La pression politique monte pour l’avenir de la division produits numériques de ST
L’Elysée se serait emparé du dossier de la restructuration de la division déficitaire DPG (Digital Product Group) de STMicroelectronics, croit savoir le magazine Challenges. Le magazine économique s’est procuré une note de la Direction générale des entreprises (DGE) qui préconise de réinvestir dans la R&D la division, stratégique pour la défense et le pôle microélectronique grenoblois, plutôt que d’en réduire fortement la voilure. Le dossier intéressait également Yazid Sabed, qui a racheté Altis en 2010 ; mais ce scénario serait vivement repoussé par le ministère de l’économie.
Selon la note de la DGE qu’a pu consulter Challenges, « une cession de la division DPG se traduirait par la destruction irréversible des atouts stratégiques français dans le domaine du semiconducteur et par la fragilisation, voire la remise en cause, de l’ensemble de l’écosystème grenoblois de la nanoélectronique ». Le document évoquerait même « une possible fermeture du site Crolles pour le 300 mm, et la perte d’une filière stratégique pour les industriels de la défense et de l’aérospatial ».
Un autre article de Challenges indique que Yazid Sabeg, qui a racheté Altis en 2010, aura manifesté cet été son intérêt pour la division DPG de ST, ainsi que pour l’unité de production de Crolles sur tranches de 200 mm ( !), afin de créer un grand fondeur européen. Mais les pouvoirs publics sont farouchement opposés à ce projet (que Yazid Sabeg minimise depuis), devant la santé financière fragile d’Altis, avance le magazine.
Ce type d’articles se multiplie au fur et à mesure que l’on s’approche des décisions de la direction concernant l’avenir de la division. Carlo Bozotti saura-t-il entendre les arguments des pouvoirs publics français (la France avec l’Italie détiennent 27,5% du capital de l’entreprise) ou passera-t-il outre pour imposer une restructuration douloureuse pour le pays ? Le prochain conseil de surveillance du groupe ne devrait pas éluder la question.
Rappelons qu’à la mi-mai, à l’occasion d’une journée consacrée aux investisseurs financiers, STMicroelectronics a affirmé qu’il explorait plusieurs options pour sa division déficitaire DPG (Digital Product Group), qui rassemble les circuits pour boîtiers-décodeurs numériques, les Asic, les imageurs CMOS et les capteurs de proximité, soulignant que la poursuite de l’activité telle qu’elle est aujourd’hui n’était plus une option. Cette division a réalisé un chiffre d’affaires de 207 M$ au deuxième trimestre 2015, contre 207 M$ pour le trimestre 2015 et 260 M$ au deuxième trimestre 2014 (1086 M$ pour l’ensemble de 2014, soit 15% des ventes totales du groupe l’an passé).
L’article de Challenges sur la note de la DGE
L’article de Challenges sur le projet de Yazid Sabeg