Fermeture du réseau cuivre : l’Arcep s’inquiète du ralentissement du déploiement du réseau fibre
Le 22 novembre, clôturant le TRIP d’automne de l’Avicca, Laure de La Raudière, présidente de l’Arcep, a mis en garde contre le ralentissement constaté au cours des derniers mois pour le déploiement du réseau fibre, préalable incontournable à l’extinction du réseau cuivre.
« Je tiens à rappeler ici que le déploiement préalable et complet d’un réseau FttH est un des critères principaux posés par le cadre de l’Arcep depuis décembre 2020 pour la fermeture du réseau cuivre. Le rendez-vous prévu par Orange début 2026 pour acter la fermeture commerciale nationale de son réseau cuivre suppose donc, que la trajectoire des déploiements soit cohérente avec cette échéance », a rappelé la présidente de l’autorité de régulation des télécoms dans son discours de clôture de la manifestation.
En effet, la fermeture du réseau en cuivre suppose le déploiement préalable d’un réseau FttH complet. Or, nous constatons depuis quelques mois que le rythme ralentit dans certaines zones. Fin juin 2022, 75% des locaux étaient raccordables en fibre contre 58% fin 2020. A la fin du 2e trimestre 2022, la fibre devient majoritaire parmi les abonnements HD-THD. Et au global, le rythme des déploiements en fibre optique se maintient à un niveau élevé. Cependant, force est de constater que nous observons une baisse depuis quelques mois de l’ordre de 20% au 2e trimestre 2022, par rapport à la même période de 2021, s’inquiète l’Arcep.
Par ailleurs, l’Arcep constate que ce sont les réseaux d’intérêt public (RIP) qui prennent le relai des zones privées. La production de lignes FttH dans les RIP a fortement accéléré au cours des derniers trimestres, au point de dépasser maintenant assez largement celle des opérateurs en zone d’initiative privée. Au cours du deuxième trimestre 2022, 800 000 locaux dans les zones moins denses d’initiative publique ont été rendus éligibles, soit près de deux tiers de l’ensemble des déploiements.
L’Arcep a également noté, sur les derniers trimestres, une accélération des déploiements en zone AMEL (appel à manifestation d’engagements locaux), mais une baisse importante, voire inquiétante, du rythme de déploiement en zone AMII (appel à manifestation d’intention d’investissement) et en zone très dense. A ce rythme, il faudra encore plusieurs années pour atteindre une couverture complète de ces zones.
« On ne peut pas vouloir fermer le réseau cuivre et arrêter les déploiements de la fibre en zone AMII ou zone très dense. Le régulateur ne laissera pas faire cela », a averti Laure de La Raudière.
Le deuxième enjeu pour permettre la substitution du réseau cuivre par le FttH est l’existence d’un réseau FttH bien construit et bien exploité sur lequel l’utilisateur peut compter.
« Ce sujet n’est pas encore réglé, et ne le sera à mes yeux, que lorsque l’on verra des améliorations concrètes des pratiques des techniciens d’intervention plus conformes aux règles de l’art. Ce que nous avons constaté à partir de l’analyse des indicateurs recueillis depuis plusieurs mois, c’est qu’une petite partie des réseaux (couvrant environ 2% des lignes) présente des taux d’incidents beaucoup, beaucoup plus élevés que la moyenne », déplore la présidente de l’Arcep.
Rappelons que le remplacement du réseau de boucle locale en cuivre par la fibre se justifie pour deux raisons : d’un point de vue économique, il n’est pas possible de conserver et de maintenir deux réseaux après les investissements consentis dans le plan Très Haut Débit ; par ailleurs, un abonné sur le réseau fibre consomme trois à quatre fois moins d’énergie qu’un abonné sur le réseau cuivre.