Alstom fait la démonstration d’un train autonome, avec reprise de contrôle à distance
Dans le cadre du projet ARTE (Autonomous Regional Train Evolution), l’équipementier français a fait le test d’un train 100% autonome, capable de rouler sur un réseau ferroviaire existant, et d’un système de contrôle à distance du train via une simple tablette.
En marge de la 14è édition d’Innotrans, le salon mondial des technologies du transport et de la mobilité, qui se déroule cette semaine à Berlin, Alstom a convié la presse internationale à Salzgitter, en Basse-Saxe, pour assister à une démonstration de train autonome dans le cadre du projet ARTE (Autonomous Regional Train Evolution).
Une délégation de journalistes a ainsi pu parcourir quelques kilomètres à bord d’un train en mode autonome, donc sans l’intervention d’un conducteur, et aussi assister au téléguidage de ce train à l’aide d’une simple tablette. La commande à distance des trains ou RTO (Remote Train Operation) est une solution de secours qui permet de reprendre le contrôle manuel d’un train autonome à distance en cas de problème.
© Alstom
ARTE est un projet de recherche conjoint d’Alstom, du Centre aérospatial allemand DLR (Deutsches Zentrum für Luft- und Raumfahrt) et du département « Exploitation et infrastructure ferroviaires » de l’Université technique de Berlin. Ce projet a reçu le soutien financier du ministère fédéral de l’Économie et de l’action climatique allemand et du ministère de l’Économie, des transports, de la construction et de la numérisation de Basse-Saxe. L’opérateur LNVG (Landesnahverkehrsgesellschaft Niedersachsen) a fourni deux trains régionaux pour les essais.
Le projet vise à faire progresser la numérisation du réseau ferroviaire allemand en mettant en œuvre une exploitation automatisée des trains (ATO, Automatic Train Operation) par le biais du système européen de contrôle des trains ETCS (European Train Control System), cela sans qu’il soit nécessaire d’ajouter des équipements en bordure de voie. Cette initiative possède la particularité de se concentrer sur la mise en œuvre d’une conduite automatisée des trains sur un réseau ferroviaire existant, sans le modifier, mais en adaptant le matériel roulant, afin d’assurer une transition en douceur vers des trains autonomes.
« Alors que les discussions portent souvent sur les voitures autonomes, le potentiel du transport ferroviaire sans conducteur est tout aussi révolutionnaire, dans un paysage des transports en constante évolution, affirme Florian Kittelmann, directeur de la mobilité autonome chez Alstom. Cela d’autant que les trains autonomes deviennent de plus en plus viables grâce aux progrès de l’IA, de la technologie des capteurs et de la connectivité. »
Pour cette démonstration, la rame qui a servi de test et qui a déjà plusieurs années de service, a été équipée de caméras et de lidars pour la détection des obstacles et, en lieu et place d’un équipement ETCS au sol, d’un système de reconnaissance d’images approprié capable de lire et d’interpréter les signaux ferroviaires présents au bord de la voie.
« Nous avons délibérément choisi un train régional qui a déjà quelques années d’existence et nous lui avons appliqué une technologie de pointe. Cela nous permet de démontrer notre capacité à faire passer n’importe quel train d’un fonctionnement manuel à un fonctionnement automatisé », assure Florian Kittelmann.
Au-delà de la conduite sans conducteur, la démonstration a surtout mis en exergue le système de téléguidage des trains qui permet aux opérateurs de reprendre le contrôle d’un train à distance en cas de problème, par exemple pou le mener en toute sécurité jusqu’à la prochaine gare, à l’aide d’une simple tablette reliée au système ETCS. Ainsi, les opérateurs auront en permanence un œil sur la voie grâce à la transmission en direct des images captées par les caméras situées à l’avant du train, offrant au téléconducteur le même type de visibilité qu’à un conducteur qui se trouverait dans la cabine du train.
Ce dispositif pourrait faire changer la réglementation européenne qui, pour l’heure, interdit la circulation des trains autonomes. Les objectifs de l’Université technique de Berlin dans le projet ARTE sont d’ailleurs de développer et de tester une télécommande mobile, simple et flexible, et de s’assurer que les exigences de sécurité sont respectées afin de pouvoir obtenir l’approbation des organismes d’évaluation le moment venu.
