Soitec saura faire face à l’essor du FD-SOI, même en Chine
Soitec est indissociable de l’histoire de Leti. L’entreprise, créée par essaimage du laboratoire et de ses travaux sur le silicium sur isolant, fête aujourd’hui ses 25 ans. Son nouveau cheval de bataille est aujourd’hui le FD-SOI, une technologie développée en collaboration avec le Leti avec lequel il dispose d’un laboratoire commun associant également STMicroelectronics. Coïncidence : la Chine a annoncé hier un investissement de 100 M$ avec Globalfoondries pour créer un écosystème de conception autour du FD-SOI à Chengdu. Soitec se déclare prêt à faire face à la demande.
Le procédé FD-SOI, résultat de plus de huit ans de travaux de recherche, utilise une technologie de substrats spécifiques développée au CEA Leti. Sa faible consommation d’électricité en fait un procédé bien adapté pour assurer l’autonomie des objets connectés, sans fil. De plus, il sait délivrer la performance au moment nécessaire pour des applications où le coût et la consommation énergétique prédominent. Le deuxième avantage du FD-SOI (*) est la possibilité d’implémenter des fonctions de communication radiofréquence, d’où l’intérêt, aujourd’hui, des opérateurs de la 5G pour cette technologie française.
Soitec estime à 65% sa part de marché directe dans le FD-SOI, contre 35% pour les licenciés de la technologie (le Japonais Shin Etsu Handotai et le Taïwanais Globawafers qui finalisé le rachat de SunEdison en décembre dernier).
Soitec a-t-il les reins suffisamment solides pour faire face à l’essor du FD-SOI s’il se matérialise ? « Notre unité de production de tranches de 300 mm de diamètre à Bernin ne tourne actuellement qu’à 30% de sa capacité et nous disposons d’une usine en sommeil à Singapour », rassure Bourde, p-dg de Soitec.
100 M$ pour construire un écosystème autour du FD-SOI en Chine
En écho à cet engagement du groupe français, hier, Globalfoundries et la municipalité de Chengdu en Chine ont annoncé un partenariat pour construire un écosystème autour de la technologie FD-SOI en Chine, incluant de multiples centres de conception de circuits FD-SOI à Chengdu et des programmes universitaires ad hoc dans le pays. L’investissement dépasse les 100 millions de dollars. Il est censé attirer de grandes entreprises du semiconducteur à Chengdu, pour en faire un centre d’excellence pour le développement de circuits pour applications mobiles, la connectivité, la 5G, l’Internet des objets, l’automobile et d’autres marchés de forte croissance.
Plus de 500 ingénieurs devraient être recrutés pour bâtir cet écosystème de conception autour du FD-SOI afin de développer des circuits utilisant la technologie FD-SOI 22 nm du fondeur
Deuxième fondeur mondial avec 5,545 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2016 selon IC Insights, Globalfoundries avait annoncé en février dernier son intention de construire en partenariat avec la municipalité de Chengdu une usine pour le FD-SOI. La construction de l’usine a commencé et devrait être achevée l’an prochain. Elle sera opérationnelle pour une production de volume en 2019.
Rappelons que Globalfoundries est avec Samsung l’un des deux fondeurs à avoir pris une licence de la technologie FD-SOI, crédibilisant cette filière technologique développée en France autour de STMicroelectronics, Soitec et du CEA-Leti.
« Les investissements de Chengdu et Globalfoundries dans l’expansion de l’écosystème de conception devraient accélérer l’utilisation de FD-SOI pour les clients en Chine. Soitec s’engage à soutenir Globalfoundries avec des volumes élevés de substrats FD-SOI de qualité pour répondre à la demande croissante des clients », a déclaré, à cette occasion, Paul Boudre, p-dg de Soitec.
Soitec, qui a connu des hauts et des bas et a failli être emportée par sa diversification dispendieuse dans le solaire, est aujourd’hui recentré sur l’électronique, employant 1000 personnes avec 3 usines en France.
(*) La technologie FD-SOI prolonge la Loi de Moore en permettant de faire évoluer la technologie planaire traditionnellement utilisée pour fabriquer des semiconducteurs. Contrairement à d’autres filières de fabrication tel le FinFET, la technologie FD-SOI bénéficie de la continuité des flux de conception existants, et est prise en charge par un large éventail de logiciels de CAO électronique et d’équipements de production déjà installés. Outre l’exploitation des flux de conception et du matériel de production existants, cette technologie est censée réduire de façon significative la complexité des processus de production.