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Le cœur de Carmat pourrait s’arrêter de battre le 14 octobre

Le cœur de Carmat pourrait s’arrêter de battre le 14 octobre

La pépite française, qui a mis au point Aeson, le premier cœur artificiel physiologique au monde, à la fois hautement hémocompatible, pulsatile et auto-régulé, sera placée en liquide judiciaire le 14 octobre prochain si aucun repreneur ou investisseur ne se manifeste d’ici là.

Véritable pépite de la Medtech française et de l’électronique médicale, Carmat, société francilienne qui a développé un cœur artificiel total visant à offrir une alternative thérapeutique aux malades souffrant d’insuffisance cardiaque biventriculaire avancée, lutte elle aussi pour sa survie. Dans un communiqué publié le 1er octobre, Carmat précise en effet que si aucun repreneur ou investisseur ne se manifeste d’ici le 14 octobre prochain, le Tribunal des activités économiques de Versailles prononcera sa liquidation judiciaire.

© Carmat

Les choses se sont précipitées en juin dernier, lorsque, faute de financement, la société évoque une situation financière critique, avec risque de cessation de paiement dès fin juin, puis annonce l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire le 1er juillet par le Tribunal des activités économiques de Versailles. En désespoir de cause, Carmat, qui comptait alors environ 180 collaborateurs, avait même lancé, quelques jours auparavant, une campagne de dons pour contribuer à son financement et à la poursuite de ses activités. Pour continuer sa mission, l’entreprise avait alors besoin d’un financement de 3,5 millions d’euros dans l’immédiat et d’un total d’environ 35 M€ à horizon de 12 mois.

A l’issue d’un processus d’appel d’offres lancé dans le cadre de la procédure de redressement judiciaire, l’administrateur judiciaire a reçu, le 31 juillet 2025, une offre de reprise émanant de la société Hougou, un « family office » de Pierre Bastid, le président du conseil d’administration de Carmat et actionnaire de la société à hauteur d’environ 17%.

Lors d’une audience tenue le 19 août 2025, le tribunal a accordé au repreneur un délai supplémentaire pour finaliser son offre et lever les conditions suspensives, avant de constater, le 30 septembre, lors d’une nouvelle audience, que l’offre de la société Hougou n’était pas recevable, faute d’avoir obtenu les financements nécessaires à la reprise. L’administrateur judiciaire a alors déposé auprès du Tribunal une requête en vue de convertir la procédure de redressement judiciaire en liquidation judiciaire, qui sera donc examinée le 14 octobre, après que le Tribunal ait accordé à Carmat un nouveau délai de deux semaines.

« A ce stade, il est donc extrêmement probable que le Tribunal sera amené, le 14 octobre 2025, à prononcer la liquidation judiciaire de la société, dont les activités cesseront alors », indique le communiqué de l’entreprise, qui précise que « Carmat fait du support des patients qui bénéficient actuellement de notre cœur artificiel sa priorité et s’efforcera de faire en sorte que celui-ci soit assuré, même en cas de liquidation judiciaire sans poursuite d’activité ».

Si, comme attendu, la liquidation judiciaire est prononcée, l’histoire de Carmat s’ajoutera à la longue liste des pépites technologiques françaises fauchées dans leur élan pour des raisons financières. Comptant parmi les Medtech les plus innovantes au monde, l’entreprise a développé Aeson, le premier cœur artificiel physiologique au monde, à la fois hautement hémocompatible, pulsatile et auto-régulé. Imaginé par le professeur Alain Carpentier et développé par les ingénieurs de Carmat, Aeson réplique ainsi le fonctionnement d’un cœur humain.

« Après 30 ans de recherche et 120 patients traités, Aeson est devenu le cœur artificiel le plus abouti au monde et la solution la plus crédible pour répondre au défi majeur de l’insuffisance cardiaque avancée, déclarait, en juin dernier, Stéphane Piat, directeur général de Carmat. Cette maladie représente actuellement la première cause de mortalité dans le monde. Le traitement de référence reste à ce jour la greffe cardiaque, mais les greffons humains ne sont malheureusement pas disponibles en nombre suffisant, ce qui signifie que des milliers de patients sont laissés sans solution chaque année. »

Fondée en 2008, Carmat est implantée en région parisienne, dans les Yvelines, avec son siège social à Vélizy-Villacoublay et son site de production à Bois-d’Arcy. En 2024, l’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 7 M€ (contre 2,8 M€ en 2023) tandis que ses pertes d’exploitation ont atteint 49,2 M€ (contre 52,5 M€ en 2023) et ses pertes nettes 51,4 M€ (contre 53,9 M€ en 2023).

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