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L’EIPC en appelle aux dirigeants européens pour sauver le circuit imprimé en Europe

L’EIPC en appelle aux dirigeants européens pour sauver le circuit imprimé en Europe

En déclin depuis 25 ans, l’industrie européenne du PCB pourrait disparaître si rien n’est fait pour la soutenir, selon l’European Institute for the PCB Community. Il y a urgence, d’autant que cette industrie est tout aussi stratégique que celle du semiconducteur pour la souveraineté de l’Europe.

Dans une lettre adressée à l’ensemble des acteurs de l’industrie du circuit imprimé afin qu’ils la signent, l’EIPC (European Institute for the PCB Community), dont les membres comprennent des fabricants de PCB mais aussi des équipementiers ainsi que des fournisseurs de machines, de matériaux et d’outils logiciels dédiés à cette industrie, en appelle aux dirigeants européens pour soutenir l’industrie du PCB sur le Vieux continent.

Car pour l’EIPC, il y a urgence à juguler le déclin de l’industrie du circuit imprimé que l’on constate depuis plus de vingt ans, alors que ce secteur est tout aussi stratégique que les semiconducteurs pour la souveraineté technologique et économique de l’Europe, plaide l’organisation professionnelle.

Le déclin de l’industrie européenne du PCB depuis 2000

Dans sa lettre, l’EIPC rappelle, chiffres à l’appui, la manière dont l’industrie du circuit imprimé s’est réduite comme peau de chagrin sur notre continent, sachant que sur un marché mondial estimé à 87 milliards de dollars en 2023, plus de 90 % de ce montant provient de circuits imprimés produits en Asie.

La production de PCB migre régulièrement et inéluctablement de l’Europe et de l’Amérique du Nord vers l’Asie depuis le début des années 2000. La production européenne de circuits imprimés de PCB représentait encore 16% du total mondial en 2000, mais cette part est tombée à 2,3% en 2022. Dans le même temps, le nombre de fabricants de PCB européens s’est considérablement réduit, passant de 555 à moins de 180, avec les 20 premiers constructeurs européens représentant 60 % de la valeur de la production. Pour la France, l’EIPC déplore une chute encore plus brutale, avec quelque 200 sociétés en 2000 contre seulement 10 aujourd’hui !

La réduction de la production européenne de PCB a eu un effet significatif sur l’approvisionnement en matériaux de base en lien avec le nombre de fabricants de matériaux pour PCB à grande échelle, passant de plus de 20 dans les années 1980 à seulement 2 actuellement.

L’organisation professionnelle pointe également le fait que la chaîne d’approvisionnement pour la fabrication des matériaux de base a également été affectée par la perte de l’ensemble du secteur de fabrication de tissus de verre pour l’électronique, la réduction des usines de fabrication de feuilles de cuivre (il reste un seul site), et la perte de toute la capacité de fabrication de résine époxy. La chaîne d’approvisionnement de toutes ces matières premières majeures, essentielles à la fabrication de PCB, commence désormais en Asie.

L’EIPC note également que les fabricants européens de circuits imprimés sont particulièrement désavantagés par rapport à leurs homologues d’Asie et d’Amérique du Nord en termes de coûts énergétiques, qui restent très élevés en Europe, et il est à craindre que si les choses restent en l’état, il existe un risque réel de nouveau déclin du nombre d’acteurs européens.

Le circuit imprimé, tout aussi stratégique que le semiconducteur

Il y a donc urgence, d’autant que le PCB est tout aussi stratégique que le semiconducteur car il fait partie intégrante de presque tous les produits électroniques. La production européenne de circuits imprimés approvisionne de nombreux marchés finaux, rappelle l’EIPC dans sa lettre, dont le plus important est celui de l’électronique industrielle, représentant environ 45 % du total, suivi par l’automobile avec environ 15 %. L’électronique médicale de haute fiabilité est également fortement représentée. De même pour l’aéronautique et la défense qui, ensemble, représentent environ 12 % de la production européenne de PCB, pour une valeur d’environ 200 millions d’euros par an, et soutiennent le plan stratégique de l’industrie européenne de l’aérospatiale et de la défense qui génère un chiffre d’affaires total évalué à 578 milliards d’euros et concerne plus de 3,5 millions d’emplois directs, indirects et induits en Europe.

© Ncab Group

Alors que des initiatives sont en cours pour soutenir l’industrie européenne des puces, principalement à travers l’European Chip Act pour l’Union européenne et la stratégie nationale britannique en matière de semiconducteurs, qui sont toutes deux les bienvenues, l’EIPC déplore qu’aucune initiative similaire ne soit mise en œuvre par l’Europe pour les circuits imprimés. Or les puces nécessitent des interconnexions avec d’autres composants via des PCB qui sont pour la plupart produits hors d’Europe.

La technologie d’interconnexion représentée par le PCB est une nécessité et un élément fondamental pour créer un écosystème microélectronique européen résilient et robuste, capable de répondre aux besoins critiques de l’Europe, argumente l’EIPC. De plus, les capacités techniques européennes en matière de circuits imprimés nécessitent des investissements pour satisfaire les demandes croissantes des nouvelles technologies électroniques, investissements sans lesquels notre industrie risque de ne pas pouvoir fournir aux nouveaux projets européens les systèmes d’interconnexion haute densité complexes qu’ils requièrent.

Un nouveau déclin de la base européenne de fabrication de circuits imprimés mettrait en péril la défense stratégique car l’approvisionnement en Europe serait menacé, prévient l’EIPC. Cela signifierait une plus grande dépendance à l’égard des PCB importés et la perspective de ne pas être en mesure de répondre aux besoins européens en matière de défense et d’aérospatiale, à partir de la production européenne. Qui plus est, avoir recours à des sources d’approvisionnement en dehors de l’Europe expose à des risques liés aux partages des données de conception sensibles et à la propriété intellectuelle.

Une action urgente à mener par les pouvoirs publics

Afin de soutenir la production européenne de PCB et d’atténuer le risque bien réel qu’elle tombe en dessous de la masse critique et devienne non viable, l’EIPC envisage plusieurs pistes et milite notamment pour une action urgente des gouvernements européens, y compris, mais sans s’y limiter, une aide financière directe, un accès à une tarification de l’énergie compétitive au niveau international, des garanties bancaires à l’appui de dépenses en capital, des prêts avantageux et des allégements fiscaux.

L’EIPC incite également les acteurs du secteur à plaider auprès des autorités locales pour les sensibiliser au rôle vital joué par les PCB pour l’Europe (en particulier dans l’approvisionnement de la défense et de l’aérospatiale) ou encore de demander l’approvisionnement local de PCB aux équipementiers, en particulier dans des applications haut de gamme et de haute fiabilité qui nécessitent une interaction étroite entre le concepteur et le fabricant.

L’EIPC souhaite également faire pression sur l’UE pour supprimer les tarifs punitifs sur les matières premières importées, qui désavantagent la production nationale et encourage l’importation de PCB en provenance de l’extérieur de l’UE. Autre piste évoquée : établir une feuille de route globale avec les fonds de R&D associés pour améliorer les capacités de l’écosystème européen en matière de technologies haut de gamme nécessaires pour répondre aux exigences de nouvelles technologies mises en œuvre dans les systèmes complexes d’interconnexion à haute densité.

A noter, pour conclure, que le soutien à la fabrication européenne de circuits imprimés sera au cœur de la prochaine conférence EIPC qui aura lieu le 4 juin 2024 dans les locaux de l’Agence spatiale européenne, à Noordwijk, aux Pays-Bas.

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