4 mois pour réussir la réforme des pôles de compétitivité
Vendredi, Emmanuel Macron, ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique, a dressé la feuille de route et l’esprit de la réforme de la politique des pôles de compétitivité qui fêtent leurs dix ans d’existence. Annoncée début janvier, cette démarche va se poursuive par l’évaluation individuelle des 71 pôles de compétitivité qui s’achèvera fin mai, avant des prises de décision en juin. «A l’heure du bilan, il faut évoluer », a lancé le ministre qui réfute pour autant l’idée de délabelliser, préférant parler de réorganisation.
Les premiers pôles de compétitivité ont été créés à l’occasion de deux réunions interministérielles qui se sont tenues en septembre 2004 et juillet 2005. Au total, en 10 ans, ce sont 1600 projets collaboratifs de recherche, portés par les pôles de compétitivité, qui ont bénéficié du soutien financier de l’Etat via le Fonds unique interministériel. Ces projets représentent un montant total de dépenses de recherche et développement de près de 6,8 milliards d’euros, cofinancés par l’Etat à hauteur de 24%, par les collectivités à hauteur de 16% et par les entreprises pour les 60% restants. Depuis 2010, les PME représentent en moyenne 40% des partenaires participant à des projets sélectionnés dans le cadre du FUI. En plus des projets ayant bénéficié du FUI, 4000 projets labellisés par les pôles de compétitivité ont aussi bénéficié d’autres soutiens qu’il soit régional, national ou européen.
« Les objectifs de la politique de la Nouvelle France Industrielle, notamment l’industrie du futur, et les 9 solutions que nous avons mises en avant, doivent se mettre en cohérence avec la dynamique d’animation sur le territoire, sinon on pilote des choses impilotables. 71 pôles d’un côté, 9 solutions industrielles, l’Alliance pour l’industrie du futur, il faut que tout ça soit beaucoup plus cohérent pour être plus efficace », a argumenté Emmanuel Macron, qui a rappelé les principes et la méthode de la réforme de la politique des pôles de compétitivité annoncée le 4 janvier dernier.
L’évaluation des pôles associera l’ensemble des acteurs : les entreprises, les universités, les collectivités, l’Etat. Deux séries d’évaluation seront conduites. Tout d’abord, l’évaluation individuelle des pôles de compétitivité, qui a commencé mi-février, se terminera fin mai. Elle est faite par un consortium, Ernst & Young, Erdyn et Technopolis, et ne conduira pas à des délabellisations. « Il ne s’agit pas de démobiliser des écosystèmes, certains marchent mieux que d’autres, on en tirera les conséquences ; on ne va pas délabelliser. On va réorganiser, c’est différent », a (r)assuré le ministre.
En même temps, il y aura une évaluation économique conduite par France Stratégie sur la politique des pôles qui apportera une vision macroéconomique utile à cette réflexion, afin que la réforme puisse aboutir en juin prochain. «Ce qui donne 4 mois pour discuter, puis décider. Et il faut que fin juin 2016 on puisse tirer toutes les conséquences de ces analyses, des retours d’expérience et de ce que nous en auront conclu. Le contenu même de la réforme sera guidé par 3 principes : la consolidation, la lisibilité et la proximité », a martelé Emmanuel Macron.
Consolidation, lisibilité et proximité
La politique des pôles de compétitivité doit être consolidée et réaffirmée comme une politique stratégique nationale. Pour Emmanuel Macron, « le rôle de l’Etat c’est d’encourager les projets de haut niveau, c’est la mission du Fonds unique interministériel, c’est l’outil d’investissement stratégique de l’Etat dans les projets des pôles et il doit demeurer, mais les procédures doivent être plus proches du terrain, davantage déconcentrées, plus en dynamique ».
Le ministre reconnaît qu’il y a un manque de lisibilité quand on a 71 pôles. « Pour mieux tirer profit des politiques nationales, en particulier de la Nouvelle France Industrielle, il faudra pour cela identifier les thématiques principales de chacun des pôles et favoriser le rapprochement autour des 9 solutions », a-t-il déclaré.
Enfin, la proximité. La politique des pôles doit articuler le développement régional avec les priorités nationales. L’organisation des pôles de compétitivité devra donc s’adapter aux nouvelles compétences des régions en matière de développement économique pour leur permettre de mieux s’impliquer dans cette action en matière d’animation et de gouvernance. Le processus de sélection du FUI devra ainsi évoluer pour gagner en réactivité, associant davantage les acteurs de l’Etat dans les territoires par un échange accru entre le gouvernement et les exécutifs régionaux.
Document « 10 ans de pôles de compétitivité »