Certains syndicats de ST s’inquiètent des annonces de Jean-Marc Chéry
Dans une lettre adressée hier à Emmanuel Macron, la CFDT et la CGT de STMicroelectronics s’inquiètent des conséquences des importantes « économies de coûts » évoquées par le CEO du groupe lors de la présentation de ses résultats trimestriels, le 31 octobre dernier.
L’inquiétude monte au sein de certains syndicats de STMicroelectronics. A l’origine de ce sentiment, une déclaration de Jean-Marc Chéry, Pdg de STMicroelectronics, lors de la présentation des résultats trimestriels du groupe le 31 octobre dernier.
« Nous lançons un nouveau projet d’entreprise pour remodeler notre implantation industrielle, accélérant nos capacités de production en silicium vers le 300 mm (Agrate et Crolles) et en carbure de silicium vers le 200 mm (Catane), et redimensionnant notre base de coûts globale. Ce projet devrait aboutir à un renforcement de notre capacité à croître nos revenus avec une meilleure efficacité opérationnelle, se traduisant par des économies de coûts annuelles en millions de dollars dans le haut de la fourchette à trois chiffres à la fin 2027″, avait déclaré Jean-Marc Chéry fin octobre.
Une déclaration que la CFDT et la CGT de STMicroelelectronics jugent « préoccupantes ». « Cette pré-annonce du 31 octobre 2024 semble présager une restructuration d’ampleur, rejoignant le récent cortège de casse sociale et industrielle en France et en Europe », estiment les deux syndicats, qui ont décidé d’alerter les pouvoirs publics sur les possibles conséquences sur l’emploi de ces « économies de coûts », dans un courrier qui n’a par ailleurs pas été signé par les autres syndicats de STMicroelectronics, en l’occurrence CFE-CGC et l’UNSA.
Dans cette lettre rendue publique et adressée hier à Emmanuel Macron, Michel Barnier, ainsi qu’aux ministres Antoine Armand et Marc Ferracci, de même qu’à Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance et président du Conseil de surveillance de STMicroelectronics, et Thomas Courbe, de la Direction Générale des Entreprises, la CFDT et la CGT de ST s’interrogent sur « la stratégie industrielle du groupe en France et en particulier le devenir de toutes les usines non citées par M. Chéry et qui, à ce jour, ne sont structurellement pas en mesure de passer au 300 mm, ni au carbure de silicium (SiC) ni au nitrure de gallium (GaN). »
Les deux organisations syndicales s’inquiètent notamment des conséquences potentielles sur les Fab historiques françaises de Tours (150 mm), Crolles (200 mm) et Rousset (200 mm), ainsi que sur certains autres sites de production hors de France, comme ceux de Malte et de Bouskoura (Maroc). Le devenir des petits sites en France, tels que Le Mans, Rennes R&D, Rennes Back-end et Sophia) et des micro-sites satellites issus de rachats de start-up (Le Bourget du Lac, Saint-Germain-en-Laye, Toulouse), pose également question, selon la CFDT et la CGT du groupe.
« Quelles que soient les pistes envisagées pour atteindre les objectifs fixés pour l’entreprise, la préservation de l’emploi et des compétences industrielles stratégiques en France et en Europe doivent demeurer des lignes rouges qu’il convient de ne pas franchir. Ceci, d’autant que l’État Français est l’un des actionnaires majoritaires de l’entreprise, et que STMicroelectronics fait partie des entreprises qui bénéficient largement de subventions publiques, aides, crédits d’impôts, allègements de cotisations sociales, etc. », indiquent les deux syndicats dans ce courrier.
Ces derniers ont par ailleurs demandé « la tenue immédiate de sessions extraordinaires du CSE Central et de l’European Works Council (Comité de Groupe Européen), au cours desquelles le Pdg viendrait présenter en détail sa vision, sa stratégie industrielle (France, Europe, Monde), ainsi que les mesures qui lui permettraient de mettre en œuvre la réduction de coûts annoncée ». Demande qui n’a pas été acceptée, selon la CFDT et la CGT, la direction de ST ayant indiqué qu’elle répondrait aux interrogations lors du CSE Central ordinaire du 18 décembre 2024.
D’ici là, le 20 novembre prochain, se tiendront les « Capital Days » de STMicroelectronics, un événement destiné aux marchés financiers et à la presse, au cours duquel le groupe ne manquera pas d’être interrogé sur le détail du plan annoncé par Jean-Marc Chéry le 31 octobre dernier.