Le Toulousain Latécoère va supprimer près d’un emploi sur trois en France
Afin d’assurer son avenir dans un contexte de crise profonde, l’équipementier aéronautique toulousain Latécoère a dévoilé vendredi un plan de restructuration drastique de son outil de production. Le projet conduirait à la suppression de 475 postes sur les 1504 que compte le groupe en France au 31 juillet 2020 afin d’adapter ses effectifs au volume d’activité et aux prévisions de lente reprise du trafic aérien.
Malgré une dynamique commerciale positive en 2019, Latécoère faisait face, avant même la crise du Covid-19, à des défis financiers majeurs dans un environnement très concurrentiel. Avec la crise en mars 2020, la baisse de cadence de 40% de ses principaux clients a entraîné une baisse équivalente de 40% de l’activité du groupe. Cette situation devrait se poursuivre l’année prochaine, le retour aux niveaux pré-Covid-19 n’étant pas prévu avant 2025, selon le groupe. Pour préserver l’avenir de Latécoère, le groupe affirme avoir immédiatement pris des mesures pour réduire ses coûts d’exploitation et adapter ses effectifs hors de France à son nouveau niveau d’activité.
Latécoère a annoncé à présent son projet de transformation pour adapter son organisation à la baisse de charge du groupe tout en préservant son empreinte industrielle en France. Il vise à renforcer son agilité et à permettre à ses sites de gagner en autonomie et en compétitivité afin de conquérir de nouveaux marchés, diversifier ses activités, participer au processus de consolidation à l’œuvre dans l’aéronautique et prendre part à la conception de l’avion décarboné.
Le projet de transformation tel qu’il a été présenté aux instances représentatives du personnel de Latécoère prend en compte les résultats d’un travail avec les ministères chargés de l’emploi, de l’industrie et des transports pour utiliser au mieux les dispositifs issus du plan de relance. Ce travail conjoint a permis à Latécoère de sauver plus de 150 emplois et d’éviter des fermetures de sites, affirme le groupe toulousain.
Ce projet permettrait à Latécoère de maintenir son empreinte industrielle en France. Il prévoit la spécialisation de ses sites afin d’en faire des centres d’excellence européens dans des activités porteuses, telles que le spatial ou l’après-vente.
« Nous savons que nous prenons aujourd’hui des décisions fortes. Elles sont nécessaires. Pour autant, chacun chez Latécoère a un rôle à jouer pour faire de ce plan de transformation une opportunité de renforcer la compétitivité du groupe. Ces actions nous permettent de poursuivre les investissements dans nos infrastructures et nos activités de R&T et le développement des compétences de nos équipes, tout en offrant une grande valeur ajoutée et un service de qualité à nos clients. Nous sommes déterminés à prendre pleinement part à l’aventure de l’avion de demain », a déclaré Philip Swash, directeur général de Latécoère.
Le processus d’information-consultation des instances représentatives du personnel de Latécoère devrait se poursuivre jusqu’au début de l’année 2021.
Groupe international partenaire de « rang 1 » des grands avionneurs mondiaux (Airbus, Embraer, Dassault, Boeing, Bombardier et Mitsubishi Aircraft), Latécoère intervient dans tous les segments de l’aéronautique (avions commerciaux, régionaux, d’affaires et militaires), dans deux domaines d’activités représentant respectivement 58% et 42% de son chiffre d’affaires : aérostructures (tronçons de fuselage et portes), systèmes d’Interconnexion (câblage, meubles électriques et équipements embarqués).
La branche Systèmes d’interconnexion de Latécoère est ainsi spécialisée dans la conception, l’industrialisation et la production sur-mesure de câblage, de meubles avionique, ainsi que de bancs de tests, pour l’aéronautique, la défense et le spatial. Cette branche propose également une gamme de produits vidéo embarqués pour des applications extérieures et en cabine. Latécoère bénéficie d’une expérience reconnue sur tous types de harnais électriques et sur l’intégralité d’un avion (EWIS).
Le groupe employait au 31 décembre 2019, 5 187 personnes dans 13 pays différents.
Rappelons qu’à l’issue de l’opération close au 20 décembre 2019, le fonds de pension américain Searchlight Capital Partners détient 62 152 806 actions, représentant 65,55% du capital et 64,75% des droits de vote du groupe français.