Le baromètre de l’électronique d’Acsiel fait état d’un essoufflement du marché français
Acsiel Alliance Électronique vient de publier son baromètre de l’électronique française pour le 3è trimestre 2023. Rappelons que depuis 2017, ce baromètre agrège les ventes trimestrielles de la filière électronique en France au travers de deux indices : un premier lié aux ventes de composants électroniques (semiconducteurs, passifs, circuits imprimés, connectique) et de consommables (crèmes à braser, flux, accessoires), et un second se référant aux ventes d’équipements de test et de mesure électroniques et d’équipements de production de cartes électroniques.
L’indice composants et consommables d’Acsiel fait état d’une baisse perceptible depuis deux trimestres, alors que les prises de commande sont en baisse. En glissement annuel, le niveau de l’indice reste orienté à la hausse au troisième trimestre (+4%) mais cette croissance a très nettement ralenti. L’indice reste toutefois largement au-dessus de son niveau d’avant la crise du Covid, principalement grâce aux semiconducteurs.
Le ralentissement actuel montre que l’amplitude de la reprise d’après-Covid n’était pas uniquement due à une hausse de la demande mais également à une reconstitution des stocks sur l’ensemble de la supply chain, souligne Acsiel, qui précise que, dans le même temps, les très importants investissements réalisés par les fabricants ont permis une augmentation de la production et une réduction appréciable des délais de livraison.
Mais les corrections de stocks, l’inflation, la hausse des taux d’intérêt et les tensions géopolitiques croissantes sont des facteurs négatifs pour l’ensemble de l’industrie électronique et tendent à dégrader la confiance des acteurs sur le court terme.
Si, dans l’automobile, le niveau du portefeuille de commandes des constructeurs était très élevé du fait de la forte croissance de la demande, combinée aux retards de livraison dus à la pénurie, Acsiel met en garde sur le fait que la « pervasion » de l’électronique, couplée à la croissance rapide du véhicule électrique, ne permet pas de compenser indéfiniment la baisse d’autres marchés dans un environnement dégradé et avec une concurrence exacerbée.
Par ailleurs, l’organisation professionnelle note que le segment industriel, qui a jusque-là bénéficié de sa fragmentation et d’une certaine inertie, commence à s’essouffler. L’inflation et la hausse des taux d’intérêts ont largement réduit la demande de certains marchés dont la domotique. En revanche, pour les marchés de l’aéronautique, de l’aérospatial et de la défense, les signaux restent au vert, selon Acsiel.
Du côté des équipements de test et mesure et des machines de production, l’indice a enregistré une forte baisse tant séquentielle (-15%) que sur un an (-23%), au 3è trimestre.
En moyenne glissante sur un an, la composante « test et mesure » de l’indice, qui constitue un indicateur pertinent de l’investissement dans l’électronique en France, s’est retournée au troisième trimestre après une croissance historique due à de forts investissements dans la période post-Covid. Cette croissance ne pouvait continuer sur un tel rythme et prend une « respiration », mais des facteurs propres au marché ont aussi contribué au ralentissement, constate Acsiel. En particulier dans le secteur des télécoms. Alors que le déploiement de la fibre optique est quasiment achevé, la 5G qui reste une technologie prometteuse, n’a pas encore pris son essor. En revanche, les investissements sont conséquents dans l’aérospatial, la défense et l’automobile (principalement dû à l’électrification), avec de surcroît la présence en France d’acteurs de taille mondiale.
Pour les machines de production destinées notamment à la sous-traitance électronique, Acsiel constate une baisse des commandes et des facturations depuis le deuxième trimestre, baisse qui fait suite à une année de forts investissements en équipements de production. Le manque de visibilité dans les grands projets structurants freine les investissements, selon Acsiel, qui envisage “raisonnablement” une reprise, à condition, toutefois, que les grands projets nationaux et européens entrent en action (automobile, espace, défense, énergies). Mais le syndicat professionnel déplore une pénurie de main d’œuvre qualifiée qui est devenue une préoccupation majeure de la profession car elle va dans certains cas jusqu’à compromettre la production. Cela rappelle l’immense besoin de formation pour satisfaire les objectifs ambitieux de réindustrialisation affichés par les pouvoirs publics, conclut Acsiel.