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L’industrie des semiconducteurs devait investir 180 milliards de dollars en 2022 avant la guerre

L’industrie des semiconducteurs devait investir 180 milliards de dollars en 2022 avant la guerre

Selon les toutes dernières prévisions de VLSI Research, le marché des semiconducteurs pourrait atteindre 675 milliards de dollars cette année, tandis que les investissements industriels des fabricants de puces pourraient grimper à 180 milliards de dollars. La guerre en Ukraine remettra-t-elle en cause cette euphorie ?

Selon le cabinet d’études américain, la montée en flèche de la demande et les pénuries de capacité entraînent une augmentation des dépenses d’investissement alors que les fabricants de puces rivalisent pour ajouter des capacités de production afin d’alléger les contraintes sur la chaîne d’approvisionnement. Les investissements des fabricants de semiconducteurs ont bondi de 36% en 2021 et devraient encore grimper de 23% cette année, estime VLSI Research. Bénéficiant d’un énorme coup de pouce grâce aux plans pharaoniques de dépenses de TSMC, les investissements à Taïwan sont ceux qui progressent le plus vite, augmentant de 72% l’année dernière et devant progresser de 45% cette année. L’Amérique du Nord et la Corée du Sud ont également augmenté considérablement leurs dépenses au cours des deux dernières années, gardant Taïwan dans leur ligne de mire. Les investissements pour chacun de ces trois pays approcheront les 50 milliards de dollars en 2022 et représenteront 82% des dépenses totales, avance VLSI Research.

Maintien de prix élevés

Côté demande, les ventes de semiconducteurs ont grimpé de 26% en 2021, alimentées par le rebond économique post-pandémie et par la transformation numérique en cours de l’économie. Pour VLSI Research, les ventes de semiconducteurs devraient augmenter de 15% en 2022, à 675 milliards de dollars, en raison de la prolifération de la 5G, de la construction continue de l’infrastructure informatique et de la reprise économique en cours.

Les pressions inflationnistes, associées à une demande robuste et à des pénuries persistantes, devraient maintenir les prix moyens de vente des circuits intégrés à un niveau élevé en 2022. La reprise rapide du marché de l’automobile et de l’industriel stimulera la croissance des ventes de circuits analogiques et de semiconducteurs discrets de 18% en 2022, avance VLSI Research. Les ventes de circuits logiques devraient augmenter de 15% cette année grâce à aux expansions en cours sur les marchés du cloud et de la 5G. Le marché des mémoires devrait suivre de près avec des ventes en hausse de 15%.

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La guerre affecte les appros en matières premières et immanquablement la demande

Pour autant, ces prévisions alléchantes ne semblent pas prendre en compte la pleine mesure des répercussions de la guerre de la Russie en Ukraine. Côté demande, ces pays comptent pour quantité négligeable sur le marché des puces. Dernièrement, la SIA rappelait que « la Russie n’est pas un consommateur direct important de semiconducteurs, représentant moins de 0,1% des achats mondiaux de puces » (voir notre article).

Côté offre, le cabinet d’études TrendForce rappelait il y a peu que l’Ukraine est un important fournisseur de gaz utilisés dans la fabrication des semiconducteurs, notamment le néon, l’argon, le krypton et le xénon (voir notre article). L’Ukraine fournit ainsi près de 70% de la capacité mondiale de gaz néon. Si l’approvisionnement est coupé comme cela est désormais certain, il y aura un impact certain sur l’industrie des semiconducteurs, même si d’autres sources d’approvisionnement existent et que les fabricants de puces ont des stocks.

De son côté, Counterpoint estime que l’impact de toute pénurie de matières premières clés sur les fabricants de semiconducteurs est gérable à moyen terme. Cependant, des hausses de prix importantes sont inévitables. Pour compenser le risque de pénurie de matériaux, les fabricants devront en effet passer de multiples commandes, ce qui entraînera une pénurie de matières premières. Le cabinet d’études craint ainsi que la crise ukrainienne n’entraîne des pénuries de matières premières clés, affectant à terme la chaîne d’approvisionnement des semiconducteurs.

Certaines matières premières exportées de Russie et d’Ukraine, telles que le gaz rare néon, le C4F6 chimique et divers métaux (palladium, nickel, platine, rhodium et titane) sont essentielles pour la fabrication de semiconducteurs. Un mélange de gaz néon est couramment utilisé comme source de lumière dans les lasers à excimère ArF et KrF pour la lithographie. Le produit chimique C4F6 est utilisé dans l’étape de gravure. Par conséquent, la chaîne d’approvisionnement sera affectée si les installations de fabrication de gaz sont détruites pendant la guerre. Le palladium est utilisé dans le packaging et les circuits imprimés. Le palladium, le platine et le rhodium sont principalement utilisés dans les pots catalytiques des véhicules. Le deuxième exportateur mondial de titane est la Russie. La production de batteries au lithium pourrait également connaître des turbulences car le nickel, dont la Russie est un important producteur, est un métal important pour ces batteries. Outre les ruptures d’approvisionnement liées à la destruction des installations, les entraves au commerce avec la Russie pèseront ainsi également sur les appros.

Sans compter que la demande de puces, indépendamment de tout lien avec le belligérant et le pays agressé, risque de pâtir d’une détérioration de l’économie mondiale. Les répercussions du conflit sur les semiconducteurs sont donc encore largement imprévisibles. La question, même si elle aujourd’hui déplacée voire indécente devant l’atrocité que subit le peuple ukrainien, reste posée.

 

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