Intel projette d’investir 80 milliards dans 8 fabs en Europe d’ici 10 ans
Pat Gelsinger, CEO d’Intel, nourrit d’énormes ambitions en Europe. Dans une présentation lors de l’IAA Mobility 2021 qui se tient à Munich., le p-dg d’Intel, a fait tomber l’auditoire en pâmoison, annonçant son objectif de construire 8 fabs de 10 milliards de dollars au cours des dix prochaines années. Un appel du pied aux pouvoirs publics en Europe pour accompagner cette reconquête industrielle.
Dans sa présentation, Pat Gelsinger a indiqué au public qu’Intel prévoyait de construire au moins deux nouvelles usines de semiconducteurs de pointe en Europe avec des projets d’investissements futurs qui pourraient atteindre 80 milliards d’euros au cours de la prochaine décennie. Le groupe américain, qui possède déjà une usine en Irlande, a souligné qu’il annoncerait le lieu d’implantation de sa prochaine usine européenne avant la fin de l’année. L’Allemagne tiendrait la corde.
Il a également détaillé les éléments de la stratégie IDM 2.0 précédemment annoncée par l’entreprise et expliqué comment ces programmes s’appliqueront spécifiquement aux industries de l’automobile et de la mobilité dans l’Union européenne. Intel Foundry Services, annoncé en mars, est activement engagé dans des discussions avec des clients potentiels en Europe, notamment des constructeurs automobiles et leurs fournisseurs.
« Doit-on investir dans le passé, dans de vielles fabs avec de vielles technologies », s’est faussement interrogé Pat Gelsinger ? Certainement pas, a-t-il répondu, souhaitant lancer son accélérateur de services de fonderie pour accompagner les clients européens dans la montée en gamme des semiconducteurs dont ils auront besoin.
Aujourd’hui, la majorité des puces automobiles sont fabriquées à l’aide de technologies matures. Mais alors que les applications automobiles évoluent pour s’appuyer sur un traitement plus performant, les puces commencent également à migrer vers des technologies de traitement plus avancées. Intel compte ainsi s’associer aux principaux acteurs automobiles et engager des ressources importantes en Europe pour aider à conduire cette transition dans le monde entier dans les années à venir. La société a annoncé son intention d’établir une capacité de fonderie dans son usine en Irlande et de lancer l’accélérateur de services de fonderie Intel pour aider les concepteurs de puces automobiles à effectuer la transition vers des nœuds avancés. Pour cela, la société met en place une nouvelle équipe de conception et propose à la fois ses propres blocs de propriété intellectuelle (IP) personnalisée et ceux conformes aux normes de l’industrie pour répondre aux besoins uniques des clients automobiles.
Le p-dg d’Intel a bâti cette stratégie à partir de sa vision que les semiconducteurs représenteront plus de 20% de la nomenclature totale (Bill of Materials) des véhicules haut de gamme d’ici 2030, contre 4% en 2019, soit 5 fois plus. Pat Gelsinger a prédit que le marché total adressable pour les semiconducteurs automobiles doublerait pratiquement d’ici la fin de la décennie pour atteindre 115 milliards de dollars, représentant plus de 11% de l’ensemble du marché des semiconducteurs. Cette tendance est alimentée par ce que Gelsinger a appelé « la numérisation de tout » et quatre mégatendances – calcul omniprésent, connectivité omniprésente, infrastructure cloud-to-edge et intelligence artificielle – qui imprègnent les industries de l’automobile et de la mobilité.
Le dirigeant a décrit la situation à la fois comme un énorme défi et une énorme opportunité – et le moment idéal pour qu’Intel se mobilise. « Cette nouvelle ère de demande soutenue de semiconducteurs nécessite une réflexion audacieuse et large. En tant que p-dg d’Intel, j’ai le grand privilège d’être en mesure de mobiliser les énergies de 116 000 employés et d’un écosystème massif de conception et de fabrication de puces, pour répondre à la demande », a déclaré Pat Gelsinger.
La fin de sa « keynote » a été consacré aux derniers développements de sa filiale Mobileye dans les systèmes de conduite autonome et notamment à la présentation d’un accord avec le loueur allemand de Munich Sixt pour lancer un service de VTC autonome à partir de 2022.