Spéculations sur le remplacement de Carlo Bozotti à la tête de ST
Il aura fallu que Marco Patuano démissionne lundi de la présidence de Telecom Italia sur fonds de désaccord avec Vivendi devenu actionnaire de référence de l’opérateur transalpin, pour qu’on lui prête l’intention de remplacer Carlo Bozotti à la tête de STMicroelectronics. C’est du moins la rumeur qui court à Milan, relayée par l’agence italienne d’informations économiques Radiocor.
Rappelons qu’officiellement le départ de Carlo Bozotti n’est pas à l’ordre du jour et que son mandat court jusqu’en 2017. Néanmoins, le dirigeant de ST est contesté du fait du manque de lisibilité de sa stratégie et de mauvais résultats. Les syndicats demandent régulièrement sa démission estimant que la stratégie du groupe est purement financière et manque de vision.
« Au cours des 10 ans de présidence de Mr Carlo Bozotti, STMicroelectronics a chuté du 3e au 11e rang mondial des entreprises du semiconducteur, et s’est enfoncée dans une financiarisation à outrance de sa gestion, sans aucun résultat. Le chiffre d’affaires s’est effondré depuis 2005 de près de 20%, et les bénéfices ont disparu depuis plusieurs années malgré un contexte porteur et des marchés en forte croissance. De 1998 à 2004, ST a gagné 3,95 milliards et distribué 312 M$ de dividendes ; de 2005 à 2014, ST a perdu 3,6 milliards de dollars et a distribué 2,6 milliard de dividendes » dénonçaient en juillet dernier, dans une lettre publique, les élus du CEE.
L’annonce en janvier dernier d’un plan de suppression de 1400 emplois dans le monde, dont environ 430 en France via un plan de départs volontaires, environ 670 en Asie et environ 120 aux Etats-Unis, n’a pas arrangé les choses. Ce plan a été motivé par la décision d’arrêter le développement de nouvelles plateformes et de produits standard pour les décodeurs et les passerelles domestiques. Ces activités se sont effondrées de 36,9% en 2015, à 209 M$, pour une perte d’exploitation de 250 M$.
Globalement, STMicroelectronics a réalisé en 2015 un chiffre d’affaires de 6,90 milliards de dollars, en baisse de 6,8% par rapport à 2014. Le résultat d’exploitation publié recule à 109 millions de dollars en 2015, à comparer à 168 millions de dollars en 2014, essentiellement du fait d’une baisse du chiffre d’affaires. Le résultat net publié au titre de l’exercice 2015 s’élève à 104 millions de dollars, contre un résultat net de 128 millions de dollars en 2014.
Reste également à savoir si l’Etas français, actionnaire du groupe, est disposé à voir une nouvelle fois la direction de l’entreprise franco-italienne échapper à un compatriote.
