
Batteries pour véhicules électriques : clap de fin pour le Suédois Northvolt

Malgré le licenciement d’un quart de ses effectifs en septembre et son placement sous la protection de la loi américaine contre les faillites en novembre, le pionnier des batteries pour véhicules électriques en Europe annonce ce jour sa faillite.
C’est un coup dur pour la filière européenne des batteries pour véhicules électriques. Considérée comme la pionnière en la matière sur notre continent, la société suédoise Northvolt, dont la création remonte à 2016, annonce ce jour sa mise en faillite en Suède. Un administrateur judiciaire a été nommé et supervisera le processus, y compris la vente potentielle de l’entreprise et de ses actifs, ainsi que le règlement des impayés.
« Malgré la poursuite de toutes les options disponibles pour négocier et mettre en œuvre une restructuration financière, y compris un processus de restructuration en vertu du chapitre 11 aux États-Unis, et malgré le soutien en liquidités de nos prêteurs et de nos principales contreparties, la société n’a pas été en mesure d’obtenir les conditions financières nécessaires pour continuer sous sa forme actuelle. Le Conseil d’administration a donc déterminé qu’il s’agissait de la seule solution disponible, alors que la société étudie toutes les options réalistes pour obtenir un financement lui permettant de poursuivre ses activités pendant le processus de faillite suédois », précise la société dans un communiqué publié ce jour.

© Northvolt
En novembre dernier, alors en proie à des dettes à hauteur d’environ 5 milliards d’euro alors qu’il était à court de liquidités, Northvolt s’était pourtant placé sous la protection du Chapitre 11 aux États-Unis, la loi américaine de protection contre les faillites. Une demande de réorganisation qui lui permettait d’accéder à environ 245 millions de dollars de nouveaux financements, de restructurer sa dette, d’adapter son activité aux besoins actuels de ses clients et de sécuriser une base durable pour la poursuite de ses activités. Mais cela n’aura pas suffi. Pas plus que la mise en place, en septembre dernier, d’un plan de restructuration entraînant le licenciement d’environ 1600 salariés, soit environ un quart de ses effectifs ramenés aujourd’hui à environ 5000 personnes.
« C’est une journée incroyablement difficile pour tout le monde chez Northvolt, a réagi Tom Johnstone, président par intérim du conseil d’administration de Northvolt. Nous avons décidé de construire quelque chose de révolutionnaire : susciter un réel changement dans le secteur des batteries, des véhicules électriques et de l’industrie européenne au sens large, et accélérer la transition vers un avenir vert et durable. Le résultat est particulièrement difficile compte tenu non seulement du niveau d’engagement et d’intérêt que nous avons entretenu avec des partenaires et investisseurs potentiels au cours des derniers mois, mais également de la nette amélioration et de la trajectoire ascendante que nous avons constatée dans la production de Northvolt à Skellefteå, où la production de cellules a doublé et où nous avons obtenu une amélioration de 50% du rendement de production depuis septembre. Nous regrettons profondément qu’il n’y ait pas de voie différente à suivre. Je tiens à exprimer ma plus vive gratitude à nos employés, clients, fournisseurs, investisseurs et partenaires qui ont cru en la mission de Northvolt. »
Si l’entreprise évoque la hausse des coûts d’investissement, l’instabilité géopolitique et la crise de l’industrie automobile liée à la faible demande de véhicules électriques pour expliquer ce dénouement malheureux, d’aucun évoque des erreurs industrielles comme le fait d’avoir sous-estimé les difficultés pour industrialiser les batteries de véhicules électriques à grande échelle, en particulier en termes de rendement de production, ou encore la mise en place d’une stratégie trop large visant l’ensemble de l’écosystème des batteries, plutôt que de se focaliser sur les cellules.
« Il reste essentiel pour l’Europe de disposer d’une industrie locale des batteries, mais la construction d’une telle industrie est un véritable un marathon qui nécessite de la patience et un engagement à long terme de la part de toutes les parties prenantes », conclut Tom Johnstone.