La pénurie de composants persiste chez les sous-traitants
Ce troisième observatoire de la pénurie vécue par les entreprises de sous-traitance électronique adhérentes du SNESE montre la persistance des délais de livraison toujours anormalement longs (68% des entreprises dénoncent des délais jusqu’à 52 semaines) et la persistance de l’augmentation des prix.
« Les stocks restent très élevés et mettent les entreprises en difficulté. Leurs problèmes de trésorerie sont visibles des assureurs crédit qui dégradent leur notation, autorisant les fournisseurs de composants à durcir leurs conditions d’achat – alors même qu’ils sont à l’origine de ces difficultés », s’insurge l’organisation professionnelle.
Point positif : les entreprises constatent que les clients ne respectant les délais de paiement sont moins nombreux – témoignage réconfortant de la prise de conscience par les OEM/ODM que les EMS ne sont pas responsables des retards de livraison, commente le SNESE. Pour autant, plus d’une entreprise sur deux déclare avoir procédé à des arrêts de production. Ce chiffre est en constante augmentation depuis le début de l’année.
Près d’une entreprise sur trois constate une atténuation de la pénurie et 6% une stabilisation. Mais le sentiment d’aggravation reste majoritaire. L’absence d’informations fiables et d’accompagnement de la part de nombreux fournisseurs explique cet état de fait, les acheteurs constatant un meilleur service de la part des distributeurs spécialisés, indépendants et de proximité.
Plus d’une entreprise sur trois signale avoir des difficultés d’approvisionnement pour des composants connexes à la fabrication électronique. La plasturgie, la tôlerie et la mécanique sont le plus souvent citées.
« Si à ce moment de la pénurie, qui est appelée à durer jusqu’en 2020, on constate une prise de conscience des clients sur la nécessité d’anticiper leurs besoins, on constate également l’émergence d’une autre crise : l’appauvrissement général de leurs connaissances techniques », s’inquiète l’organisation professionnelle.
Il y a quelques mois, le SNESE avait déjà fait ce constat à destination des start-up afin de leur éviter de futurs déboires. Message entendu par les services de Bercy et principalement de la DGE qui ont lancé une expérimentation visant à inciter les nouveaux arrivants sur le marché de la fabrication électronique à intégrer très en amont la phase d’industrialisation. L’opération Voucher IoT, qui a pour objectif de sensibiliser les start-up est toujours en cours, pilotée par Cap’Tronic. Le SNESE sera très attentif aux résultats.
«Il faut intégrer le fait que l’industrialisation est une étape de la création d’un produit au même titre que son développement et sa qualification. Et que les coûts engendrés ne peuvent pas être supportés par les seuls fournisseurs. Les clients doivent être conscients que la saisie des nomenclatures, la codification des articles, le contrôle de non obsolescence, le choix des fournisseurs, le choix du conditionnement des composants, la réalisation du dossier de fabrication et de la stratégie de test, la réalisation des outillages et des programmes CMS, etc. représentent un nombre élevé d’heures de travail qui font partie des coûts indirects. Ceux-ci se sont envolés ces 15 dernières années passant ainsi à 30% voire à 45% du coût total des prestations. Ces coûts de fabrication n’ont pas été répercutés dans les mêmes proportions sur le prix final. Les fournisseurs doivent être justement rémunérés de ces prestations soit en les facturant à part, soit en les répercutant sur les premières fabrications », commente Eric Burnotte, président du SNESE.