L’Inde, nouvel eldorado pour la production de semiconducteurs ?
Après avoir validé le projet de Micron en juin 2023, le gouvernement indien vient d’approuver la construction de trois nouveaux sites industriels dédiés aux semiconducteurs, dont la première fonderie du pays. Ces trois sites nécessiteront un investissement de 15,2 Md$.
Le premier ministre indien, Shri Narendra Modi, a approuvé la mise en place de trois projets d’usines dédiées aux semiconducteurs dans le cadre de l’India Semiconductor Mission, avec effet quasi immédiat puisque la construction des trois unités de production va débuter « dans les 100 prochains jours », comme le précise un communiqué du gouvernement indien.
Cette décision s’inscrit dans le “Programme for Development of Semiconductors and Display Manufacturing Ecosystem in India” qui avait été lancé par le gouvernement en décembre 2021 avec un budget alloué de 760 milliards de roupies indiennes, soit un peu plus de 9 milliards de dollars. En juin 2023, le gouvernement indien avait déjà approuvé la proposition de Micron de créer une usine de semiconducteurs à Sanand, dans l’État du Gujarat, dont « la construction progresse à un rythme rapide » et autour de laquelle « émerge un écosystème de semiconducteurs robuste ».
Le plus important des trois nouveaux projets concerne une usine de semiconducteurs, qui sera la première fonderie du pays. Le projet sera mené par Tata Electronics, avec le Taïwanais PSMC (Powerchip Semiconductor Manufacturing Corp.) en tant que partenaire technologique. L’usine sera implantée à Dholera, dans l’État du Gujarat, à l’Ouest du pays, et nécessitera un investissement de 910 milliards de roupies indiennes (environ 11 Md$). Elle exploitera un procédé 28 nm, disposera d’une capacité initiale de 50 000 wafers par mois et adressera principalement les marchés de la gestion de l’énergie dans les véhicules électriques, des télécoms, de la défense, de l’automobile, de l’électronique grand public, de l’affichage et de l’électronique de puissance.
Le second projet sera mené par Tata Semiconductor Assembly and Test (TSAT) et concernera une usine d’encapsulation et de test de puces (technologies flip-chip et integrated system in package) qui sortira de terre à Morigaon, dans l’Etat d’Assam, côté Est du pays, et nécessitera un investissement de 270 milliards de roupies indiennes (3,25 Md$). Sa capacité de production sera de 48 millions de puces par jour dédiées à l’automobile, notamment aux véhicules électriques, à l’électronique grand public, aux télécoms et à la téléphonie mobile.
Enfin, le troisième projet concerne une unité de semiconducteurs à Sanand, dans l’Etat du Gujarat. L’indien CG Power mènera la danse avec le Japonais Renesas et le Thaïlandais Stars Microelectronics comme partenaires technologiques. L’unité de semiconducteurs de puissance CG couvrira les applications grand public, industrielles, automobiles et énergétiques, à raison de 15 millions de puces par jour. Le financement de cette unité atteint 76 milliards de roupies indiennes (917 M$).
L’investissement cumulé pour ces trois nouveaux projets sera ainsi d’environ 15,2 Md$.
Le gouvernement indien se félicite que, « en très peu de temps, l’India Semiconductor Mission a remporté quatre grands succès qui vont permettre à tout un écosystème de semiconducteurs de s’implanter en Inde, en plus des capacités approfondies que le pays possède déjà en matière de conception de puces ». Ces usines devraient générer 20000 emplois directs et environ 60 000 emplois indirects, selon le gouvernement indien, qui s’attend à ce qu’elles accélèrent la création d’emplois dans les secteurs de l’automobile, de la fabrication électronique, des télécoms, de la fabrication industrielle, entre autres.