Pas de reprise avant mi-2025 pour le marché allemand de la distribution
Le président de FBDi, Georg Steinberger, ne voit guère de signaux positifs en provenance du marché qui pourraient laisser espérer une reprise à court terme du marché de la distribution de composants électroniques Outre-Rhin.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’organisation professionnelle FBDi – l’équivalent allemand du SPDEI – ne se montre guère optimiste quant à l’avenir à court terme du marché de la distribution de composants électroniques Outre-Rhin.
« L’année 2024 n’apporte aucun motif de satisfaction. Bien que le ralentissement ait été attendu après des années de croissance explosive et que les stocks des clients s’épuisent lentement, il n’y a guère de signaux positifs en provenance du marché, déplore Georg Steinberger, président de FBDi. Par ailleurs, il est toujours difficile d’évaluer la situation des clients finaux et les nouvelles des marchés industriel et automobile ne permettent pas d’établir des prévisions stables. »
Il faut dire que le marché allemand de la distribution de composants électroniques a connu une chute sévère au troisième trimestre 2024, plongeant de près de 43% par rapport au 3è trimestre 2023 pour s’établir à 779 millions d’euros, selon FBDi, soit le niveau le plus bas depuis la fin de l’année 2020. Les prises de commandes sont également restées modérées, ce qui renforce l’idée qu’un redressement est encore loin d’être acquis. Bien qu’en légère augmentation, le book-to-bill (rapport des commandes sur les facturations) est très largement resté sous l’unité (0,77).
Au troisième trimestre 2024, les semiconducteurs ont, une fois de plus, été les plus durement touchés Outre-Rhin. Après avoir été les grands gagnants de la récente crise, ils sont aujourd’hui ceux qui souffrent le plus des conditions de marché. Par rapport au troisième trimestre 2023, leurs ventes via les canaux de la distribution ont ainsi chuté de 50% à 477 millions d’euros, tandis que les commandes sont restées à un niveau bas, à hauteur de 320 millions d’euros (-13,5%). Le book-to-bill s’est toutefois légèrement amélioré pour atteindre 0,67.
FBDi pointe une situation moins dramatique pour les autres composants. Le chiffre d’affaires trimestriel des composants passifs a tout de même baissé de 32% pour s‘établir à 113 millions d’euros. Mais la baisse des commandes étant moins prononcée, le book-to-bill s’est amélioré pour atteindre 0,83.
En ce qui concerne les composants électromécaniques, leurs ventes trimestrielles ont chuté de 19% à 124 millions d’euros, tandis que les commandes ont baissé de près de 9% à 118 millions d’euros, selon FBDi, pour un book-to-bill légèrement sous l’unité. Pour les autres types de composants, la baisse s’est considérablement ralentie et le book-to-bill a flirté avec l’unité.
La forte baisse des semiconducteurs fait qu’au troisième trimestre 2024, ils n’ont plus représenté qu’un peu plus de 61% du marché total de la distribution de composants en Allemagne.
« Les distorsions causées par la détérioration de la situation géopolitique au cours des dernières années sont très clairement visibles sur le marché allemand, constate Georg Steinberger. Les distributeurs de composants dépendent fortement du succès de leurs clients dans les principaux segments de l’industrie. Or, ces derniers sont actuellement confrontés à la dégradation des conditions économiques, au manque d’innovation et à une culture politique toxique dans laquelle un consensus nécessaire pour l’avenir, comme l’a souligné l’ancien premier ministre italien Mario Draghi, semble difficile à atteindre. Malheureusement, en tant que plus grande économie d’Europe, l’Allemagne risque de perdre son rôle de moteur pour les autres régions. »
Pour 2025, la plus grande prudence est donc de mise. « Nous n’observons pas encore de redressement en ce qui concerne les prises de commandes, de sorte qu’un retour à la croissance avant le milieu de l’année 2025 est plutôt improbable, anticipe Georg Steinberger. Ce qu’il faut, c’est que les principaux marchés applicatifs donnent l’impulsion nécessaire à des innovations porteuses d’avenir. Comme l’a souligné à plusieurs reprises le président du ZVEI, Gunter Kegel, l’objectif d’une société entièrement électrifiée est une question de raison et de compétitivité future. Les hommes politiques et les entreprises doivent enfin se mettre d’accord sur ce point et prendre la bonne direction. »
Et Georg Steinberger de conclure : « Notre influence en tant qu’industrie de la distribution est limitée, mais lorsqu’il s’agit d’innovations dans le domaine de l’électronique, nous pouvons apporter toutes sortes de compétences, de la technologie énergétique à l’intelligence artificielle ».