
Jean-Marc Chéry, CEO de ST : « Il n’y aura ni fermeture d’usines, ni licenciement sec »

Interrogé lors d’une commission d’enquête du Sénat sur l’utilisation des aides publiques versées aux entreprises, le 1er avril dernier, le patron de STMicroelectronics a indiqué que les chiffres annoncés par Bloomberg, en janvier dernier, concernant la suppression de 2000 à 3000 emplois chez ST, sont faux.
Dans le cadre d’une audition de la commission d’enquête du Sénat sur l’utilisation des aides publiques versées aux entreprises, le 1er avril dernier, Jean-Marc Chéry, CEO de STMicroelectronics, a été invité à commenter l’information de l’agence Bloomberg qui affirmait, en janvier dernier, que le groupe franco-italien supprimerait jusqu’à 3000 emplois en France et en Italie.
« Ces chiffres sont faux », a réagi Jean-Marc Chéry. « Il n’y aura ni fermeture de sites, ni licenciement sec », a-t-il assuré, précisant toutefois avoir entamé des discussions avec les partenaires sociaux au sujet de « suppressions de postes » basées, par exemple, sur « un plan de départs volontaires », mais sans en préciser le nombre.

© STMicroelectronics
Dans le cadre de cette commission d’enquête du Sénat sur l’utilisation des aides publiques versées aux entreprises, Jean-Marc Chéry, qui a été auditionné au même titre que d’autres capitaines d’industrie français, s’est notamment vu reprocher par les sénateurs le faible niveau d’impôts sur les sociétés payés par STMicroelectronics en France (moins de 100 000 euros en 2023, selon les sénateurs), alors que l’entreprise a bénéficié d’une aide publique de 487 millions d’euros et s’est acquittée de 616 M€ d’impôts dans le monde la même année. « La France ne s’y retrouve pas » a ainsi indiqué Olivier Rietmann (groupe LR), président de cette commission d’enquête, à l’adresse de Jean-Marc Chéry.
Après avoir précisé que STMicroelectronics payait des impôts de production d’environ 30 M€ et des charges sociales de l’ordre de 500 ou 540 M€, le Pdg du groupe a rappelé que la France tirait bénéfice d’avoir sur son territoire un acteur important des semiconducteurs qui assure, en interne, 80% de sa production, d’autant que les enjeux de souveraineté dans ce domaine sont cruciaux. « Combien y a-t-il de fabricants de semiconducteurs qui restent en France et emploient 12 000 personnes ? Aucun autre », a argumenté Jean-Marc Chéry.
« STMicroelectronics est en concurrence avec des géants américains et asiatiques, a-t-il ajouté. Nous devons espérer que la France et l’Italie nous mettent dans des conditions telles que nous puissions garantir la pérennité des usines sur ces territoires avec un niveau de compétitivité à peu près équivalents à ceux de nos compétiteurs, sans quoi ce n’est pas soutenable. »
Le patron de ST a terminé son argumentation en rappelant que le groupe est fortement dépendant de l’industrie automobile actuellement impactée par une profonde mutation et par la nouvelle donne imposée par les Etats-Unis en matière de droits de douane.
Signalons qu’il a été très peu question de l’extension du site de Crolles en coopération avec GlobalFoundries, lors de cette audition qui a duré environ une heure trente. Rappelons que cette extension, décidée en 2022 et officiellement toujours d’actualité, nécessite un investissement de 7,5 milliards d’euros, dont 2,9 Md€ d’aides de l’Etat.