Les fabricants d’équipements n’arrivent pas à suivre les plans d’investissements en semiconducteurs
Et si après l’industrie automobile, l’industrie des semiconducteurs devenait à son tour victime de l’incapacité de ses fournisseurs à être livrée à temps ? C’est la thèse que défend le Nikkei Asia, dont l’enquête montre que les grands fabricants de machines de production alertent sur des délais qui peuvent atteindre 18 mois faute de sous-systèmes et de composants essentiels pour leurs équipements.
Le quotidien asiatique cite plusieurs sources qui indiquent que les retards dans l’obtention d’équipements de production de puces sont les « pires depuis des décennies ». Les grands fabricants d’équipements pour SC – et de citer Applied Materials, ASML, KLA, Lam Research -, sont ainsi contraints d’allonger les délais de livraisons de leurs machines faute d’éléments essentiels à leur construction (pompes, lentilles optiques, etc.). Selon Nikkei Asia, alors que les délais de livraison des machines de production de semiconducteurs étaient typiquement de trois ou quatre mois en moyenne avant la pandémie en 2019 et entre 10 et 12 mois l’an dernier, ils peuvent atteindre désormais 18 mois, voire 20 mois (pour certaines machines de KLA).
Or les programmes d’investissements des plus grandes entreprises (fondeurs ou IDMs) sont titanesques. VLSI Research prévoyait en janvier que les ventes d’équipements de front-end devraient progresser de 22,8% en 2022, à 107,9 milliards de dollars, celles des équipements de test de 19,2% à 10 milliards de dollars et celles des machines d’assemblage de 14,1%, à 6,4 milliards (voir notre article).
Pas étonnant dans ce contexte que les fabricants de puces à l’instar de TSMC, d’UMC ou Samsung dépêchent dans l’urgence leurs cadres à l’étranger auprès des fabricants de machines pour les exhorter à accélérer la cadence. Pour l’instant sans succès, car la myriade de fournisseurs de ces fabricants de machines sont dans l’incapacité d’augmenter leurs capacités de production ou rechignent à la faire dans la crainte d’un retournement de cycle de la demande de puces. Premier fabricant de machines de lithographie, le Néerlandais ASML estime que la pénurie de semiconducteurs durera encore deux ans, écrit Nikkei Asia. Mais certains analystes en doutent, pointant déjà un ralentissement de la croissance de la demande pour des terminaux grand public. Quant à changer de fournisseur pour les composants et sous-systèmes de leurs machines, c’est pratiquement impossible tant ces équipements sont des horloges et la requalification de nouveaux fournisseurs prendrait un temps précieux que la filière ne peut se permettre.
Voir l’article de Nikkei Asia
Selon VLSI Research, 2021 a été une excellente année pour les fabricants d’équipements pour SC avec des ventes qui ont atteint des records. Il n’y a eu aucun changement dans le classement des cinq premiers fournisseurs pour 2021. Applied Materials et ASML ont dépassé la barre des 20 milliards de dollars tandis que LAM Research et TEL ont franchi la barre des 16 milliards de dollars. Les cinq principaux fournisseurs représentaient 70% des ventes totales en 2021, en hausse de près de deux points par rapport à l’année précédente. ASM Pacific Technology, Kokusai Electric et Canon ont été les entreprises à la croissance la plus rapide du Top 15 l’année dernière.
2022 sera une nouvelle année record pour les investissements dans l’industrie des semiconducteurs, selon VLSI Research, notamment chez les fondeurs et les fabricants de circuits logiques. Les fabricants de discrets et de circuits analogiques rattrapent la demande après des années de sous-investissement, estime le cabinet d’études, alors que les investissements des fabricants de mémoires resteront modestes par rapport aux dépenses totales de l’industrie.
