Electronique imprimée : Non, les Européens ne sont pas en retard

Même les Nord-Américains le reconnaissent : loin d’être en retard, les industriels européens sont certainement les plus dynamiques en matière d’innovation dans l’électronique imprimée. Seule une compréhension et une volonté politique d’accompagner l’essor de la filière manquent encore au rendez-vous.

« L’électronique imprimée est un domaine multidisciplinaire par excellence, un domaine où, vous autres Européens êtes en avance sur les Américains », affirmait ainsi sans ambages, Mario Leclerc, professeur à l’université de Laval, au Québec, et titulaire d’une chaire de recherche au Canada sur les polymères électroactifs et phoactifs, à l’occasion des Rencontres de l’électronique imprimées. En matière de financement public des programmes de recherche, l’Europe concentre les subventions et est très avance sur le reste du monde et notamment sur l’Amérique du Nord, qui accorde ses aides au compte-goutte. Mais manque à l’Europe, une vision politique pour tirer parti de ces avancées.

« Quand mon homologue à Taïwan a été désigné, il a été immédiatement convoqué par le ministre de l’économie et de l’industrie du pays. Ce dernier voulait un topo pour comprendre en quoi l’électronique imprimée pouvait mettre en danger l’industrie des semiconducteurs de Taïwan, un secteur vital pour le pays », raconte Mario Leclerc. « Imaginez-vous être convoqué par votre ministre de l’industrie en France  », interroge-t-il ?

Tony Maindron, chercheur au Léti, est plus nuancé : « En Europe, on ne pourra pas rattraper l’Asie pour la fabrication d’écrans Oled de grande taille, car les investissements pour construire des usines seraient beaucoup trop importants », reconnaît le chercheur. Même les Coréens recyclent des usines LCD pour fabriquer des Oled, afin de diminuer le ticket d’entrée dans cette technologie. Pour le chercheur, l’Europe a en revanche encore son mot à dire dans les micro-afficheurs, à l’instar de la start-up MicroOled créée à partir des travaux du Léti.