Jean-Marc Chéry sur la sellette ?
Selon le journal Les Échos, le gouvernement italien chercherait à pousser le CEO de STMicroelectronics vers la sortie, pour le remplacer par un dirigeant italien.
Jean-Marc Chéry pourra-t-il aller jusqu’au bout de son troisième mandat à la tête de STMicroelectronics ? Rien n’est moins sûr, si l’on en croit notre confrère Les Échos qui, citant des sources au cœur du ministère italien de l’Économie, indique que le gouvernement de Georgia Meloni chercherait à évincer le patron français. Rappelons que les gouvernements français (via Bpifrance) et italien sont actionnaires, à parts égales, de STMicroelectronics. Ils détiennent à eux deux 27,5% du groupe franco-italien.
© STMicroelectronics
CEO de ST depuis 2018, Jean-Marc Chery paierait notamment les mauvais résultats financiers du groupe en 2024, qui a notamment vu son chiffre d’affaires annuel baisser de 23,2%, à 13,3 milliards de dollars, et son bénéfice d’exploitation chuter de 63,7%, à 1676 millions de dollars, à cause de difficultés rencontrées sur ses principaux marchés, notamment dans l’automobile et l’industriel. Tout aussi inquiétant, ST a également affiché des perspectives pessimistes pour le premier trimestre 2025 et n’a donné aucune prévision pour l’ensemble de l’année 2025.
Toujours selon le quotidien économique, le gouvernement italien s’interroge également sur la gouvernance du dirigeant français. Il lui rapprocherait notamment de favoriser la France au détriment de l’Italie, le comité exécutif de ST étant aujourd’hui composé de trois Italiens sur neuf membres, contre cinq Italiens sur huit membres en 2018.
Autre objet de crispation : un projet de suppression de 2000 à 3000 postes en France et en Italie, soit jusqu’à 6% des effectifs du groupe, sur la base de départs volontaires, notamment de mises à la retraite anticipées, dans le cadre d’un plan d’économie lancé en octobre dernier par Jean-Marc Chery. Là encore, le gouvernement italien s’inquiéterait que ce plan pénalise davantage les salariés italiens que français.
Ce n’est pas la première fois que le CEO de ST est dans le collimateur du gouvernement italien. Alors qu’en septembre 2023, le Conseil de surveillance de STMicroelectronics avait demandé à Jean-Marc Chéry de rempiler pour un troisième mandat à la tête du groupe, la validation de sa reconduction en mai 2024 s’était heurtée à une réserve du ministère italien de l’Économie, avant d’être finalement acceptée, avec l’appui du gouvernement français.
Bref, après l’ère Pasquale Pistorio, puis Carlo Bozotti, il est fort probable qu’un Italien soit le prochain patron de ST.
