La France, lanterne rouge de l’automatisation en Europe, selon une étude
Une étude réalisée par OnePoll, pour le compte de reichelt elektronik, pointe le retard de la France par rapport à ses voisins allemands, italiens et néerlandais en matière d’automatisation de son industrie. Mais 58% des entreprises françaises espèrent entièrement automatiser leur production dans les cinq ans à venir.
A la demande de reichelt elektronik, distributeur en ligne de solutions électroniques et informatiques en Europe, l’institut indépendant OnePoll a mené une enquête sur l’état de l’automatisation de l’industrie sur notre continent en sondant des décideurs technologiques de l’industrie manufacturière, notamment des secteurs de l’aérospatiale, de la chimie/plasturgie, de l’automobile, du textile, des composants matériels, de la production/fabrication, des composants électroniques, du transport, de l’énergie et de la mécanique. En tout, 1250 répondants ont participé à cette enquête : 250 Français, 250 Italiens, 250 Néerlandais et 500 Allemands. Notons que l’étude ne prend pas en compte les entreprises situées en Grande-Bretagne.
Selon cette enquête, la France se situe derrière ses voisins européens en matière d’automatisation de son industrie, l’étude qualifiant même l’Hexagone de « vilain petit canard européen » en la matière. La France arrive ainsi en queue de peloton avec seulement 37% de son industrie automatisée, tandis que l’Allemagne arrive sans surprise en tête avec 43%.
Si 58% des entreprises françaises espèrent entièrement automatiser leur production d’ici cinq ans, comme 62% des Allemands, 60% des Néerlandais, 58% des Italiens, l’étude pointe « un retard à combler parfois immense » pour la France, d’autant que certaines entreprises ne voient pas l’intérêt de technologies telles que la cobotique, basée sur la coopération entre humains et robots (c’est le cas pour 36% d’entre elles).
De toutes les technologies d’automatisation explorées (robotique, cobots, IoT, cloud computing, big data, etc.), la France n’est leader dans aucune et s’avère même assez régulièrement lanterne rouge, si l’on en croit l’étude, en particulier dans l’IoT où seules 32% des entreprises françaises l’utilisent comme technologie d’automatisation (contre 48% pour les Pays-Bas). C’est aussi le cas pour le cloud computing, adopté par 30% des entreprises en France contre 48% aux Pays-Bas, ou encore l’analyse de big data (32% en France contre 41% aux Pays-bas).
Selon l’étude, ce retard s’explique en partie parce que, par rapport à leurs voisins, les dirigeants des entreprises françaises jugent le retour sur investissement de ces technologies insuffisant. Ainsi, seules 38% de ces sociétés ont observé une réduction des coûts de production grâce à l’automatisation, contre 54% des entreprises allemandes. De même, seules 34% des entreprises françaises ont constaté une amélioration de la qualité de leur production, contre 47% pour les entreprises d’outre-Rhin. L’enquête note toutefois que cet écart se réduit sur la constatation d’une diminution du temps d’arrêt des machines où France et Allemagne partagent peu ou prou le même taux de bienfait perçu (21% et 22%, respectivement).
L’étude constate également que les pays sondés ont des attentes disparates quant à leurs besoins en matière de robotisation. Ainsi, l’Italie priorise l’usage des robots pour les tâches répétitives et uniformes (c’est le cas de 61% des entreprises italiennes), tout comme la France mais à un degré moindre (seulement 44%). Du côté néerlandais et allemand, la robotique est surtout utilisée pour soulager les opérateurs des tâches éprouvantes physiquement (c’est le cas pour 54% des entreprises de ces deux pays).
Parmi les applications ciblées, près de la moitié (47%) des répondants allemands utilisent les robots pour l’assemblage, contre moins d’un tiers en France (30%). Les Néerlandais, pour leur part, privilégient l’usage des robots dans l’emballage à 43% (26% en France). Pour l’Italie, c’est la découpe qui arrive en tête des usages avec 43% (32% en France).
Résoudre la pénurie de travailleurs qualifiés en Europe
Pourtant, les bienfaits de l’automatisation sont unanimement reconnus auprès des entreprises européennes, notamment parce qu’elle permet une réduction sur les coûts en ressources humaines (c’est ce que pensent 64% des entreprises françaises et 72% des entreprises allemandes). Plus d’un quart des entreprises italiennes y trouvent également un intérêt pour réduire le coût des matériaux et des matières premières. Les entreprises françaises estiment également que l’automatisation est un moteur d’économie sur les coûts d’équipements (46%), administratifs (35%) et logistiques (44%).
L’automatisation est aussi perçue comme un moyen de résoudre la pénurie de main-d’œuvre dans les pays sondés par l’étude, en particulier l’IA considérée comme une solution pour s’affranchir de la pénurie de travailleurs qualifiés pour presque la moitié des entreprises françaises (47%) et 60% des répondants allemands.
C’est d’autant plus marqué que les répondants sont unanimes sur l’importance de l’automatisation pour rester compétitifs à l’international : c’est une évidence pour 62% des entreprises françaises et 72% des entreprises allemandes, toujours selon l’étude.
Mais les entreprises européennes voient des freins à l’adoption massive de l’automatisation. Plus d’un tiers des Néerlandais interrogés regrettent un budget insuffisant et/ou des solutions trop chères, un diagnostic partagé dans une moindre mesure par la France (30%) et l’Italie (32%). Parallèlement, 20 % des entreprises françaises signalent un manque d’infrastructures numériques adéquates, tandis que 31% des entreprises néerlandaises et 32% des allemandes alertent sur la difficulté de prendre les bonnes décisions pour investir.
Globalement, pour l’industrie européenne, les raisons d’investir dans l’automatisation sont nombreuses et les motivations importantes. La possibilité d’accéder à de nouveaux marchés grâce à des produits et des services innovants ou améliorés est la motivation qui réunit 35% des entreprises françaises, 36% des italiennes et 39% des allemandes, à l’exception des néerlandaises qui voient plutôt dans l’automatisation une opportunité pour améliorer la durabilité de leur production industrielle.