Le marché français des semiconducteurs poursuit sa baisse
Selon Acsiel, le marché français des semiconducteurs a enchaîné un sixième trimestre consécutif de baisse séquentielle, au cours du deuxième trimestre 2024. Avec un repli de 8% par rapport au trimestre précédent, il s’établit à 545 millions d’euros.
Le marché français des semiconducteurs est resté orienté à la baisse lors du deuxième trimestre 2024, enchaînant un sixième trimestre consécutif de baisse séquentielle, selon Acsiel Alliance Électronique. Avec pour conséquence un indice en moyenne annuelle glissante qui affiche la valeur la plus basse depuis le troisième trimestre 2022 (voir illustration ci-dessous).
Selon l’organisation professionnelle, au cours du deuxième trimestre 2024, le marché français des semiconducteurs s’est contracté de 8% par rapport au trimestre précédent, pour s’établir à 545 M€. Il s’agit d’un recul plus prononcé que celui de l’ensemble du marché européen estimé à 3% sur cette même période par le WSTS. Sur les six premiers mois de l’année, le marché français des semiconducteurs a affiché un repli de 19% par rapport au premier semestre 2023, repli qui affecte sensiblement la distribution (-23%) mais aussi les ventes directes (-16%).
Au deuxième trimestre, Acsiel a constaté une baisse sur tous les segments représentatifs du marché français, à savoir les smart-card, le secteur aéronautique/spatial/défense, l’automobile et l’industriel, classés ici dans l’ordre décroissant de leur contribution à la baisse. En toute logique, les grandes familles de produits très présentes dans ces segments de marché (analogique, Mos Micros, logique Mos) sont celles qui ont pesé le plus lourd dans le recul des ventes directes. Du côté des capteurs/actuateurs et des composants discrets, une faible croissance est observée mais son impact est insignifiant, note Acsiel.
Plusieurs causes, bien identifiées, expliquent ce recul conjoncturel, selon l’organisation professionnelle. Tout d’abord, la correction des stocks n’est pas encore finalisée, contrairement à ce qui était espéré en début d’année. « Cela concerne notamment les ventes à la distribution qui ont battu des records en 2022 et 2023, ainsi que le vaste segment industriel, lequel constitue d’ailleurs la part majoritaire des ventes des distributeurs au client final », précise Acsiel.
Le segment automobile subit, quant à lui, le coup de frein sur l’électrique. « Le segment est touché par la baisse non anticipée des ventes de véhicules 100% électriques, avec un report sur les véhicules hybrides et thermiques pour lesquels le contenu en semiconducteurs est moindre, déplore l’organisation professionnelle. A cela s’ajoute la forte concurrence chinoise qui ne fait qu’accroître la pression sur l’industrie automobile européenne avec des répercussions directes sur toute la filière électronique. »
Enfin, le secteur de la défense fait face à une forte demande mais la production ne suit pas toujours, ce qui peut provoquer des à-coups dans la demande de composants.
Le marché français du semiconducteur est donc dans une passe difficile, à l’instar du marché européen dans son ensemble qui vient de connaître trois trimestres consécutifs de baisse séquentielle. Acsiel note toutefois que la situation du marché allemand des composants électroniques est encore plus préoccupante que celle du marché français. Dans ce contexte de recul des ventes en Europe, l’augmentation du coût des matières premières ajoute à la difficulté des acteurs européens de la filière électronique.
Sur le long terme, les perspectives de l’électronique restent très bien orientées, à condition de poursuivre les efforts, notamment au niveau européen. « Les acteurs de la filière pensent qu’il est plus que jamais nécessaire d’amplifier et d’accélérer la construction d’une politique européenne favorable à la productivité et à l’investissement. Il ne faut en aucun cas baisser la garde face à la concurrence extra-européenne. Des actions fortes et rapides de la Commission européenne dans ce sens sont absolument essentielles à la poursuite de cette stratégie de souveraineté », prévient Acsiel.