Le collectif français « Makers for life » prépare la production du respirateur MakAir
Un collectif de bénévoles initié par 5 entrepreneurs Nantais lance le MakAir, un respirateur artificiel conçu en quelques semaines par plus de 250 femmes et hommes de toute la France. Soutenu et financé par le CEA, des PME, des industriels, des centres hospitaliers, des académiques et des collectivités, le MakAir attend maintenant l’autorisation de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) pour démarrer les essais cliniques et la production en volume. Plusieurs centaines d’unités pourraient être produites d’ici fin avril avec le soutien d’industriels ; un transfert industriel est envisagé chez Renault et SEB.
Face à l’urgence sanitaire liée à la pandémie de Coivd-19, le collectif français « Makers for life” est né de l’initiative d’entrepreneurs nantais, de makers, de chercheurs, de professionnels de santé et d’ingénieurs, souligne le CEA.
Depuis le 17 mars, le collectif travaille pour prototyper et produire un respirateur artificiel simplifié, avec intubation, exclusivement dédié au traitement du Covid-19. Le MakAir est pensé dans le respect strict des règles visant à garantir la sécurité du patient et conçu selon les recommandations des sociétés savantes (SFAR – Société Française d’Anesthésie et de Réanimation, SFMC – Société Française de Médecine de Catastrophe, SRLF – Société de réanimation de langue française). Ce respirateur respecte les exigences des dispositifs médicaux de classe IIb, assure le collectif.
Le MakAir pourra être utilisé pour traiter les insuffisances respiratoires liés au Covid-19 au sein des établissements hospitaliers français en soutien des dispositifs existants et dans les pays faisant face à des pénuries de respirateurs.
Dès le départ, le contact avec des dizaines de chercheurs et de professionnels de l’Université de Nantes a permis d’assurer une bonne compréhension des besoins des patients et des médecins réanimateurs. Par la suite, le collectif Makers for Life s’est appuyé sur le CEA qui mis à disposition son centre d’innovation Y.Spot, ses équipes d’experts et ses salles blanches, son centre d’impression 3D Poudr’Innov et Clinatec qui fait le lien entre la technologie et la médecine. Le CEA a également amorcé le financement des fournisseurs pour permettre le décollage rapide du projet. Ce financement sera ensuite relayé par la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Vers un transfert industriel chez SEB et Renault pour une production à grande échelle
Les premiers prototypes MakAir ont subi des essais pré-cliniques supervisés par le Pr E. L’Her (Faculté de Médecine de Brest, Praticien Hospitalier, CESIM, médecin réanimateur, conseil scientifique) et le Pr A. Roquilly (Faculté de Médecine de Nantes, Praticien Hospitalier, médecin anesthésiste et réanimateur, immunologiste). Les essais cliniques, selon un protocole en cours d’examen par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), devraient démarrer prochainement sous la responsabilité du CHU de Nantes, qui en est le promoteur et la Région Auvergne Rhône Alpes portant le rôle de fabricant. Sous réserve de leur succès et de l’obtention d’une dérogation par l’ANSM, plusieurs centaines d’unités pourraient être produites d’ici fin avril avec le soutien d’industriels. Le transfert industriel a par ailleurs été engagé avec le groupe Renault pour une production à plus grande échelle sur son site du Technocentre à Guyancourt, mais aussi avec le groupe SEB sur son site de Vernon en Normandie.
Le projet a également reçu le soutien de collectivités, en premier lieu de la Métropole de Nantes et de la région Pays de la Loire et bien sûr de la région Auvergne-Rhône-Alpes qui a accepté de prendre le rôle de fabricant du respirateur dans le dossier déposé le 10 avril auprès de l’ANSM en vue d’obtenir l’autorisation des essais cliniques.
Le collectif Makers For Life a reçu un soutien généreux d’industriels et de start-up – don de matériel, soutien en compétences – dont STMicroelectronics, HP France, Legrand, Michelin, Parrot, Tronico, Diabeloop, SleepInnov…
Enfin le projet, par l’intermédiaire du CHU de Nantes et de l’Université de Nantes a été sélectionné parmi les tout premiers par l’Agence d’Innovation de Défense (AID) dans le cadre de son Appel à projets de solutions innovantes pour lutter contre le Covid-19. La subvention obtenue est destinée à financer la recherche et les essais cliniques.
Les partenaires du projet
Porteurs principaux du projet : Makers For Life, CHU de Nantes, Université de Nantes et CEA
Collectivités, Administrations et Associations : Région Auvergne Rhône-Alpes, Région Pays de Loire, Nantes Métropole, DGE, AID, SFMC
Partenaires industriels : STMicroelectronics, HP France, Parrot, Tronico, Groupe Renault, Groupe SEB, Michelin, Legrand, Diabeloop, SleepInnov
Partenaires académiques et hospitaliers : CHRU Brest, CHU de Grenoble, L’école du design, IUT Nantes, Centrale Nantes, Clinatec
Partenaires plasturgies : Innovation Plasturgie Composites, Georges Pernoud, Zedes, Seco Industries, Fédération de la Plasturgie et des Composites, DPH International, Moules Soufflage Injection
Partenaires entreprises : Clever Cloud, Crisp, RTSys, Jabby Technologies, SenX, QBMaker, MD101 Consulting, Sleepinnov, Le Palace, Dici Design Renault Sport, Cooprint, Pierre Pezet, Iliad, Altran, Oxygen Ouest, Le Palace, ASI, Semtech, Farnell, Association Ping, Extia, Aptatio, Safran, HP, Algolinked
Hommes et Femmes clés : Julien Tanguy, Morgane Soulard, Volodia Lepron, Pierre Papin, Clément Niclot, Cherine Kamel, Quentin Adam, Sandra Roze, Valérian Saliou, Edyta Bourgeais, Vincent Le Cunff, Marc Julien, Gabriel Moneyron, Gautier de Saint Martin Lacaze, David Sferruzza, Emmanuel Feller, Grégory Thibord, Erik Huneker, Cyril Michaud, Baptiste Jamin, Pierre-Antoine Gourraud, Stéphane Bernier, Arthur Dagard, Quentin Bouquin, Maud Plombas
Le collectif a été fondé par Quentin Adam (CEO de Clever Cloud), Baptiste Jamin, Valerian Saliou (Cofondateurs Crisp), Emmanuel Feller (Clever Cloud) et par le Pr. Pierre-Antoine Gourraud (enseignant-chercheur à l’Université de Nantes et praticien hospitalier au CHU de Nantes). Erik Huneker et Marc Julien (Cofondateurs Diabeloop) ont très rapidement pris part au décollage du projet.
Le collectif a mobilisé plus de 250 bénévoles, hommes et femmes, indépendants ou issus de petites entreprises, d’ETI, d’industriels, dans une synergie et un rythme de travail effréné (R&D organisé en 24/7). Une partie des membres s’est même confinée loin de leurs familles afin de permettre la réalisation de ce projet fou. C’est une collaboration inédite entre petite, moyennes et grandes entreprises, entre institutions et universités, entre public et privé, qui montre la capacité de l’inventivité et de l’industrie française, salue le CEA.