Ursula Van der Leyen annonce un plan de 800 Md€ pour la défense européenne
Assouplir la règle des 3%, mettre en place des prêts à hauteur de 150 Md€, mobiliser des capitaux privés : telles sont les principales pistes évoquées par la présidente de la Commission européenne pour doper la défense des Vingt-Sept.
« L’heure de l’Europe a sonné et nous sommes prêts à passer à la vitesse supérieure. » C’est en ces mots qu’Ursula Van der Leyen, présidente de la Commission européenne, a conclu une lettre qu’elle vient d’adresser aux dirigeants des Vingt-Sept, dans laquelle elle dévoile un plan de 800 milliards d’euros destiné à soutenir les investissements des pays membres en matière de défense, en réaction aux récentes déclarations de Donald Trump.
« L’heure est au réarmement et l’Europe est prête à renforcer massivement ses dépenses en matière de défense, a-t-elle martelé. À la fois pour répondre, à court terme, à l’urgence de soutenir l’Ukraine, mais aussi pour satisfaire, à long terme, la nécessité d’assumer une responsabilité beaucoup plus importante dans la défense de notre propre sécurité. »
© Commission européenne
Nommé «ReArm Europe», le plan de 800 Md$ de la Commission européenne consiste en un ensemble de propositions sur la manière d’utiliser tous les leviers financiers à sa disposition pour aider les États membres à augmenter rapidement et significativement leurs dépenses en matière de capacités de défense.
Il s’agit en premier lieu d’activer la clause dérogatoire nationale du pacte de stabilité et de croissance. Déroger à la fameuse règle des 3% permettra aux États membres d’augmenter sensiblement leurs dépenses de défense sans déclencher la procédure de déficit excessif. Par exemple, si les États membres augmentaient, en moyenne, leurs dépenses de défense à hauteur de 1,5 % du PIB, cela permettrait de créer une marge de manœuvre budgétaire de près de 650 milliards d’euros sur quatre ans, précise Ursula van der Leyen.
La deuxième proposition consiste en un nouvel instrument, en l’occurrence l’attribution de 150 milliards d’euros de prêts aux États membres pour « dépenser mieux et ensemble ». L’enjeu porte sur des domaines capacitaires paneuropéens tels que la défense aérienne et antimissile, les systèmes d’artillerie, les missiles, les drones à munitions et les systèmes anti-drone, mais également sur d’autres besoins allant de la cybermobilité à la mobilité militaire, par exemple. Le plan permettra notamment aux États membres de mutualiser la demande et de procéder à des achats communs. Ce système de passation conjointe de marchés permettra également de diminuer les coûts, de réduire la fragmentation, d’accroître l’interopérabilité et de renforcer notre base industrielle de défense.
Une autre proposition concerne l’utilisation de la force du budget de l’UE avec l’objectif, sur le court terme, d’orienter davantage de fonds vers les investissements liés à la défense. Des possibilités et des incitations supplémentaires seront ainsi proposées aux États membres afin qu’ils puissent, s’ils le souhaitent, utiliser les programmes de la politique de cohésion pour augmenter les dépenses en matière de défense.
Enfin, la Commission propose de mobiliser les capitaux privés en accélérant la mise en place de l’Union de l’épargne et des investissements et en recourant à la Banque européenne d’investissement.
Ces propositions seront discutées jeudi avec les Vingt-Sept dans le cadre d’une réunion extraordinaire.