Altice-SFR veut fibrer la France sans argent public
A la mi-juillet, Altice-SFR a annoncé sa décision de fibrer sans argent public l’ensemble du territoire français, permettant d’atteindre l’objectif des pouvoirs publics de donner accès au très haut débit dans toute la France. Les concurrents se montrent au mieux sceptiques.
La contribution d’Altice-SFR au programme de déploiement de l’Etat se concrétise par la création d’Altice Infrastructures, société dédiée au déploiement de la fibre, et par deux engagements d’Altice : 80% du territoire fibré d’ici 2022 et 100% d’ici 2025.
Concrètement, la création de la société de déploiement Altice Infrastructures permettra de déployer la fibre sur tout le territoire. Les travaux commenceront en septembre 2017 et les premiers foyers seront raccordés en fibre à l’automne 2017. Cette société, entièrement financée, aura la charge de déployer ce réseau qui sera ouvert à tous les autres opérateurs qui le souhaiteront aux conditions prévues.
Fort de son expérience internationale avec des déploiements similaires au Portugal (100% du territoire) et aux Etats-Unis dans les 21 Etats où le groupe est présent, Altice a développé une approche unique de maîtrise des coûts et a mis en place une véritable usine de production de déploiement de bout en bout. Altice a, par ailleurs, sécurisé son approvisionnement en fibre et ses capacités de déploiement avec l’intégration d’un partenaire technique il y a quelques mois, Altice Technical Services.
Altice-SFR rappelle son engagement depuis 2015 dans le financement du Très Haut Débit en France, avec plus de deux milliards d’euros investis chaque année dans le déploiement du Très Haut Débit fixe et mobile. Altice-SFR revendique aujourd’hui près de 10 millions de prises fibre et une large couverture du territoire en 4G. Altice fera en outre des propositions complémentaires pour la couverture mobile au-delà de son engagement actuel de 90% de couverture de la population en 2017 et 99 % d’ici fin 2018.
Au gouvernement, Julien Denormandie, Secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Cohésion des territoires, attend de voir : « La bonne nouvelle, c’est que SFR confirme son souhait d’investir plus massivement dans le déploiement du très haut débit. Nous avons engagé une discussion avec SFR pour bien comprendre leur proposition. J’ajoute que dans tout système, lorsque l’on veut avancer plus vite, le « big bang », renverser la table, n’est pas forcément la meilleure des solutions », a-t-il déclaré aux Echos. Orange juge pour sa part, la proposition peu réaliste. Elle bouleverse en tout cas les règles du Plan très haut débit qui repose sur la complémentarité des investissements publics et privés et sur un soutien financier de l’Etat, de plus de 3 milliards d’euros, aux projets de réseaux portés par les collectivités territoriales.
Lancé au printemps 2013, le Plan France Très Haut débit vise à couvrir l’intégralité du territoire en dix ans, c’est-à-dire proposer un accès à Internet performant à l’ensemble des logements, des entreprises et des administrations. Pour atteindre cet objectif, le Plan mobilise un investissement de 20 milliards d’euros en dix ans, partagé entre les opérateurs privés, les collectivités territoriales et l’Etat.