Stellantis, MBDA et Arkema investissent dans Tiamat, start-up française spécialisée dans les batteries sodium-ion
Spin-off du CNRS créée en 2017, cette start-up basée à Amiens, qui vient de lever 22 millions d’euros, ambitionne de construire en France une gigafactory entièrement dédiée à la production de cellules de batterie sodium-ion.
Alors qu’elles sont largement utilisées dans les véhicules électriques, les batteries lithium-ion ne sont pas exemptes de défauts, à commencer par leur coût, mais aussi leur durée de recharge et les contraintes potentielles liées à l’approvisionnement en métaux rares comme le lithium et le cobalt. Aussi, les constructeurs automobiles recherchent-ils des alternatives.
L’une des options de rechange possibles réside dans la technologie sodium-ion. L’un des pionniers en la matière, la start-up française Tiamat, est mise sous les feux de la rampe alors qu’elle vient de lever 22 millions d’euros auprès de poids lourds industriels tels que Stellantis (via son fonds de capital-risque Stellantis Ventures), MBDA et Arkema. Il faut dire que la technologie sans lithium ni cobalt de cette spin-off du CNRS créée en 2017 et basée à Amiens, est prometteuse.
Outre le fait qu’elle s’affranchit des problèmes potentiels d’approvisionnement de ces métaux, alors que le sodium est disponible en abondance, le processus chimique des batteries sodium-ion doit permettre de réduire les coûts et d’améliorer la durabilité des batteries par rapport à la technologie lithium-ion, mais aussi d’améliorer leurs performances à basse température, ainsi que leur vitesse de recharge. Mais aussi prometteuse soit-elle, la technologie sodium-ion ne fournit pas suffisamment d’énergie, à l’heure actuelle, pour fabriquer des batteries permettant de propulser des véhicules électriques. Les batteries de Tiamat équipent pour le moment des outils de bricolage électriques, mais l’objectif de la jeune pousse française est bien, à terme, de cibler le véhicule électrique.
La levée de fonds de 22 M€ permettra de soutenir le projet de l’entreprise qui vise, avec le soutien de l’État et de l’Union Européenne, la construction en France d’une gigafactory d’une capacité de 5 GWh, entièrement dédiée à la production de cellules de batterie sodium-ion. Une première tranche de 0,7 GWh pourrait être opérationnelle dès la fin 2025, avec un millier d’emplois générés à terme. Cette usine sera destinée, dans un premier temps, aux batteries dédiées aux outillages électriques et aux applications de stockage stationnaire, puis à des batteries de deuxième génération pour les véhicules électriques.
Stellantis investit dans diverses technologies de batteries
Tiamat est l’une des 11 start-up technologiques à avoir reçu le prix Stellantis Ventures en décembre 2023. La prise de participation du constructeur automobile s’avère somme toute logique. « L’exploration de nouvelles options pour des batteries plus durables et abordables utilisant des matières premières largement disponibles est un élément clé de nos ambitions dans le cadre de notre plan stratégique Dare Forward 2030, lequel nous permettra de parvenir à un bilan carbone net zéro d’ici 2038, assure Ned Curic, directeur technique de Stellantis. Nos clients demandent des véhicules non polluants qui offrent à la fois une grande autonomie, des performances élevées et un prix abordable. C’est la raison pour laquelle Stellantis et ses partenaires travaillent aujourd’hui à développer des technologies de pointe pour l’avenir. »
Pour soutenir cette ambition, Stellantis s’est assuré des approvisionnements en matières premières nécessaires aux véhicules électriques jusqu’en 2027 en signant des accords clés dans le monde entier. Le groupe investit également dans le développement de technologies alternatives pour le stockage de l’énergie, avec notamment les batteries à électrolyte solide en collaboration avec l’Américain Factorial Energy, la chimie lithium-soufre avec Lyten, un autre Américain, et donc la technologie sodium-ion avec le Français Tiamat.