Intel négocie le rachat d’Altera pour plus de 10 milliards de dollars
Intel serait en négociations avancées pour racheter son compatriote Altera dans une transaction de plus de 10 milliards de dollars, a déclaré vendredi au Wall Street Journal une source proche du dossier. Intel, dont Altera est déjà son premier client pour ses services de fonderie, ne commente pas. L’opération séduit la Bourse.
Intel va-t-il franchi le Rubicond, réalisant ainsi sa plus grosse acquisition depuis celle de McAfee, un éditeur de logiciels de sécurité, pour 7,7 milliards de dollars en 2011 ?
L’opération en tout cas fait sens. Le marché des PC continue de s’effriter, conduisant le numéro un mondial à amputer ses prévisions de ventes de 1 milliard de dollars pour le premier trimestre (voir notre article). Pour sa part, le cabinet d’études IDC durcit sa prévision de baisse du marché des PC pour 2015, avançant désormais un recul de 4,9%, contre une estimation précédente de -3,3%. Intel tarde également à s’imposer dans les mobiles et l’IoT sort à peine des limbes. Reste les serveurs et les centres de données, applications où Intel règne en maître, mais où la puissance de calcul des circuits programmables d’Altera pourrait l’épauler pour tenir à distance les velléités de ses concurrents qui développent des puces à cœur ARM.
La flexibilité et la puissance des FPGA d’Altera, allié à l’expertise inégalée d’Intel en matière de technologies de fabrication, pourrait aisément repousser les limites actuelles des composants programmables et permettre à Intel d’adresser de nouveaux marchés.
Intel avait dévoilé être devenu le partenaire de fonderie d’Altera pour ses circuits les plus avancés en février 2013. Un an plus tard en mars 2014, Altera et Intel annonçaient leur collaboration au développement de composants multi-puces, associant la technologie de logique programmable d’Altera à l’expertise d’Intel dans l’assemblage et le packaging avancé. Les deux compères souhaitaient développer des composants multi-puces intégrant, dans un même boîtier, des FPGA 14 nm Stratix 10 et des systèmes sur une puce (SoC) avec d’autres types de composants (Dram, Sram, Asic, processeurs et composants analogiques). Ces composants visent les applications haute performance –en termes de taille mémoire et dissipation thermique- pour les marchés des communications, de l’informatique haute performance, du broadcast et de la défense.
Altera a clos son exercice fiscal 2014 sur un chiffre d’affaires annuel de 1,932 milliard de dollars, en progression de 12% par rapport à 2013. Son bénéfice net annuel a progressé de 7,4%, à 472,7M$. Selon MarketsandMarkets, le marché mondial des FPGA, dont Xilinx est le numéro un mondial, devrait atteindre 8,5 milliards de dollars en 2020, soit une progression annuelle moyenne de 8,1%.
De leur côté, les investisseurs ont salué la rumeur, faisant progresser vendredi à la fois le cours de Bourse d’Altera et d’Intel. La capitalisation boursière d’Altera a ainsi gagné 3 milliards à 13,4 milliards de dollars. Une somme qui ne devrait effrayer Intel.
Le temps semble venu des méga-acquisitions en semiconducteurs. Déjà, début mars, NXP annonçait un accord pour acquérir Freescale dans une transaction de 11,8 milliards de dollars dont 9,8 milliards par échanges d’action et 2 milliards en numéraire.