est localisé à Palaiseau et Massy au sud de Paris.
10 millions de dollars pour C12 Quantum Electronics
La start-up parisienne C12 Quantum Electronics développe des processeurs quantiques fiables pour accélérer des calculs très complexes, en s’appuyant sur un savoir-faire développé au Laboratoire de Physique de l’Ecole Normale Supérieure de Paris. Elle est co-incubée à Agoranov et à PC’up de l’Institut Pierre-Gilles de Gennes. Elle a annoncé cette semaine sa première levée de fonds de 10 millions de dollars.
Ce financement va permettre à C12 Quantum Electronics de compléter son équipe par des profils technologiques de pointe (physiciens quantiques, ingénieurs micro-ondes, développeurs…) et de mettre en place une chaîne de production pilote de haute technologie (four de croissance de nanotubes de carbone, dispositifs de nano-assemblage, équipement de mesures quantiques…). Grâce à la réalisation de ces premiers jalons, la start-up a pour ambition de développer une offre d’accélérateurs quantiques qui s’intégreront dans des supercalculateurs classiques et de concevoir des processeurs spécifiques à des usages précis (optimisation, chimie quantique).
C12 Quantum Electronics souhaite produire l’ensemble de ses puces quantiques sur le territoire français. La haute valeur ajoutée de ces processeurs et le faible volume de production sont compatibles avec une production locale et la création d’emplois à forte valeur sur le territoire national, assure la start-up qui compte devenir un acteur majeur de la future filière française d’électronique quantique.
C12 Quantum Electronics a été créée en janvier 2020 par Matthieu et Pierre Desjardins, ainsi que trois scientifiques : Takis Kontos, directeur de recherche au CNRS, Matthieu Delbecq et Jérémie Viennot. Les cinq fondateurs ont réussi à rassembler une équipe senior et internationale d’une dizaine de personnes composée des meilleurs spécialistes de l’électronique quantique et du nanotube de carbone pour concevoir ce processeur quantique inédit.
« Grâce à cette levée de fonds, nous allons accélérer le développement de notre technologie unique sur le marché des processeurs quantiques. Notre utilisation du carbone pour améliorer les performances des processeurs permet des applications infinies aussi bien dans l’optimisation des transports, de la logistique ou même de la santé. L’innovation de C12 Quantum Electronics réside dans la sélection d’un matériau extrêmement pur comme le nanotube de carbone afin de réduire toutes les perturbations et les erreurs », ont commenté les deux frères jumeaux, Matthieu et Pierre Desjardins, tous deux polytechniciens.
A C12 Quantum Electronics, un qubit, la brique fonctionnelle fondamentale d’un ordinateur quantique, est conçu à partir d’un nanotube de carbone ultra-pur, suspendu au-dessus d’une puce de silicium, contenant les électrodes de contrôle et le bus de communication quantique. Les nanotubes de carbone utilisés par C12 Quantum Electronics ne sont composés que d’atomes de carbone d’isotope 12. Sans spin nucléaire, ces atomes ne perturbent pas le qubit de spin.
« Aujourd’hui, l’industrie quantique cherche encore le ‘qubit idéal‘ et il existe un large consensus dans la communauté scientifique sur le fait que des percées au niveau du matériau sont nécessaires pour construire un ordinateur quantique semi-conducteur. », ont expliqué Matthieu et Pierre Desjardins. « Les nanotubes de carbone seront au développement du calcul quantique ce que le silicium a été pour le calcul classique, car seuls des progrès continus au niveau des matériaux permettront l’émergence de cette nouvelle industrie », avancent-ils.
C12 Quantum Electronics a levé ses fonds auprès du fonds 360 Capital, de Bpifrance, via son fonds Digital Venture, d’Airbus Ventures, de BNP Paribas Développement ainsi que de business angels comme notamment Octave Klaba (OVHcloud). Un financement de Bpifrance et de la Région Ile-de-France complète cette levée.