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Le passage à l’électrique pourrait supprimer 65 000 emplois dans l’automobile en France, selon Luc Chatel

Le passage à l’électrique pourrait supprimer 65 000 emplois dans l’automobile en France, selon Luc Chatel

Sans remettre en cause la nécessité du passage à l’électrique, le président de la PFA (Plateforme automobile) dresse un panorama sombre de la filière automobile française et européenne, qu’il estime en grand danger, et en appelle à un pacte européen pour l’automobile.

C’est dans un « contexte extrêmement difficile » que s’ouvre aujourd’hui la 90è édition du Mondial de l’automobile qui se tient à Paris jusqu’à dimanche. Invité ce matin de France Info TV, Luc Chatel, président de la PFA (Plateforme automobile), une entité qui rassemble les constructeurs, équipementiers et fournisseurs de la filière en France, a dressé un panorama assez sombre de la filière automobile française et européenne, faisant face à de multiples défis.

L’ancien ministre s’est dit « très préoccupé par l’avenir de la filière automobile française et européenne », déplorant un niveau actuel extrêmement bas du marché « qui ne s’est pas encore remis du Covid ». « Nous sommes aujourd’hui à 23% en dessous de l’année 2019, ce qui signifie que sur 5 ans, nous avons perdu l’équivalent d’une année de vente automobile, ce qui est considérable », indique le président de la PFA.

Et les derniers chiffres montrent que la situation ne s’améliore pas, Luc Chatel précisant que « le mois de septembre a été le mois le plus mauvais en termes de ventes depuis 20 ans et en termes de prises de commandes depuis 10 ans ».

© PFA (Plateforme automobile)

Le ralentissement de la consommation, le prix des voitures de plus en plus élevé, notamment les véhicules électriques, et des dispositifs d’aide à l’achat « horriblement compliqués » expliquent en partie cette situation, selon Luc Chatel, « ce qui fragilise toute la filière, les constructeurs, bien sûr, mais aussi et d’abord les sous-traitants ». « L’industrie automobile française, qui représente aujourd’hui 350 000 emplois, a perdu près de 50 000 emplois en sept ans, dont 37 000 depuis le Covid, déplore le président de la PFA. Et selon nos simulations, nous avons estimé que la filière perdrait 65 000 emplois en 5 ans avec le passage à l’électrique. »

Sans remettre en cause le passage à l’électrique, l’ancien politicien estime qu’il faut du temps pour opérer une telle transition. « Il y a actuellement un écart de prix de revient de l’ordre de 40 à 50%, selon les modèles, entre un véhicule électrique et un véhicule thermique, essentiellement lié au coût de la batterie. Il faut du temps pour amortir cet écart et si on fait cela à un moment où le marché est bas, comme actuellement, ça devient intenable pour les sous-traitants, mais aussi les équipementiers, qui sont en grand danger, alerte-t-il. La filière a investi des centaines de milliards d’euros en Europe et à la fin, on a peut-être oublié une chose, c’est qu’il y a un client. S’il n’y pas de client à la fin, vous êtes dans un effet de ciseau ravageur pour la filière. »

Ce qui fait dire à Luc Chatel que « les projections d’avoir 25% de parts de marché sur l’électrique l’année prochaine, et 50% en 2030 ne seront probablement pas respectées ».

Luc Chatel a également évoqué la Chine qui est « devenue en quelques années le premier producteur, le premier marché et le premier exportateur mondial » et constitue un concurrent redoutable en termes de véhicules électriques. « Ils ont 10 à 15 ans d’avance sur les Européens, notamment grâce aux batteries », assure-t-il.

Reconnaissant que la filière automobile française a bien été soutenue par les pouvoirs publics ces dernières années, avec un impact fort sur la progression de la part de marché des véhicules électriques en France, le président de la PFA a en revanche fustigé les mesures du projet de loi de finances pour 2025 qui prévoit une augmentation du malus sur les véhicules thermiques et un coût de rabot sur l’enveloppe du bonus destiné à encourager l’achat de voitures électriques neuves, qui va passer de 1,5 à 1 milliard d’euros. « Un véhicule thermique neuf sur deux vendu en France sera touché par un malus en 2025, et dans trois ans, cette part montera à 80%, précise Luc Chatel. C’est la double peine : les constructeurs vont être taxés par l’Europe car ils ne vendent pas assez de véhicules électriques et aussi en France parce qu’ils vendent trop de voitures thermiques. Cherchez l’erreur, on marche sur la tête. »

Luc Chatel estime plus globalement que l’Europe « a mis la charrue avant les bœufs » avec l’électrique, regrettant que l’abandon de la technologie du diesel, « dans laquelle nous étions souverains », n’ait pas été accompagné d’une « vraie stratégie industrielle ». Il appelle de ses vœux un « vrai pacte européen pour l’automobile » qui se traduirait par un « plan d’investissements massif dans l’innovation », un « accompagnement pour les salariés » qui seront touchés par cette transition, en particulier en termes de reconversion, et un « bonus au niveau européen ». « Il n’y a pas deux pays en Europe où il y a les mêmes règles en termes d’aides à l’achat de véhicules électriques », conclut Luc Chatel.

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