L’Europe veut se doter d’un système de connectivité spatiale sécurisée de 6 milliards d’euros
La Commission européenne a présenté mardi un projet de système de télécommunications spatiales sécurisées dont le coût total est estimé à 6 milliards d’euros. Ce système devra garantir un accès ininterrompu sur le long terme à des services de télécommunications par satellite sécurisés d’un bon rapport-coût efficacité.
Il contribuera ainsi à la protection des infrastructures critiques, à la surveillance, aux actions extérieures, à la gestion des crises et aux applications qui sont essentielles pour l’économie, la sécurité et la défense des États membres.
Le projet prévoit également la fourniture, par le secteur privé, de services commerciaux propres à permettre aux citoyens et aux entreprises d’Europe d’accéder à des connexions modernes, fiables et rapides même dans les «zones mortes» en matière de communication. Il s’agit là d’un des objectifs pour 2030 de la décennie numérique proposée. Le système offrira en outre une connectivité dans des zones géographiques d’intérêt stratégique, comme l’Afrique et l’Arctique, conformément à la stratégie Global Gateway de l’Union.
Les besoins des utilisateurs gouvernementaux changent rapidement, et il en va de même pour les solutions de télécommunications par satellite. Le système de l’Union pour des télécommunications spatiales sécurisées vise à répondre à ces besoins croissants et en évolution. Il tiendra aussi compte des dernières technologies de communication quantique pour un cryptage sécurisé. Il se fondera sur le développement de technologies innovantes et de rupture ainsi que sur l’exploitation de l’écosystème du nouvel espace.
Le coût total est estimé à 6 milliards d’euros. La contribution de l’Union au programme entre 2022 et 2027 s’élève à 2,4 milliards d’euros à prix courants. Le financement proviendra de différentes sources du secteur public (budget de l’Union, États membres, contributions de l’Agence spatiale européenne) et d’investissements du secteur privé.
Cette initiative vise à rehausser la compétitivité de l’écosystème spatial de l’Union européenne : en effet, le développement de cette nouvelle infrastructure apporterait une valeur ajoutée brute comprise entre 17 et 24 milliards d’euros, et créerait des emplois dans l’industrie spatiale de l’Union. De plus, des retombées économiques positives se feront sentir dans les secteurs en aval qui emploient les services innovants de connectivité. On ferait également bénéficier la population des avantages technologiques, de la fiabilité et des performances opérationnelles de ces services de télécommunications par satellite, en assurant des connexions internet à très haut débit dans l’ensemble de l’Union, promet la Commission.
« L’espace joue un rôle grandissant dans notre vie de tous les jours, notre croissance économique, notre sécurité et notre poids géopolitique. Notre nouvelle infrastructure de connectivité fournira un accès à l’Internet à très haut débit, servira de solution de remplacement de notre infrastructure internet actuelle, améliorera notre résilience et notre cybersécurité, et fournira une connectivité à toute l’Europe et l’Afrique. Il s’agira d’un projet véritablement paneuropéen, qui permettra à nos nombreuses start-up et à l’Europe dans son ensemble d’être à la pointe de l’innovation technologique », a commenté Thierry Breton, commissaire au marché intérieur.
Pour Thierry Breton, ce projet répond à quatre objectifs :
Premièrement, la connectivité. « Aujourd’hui, seuls 56% des ménages de l’UE ont un accès à haut débit et il existe encore trop de zones mortes. Nous avons donc pour but de fournir un accès à internet très haut débit partout sur le continent en mettant fin aux zone blanches ».
Deuxièmement, la résilience. « Les confinements des deux dernières années ont montré les limites de nos réseaux terrestres, avec un risque important de saturation ou d’attaques cyber. Il s’agit donc d’assurer un « plan B » pour que l’Europe reste connectée quoi qu’il arrive. Nous devons nous assurer d’une redondance satellitaire ».
Troisièmement, la sécurité. « Nous voulons construire une infrastructure ultra sécurisée avec cryptage quantique. Nous devons projeter l’Europe dans l’ère du cryptage quantique ; c’est la souveraineté technologique de demain. Nous allons accélérer la maitrise de ces technologies ».
Enfin, c’est un projet géostratégique. « Nous pourrons fournir de la connectivité à toute l’Afrique. C’est un formidable accélérateur de développement économique pour ce continent. C’est une chance pour l’Europe, une chance pour l’Afrique, et une chance pour les liens Europe/Afrique ».
Fiche d’information sur la connectivité sécurisée