L’État travaille à une solution alternative de reprise de Photonis
Après avoir refusé l’acquisition de Photonis par Teledyne, Florence Parly, ministre des Armées, a annoncé le 18 décembre que l’État travaille avec des acteurs industriels et financiers français à une solution de reprise nationale permettant de préserver la souveraineté de Photonis, entreprise essentielle aux opérations militaires françaises.
L’offre de rachat de Photonis par l’industriel Teledyne a ainsi été écartée faute d’avoir fait l’objet d’un agrément au titre de la réglementation relative aux investissements étrangers en France. Cette décision s’inscrit dans une volonté de protection des intérêts stratégiques de la France, dont Photonis fait partie, tout en assurant la pérennité de cette entreprise. Néanmoins, le ministère des Armées réaffirme toute sa confiance envers la société Teledyne qui, avec plus de 850 emplois en France, est un partenaire important.
Photonis est une entreprise spécialisée dans les technologies optroniques, notamment pour les jumelles à vision nocturne à destination des forces armées françaises. Elle détient également des activités dans le domaine nucléaire. Ces technologies de classe mondiale garantissent l’excellence industrielle et la capacité opérationnelle de la France, justifie le ministère.
Teledyne avait fait sa première demande d’autorisation au titre de la réglementation relative aux investissements étrangers en France le 21 février 2020 auprès du ministère français de l’Économie et des Finances. Le 31 mars 2020, Teledyne a été notifiée verbalement par Bercy d’un avis négatif. Cependant, le 30 juillet 2020, le ministère de l’Économie a informé Teledyne par écrit que l’acquisition de Photonis pourrait se poursuivre sous certaines conditions.
Teledyne a par la suite accepté toutes les conditions demandées par Bercy, y compris une participation minoritaire de Bpifrance dans Photonis, des droits de veto accordés à Bpifrance concernant les opérations et la gestion des activités européennes de Photonis en France et aux Pays-Bas et un retour fixe garanti sur l’investissement de Bpifrance. En outre, Teledyne a accepté de créer un comité de sécurité qui comprendrait un représentant du gouvernement français et de mettre en œuvre des processus de sauvegarde des activités sensibles de Photonis. Par conséquent, le 30 octobre 2020, Teledyne a de nouveau déposé sa demande auprès du ministère pour l’autorisation d’investissements étrangers. Enfin, Teledyne s’est engagée à accroître ses investissements dans Photonis et à intégrer les capacités d’imagerie numérique avancées de Teledyne à la technologie analogique en grande partie héritée de Photonis. Cependant, le 15 décembre 2020, Teledyne a été notifiée verbalement d’un avis négatif par le ministère des armées.
« Nos investissements dans nos filiales en France ont été très fructueux, et nous sommes impatients de poursuivre nos relations positives avec le ministère de l’Économie, la Direction générale de l’armement et les comités d’entreprise représentant nos employés. Malgré cette issue malheureuse, nous sommes désormais en mesure de nous concentrer davantage sur d’autres opportunités d’acquisitions », a déclaré Robert Mehrabian, président exécutif de Teledyne.
La décision de l’État a été motivée par la volonté forte du gouvernement français de protéger et garantir la souveraineté économique et industrielle française de défense. En l’occurrence, les conditions de reprise de l’entreprise Photonis ne répondaient pas à ces impératifs, souligne le ministère des Armées, qui travaille désormais à une solution alternative de rachat avec des acteurs industriels et financiers français actifs dans le secteur de l’optronique. A suivre.