2,3 milliards d’euros pour la stratégie « start-up industrielles et deeptech »
Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’industrie, et Cédric O, secrétaire d’Etat chargé de la transition numérique et des communications électroniques, ont dévoilé, lors d’une visite de l’usine d’Exotec à Croix (59), la stratégie « Start-up industrielles et deeptech » qui mobilisera 2,3 milliards d’euros pour faire passer les start-up deeptech de l’étape de l’innovation à celle de l’industrialisation.
Cette stratégie de soutien à l’industrialisation des start-up s’inscrit dans le plan France 2030, avec l’ambition de transformer le potentiel d’innovation en capacité de production, notamment dans des secteurs stratégiques pour la transition écologique et énergétique, et de faire émerger des acteurs d’importance européenne et mondiale sur le territoire français. À l’horizon 2025, cette stratégie devra permettre l’accompagnement annuel de 500 entreprises et le développement de près de 100 sites industriels par an, rejoignant ainsi l’objectif de la « French Tech » de faire émerger 10 géants de la tech d’ici à 3 ans.
Concernant les profils des start-up deeptech, outre Exotec, citons par exemple, en électronique, I-Ten (pour ses micro-batteries Li-Ion) ou encore Aledia (pour ses puces microLEDs).
En soutenant l’innovation à travers les Programmes d’investissements d’avenir (PIA) et le plan deeptech, les pouvoirs publics ont contribué à l’émergence de 1500 start-up ou PME innovantes à vocation industrielle, situées pour les deux tiers hors d’Ile-de-France. Cependant, malgré un potentiel très important, le gouvernement estime que le nombre de start-up passant de l’étape de l’innovation à celle de l’industrialisation demeure limité en raison de freins administratifs et réglementaires, ainsi qu’un manque de financements pour les projets en phase d’industrialisation, jugés trop risqués.
C’est dans ce contexte que les ministres ont présenté la stratégie « Start-up industrielles et deeptech ». Dotée de 2,3 milliards d’euros, cette stratégie comprend trois axes.
Un plan dédié au financement de l’industrialisation des start-up et PME innovantes constitue le premier axe. Dans ce cadre, un appel à projets « Première usine » pluriannuel est ouvert et doté de 550 millions d’euros pour des aides à des projets d’industrialisation (voir cahier des charges). Des prêts de 3 à 15 millions d’euros seront également lancés début mars 2022 pour financer la phase de démonstrateur industriel ou d’usine pilote et soutenir ainsi la transition entre le prototype fonctionnel et l’usine de production. Deux créations de fonds pour investir en fonds propres complètent le dispositif : un fonds successeur au fonds Société de projets industriels (SPI2) doté de 1 milliard d’euros permettra de financer directement en fonds propres la première industrialisation d’une technologie innovante (le fonds pourra également financer avec des tickets inférieurs à 5 millions d’euros des projets de pré-industrialisation) ; un Fonds national de venture industriel (FNVI), doté de 350 millions d’euros, devra faire émerger des fonds de capital-risque capables d’accompagner les start-up dans leur industrialisation.
Le deuxième axe vise au renforcement du soutien à l’émergence des deeptech (275 millions d’euros), via notamment la Bourse French Tech émergence (BFTE), en prévoyant une hausse globale des moyens alloués à la BFTE de 50 millions d’euros pour les 5 prochaines années (2022-2026), ainsi que l’aide au développement deeptech, en prévoyant une augmentation globale de 150 millions d’euros pour les 5 prochaines années (2022-2026).
Troisème axe enfin, la création d’un guichet unique piloté par la Mission French Tech, dédié aux start-up industrielles afin de faciliter leur accès aux dispositifs d’accompagnement de l’Etat et leur information sur les dispositifs de financement publics. La Mission French Tech en partenariat avec l’ensemble des acteurs de l’Etat et des partenaires publics, proposera une information sur les dispositifs de financement et un accompagnement sur la mobilisation des leviers de l’Etat en matière industrielle. Les start-up pourront mobiliser, par exemple, un appui sur l’accès au foncier, la recherche de site, les freins réglementaires ou encore les demandes d’autorisations.
Le guichet est accessible ici : Guichet French Tech Start-up Industrielles
« Comme le montre l’exemple d’Exotec, opposer start-up et industrie n’a pas de sens. Bien au contraire, les start-up industrielles et PME innovantes ont un rôle majeur à jouer dans la reconquête industrielle de notre pays. Alors qu’un tiers d’entre elles sont positionnées sur des ruptures technologiques fortement créatrices d’emplois, nous devons lever les freins au développement, au financement et à l’industrialisation de leurs projets sur notre territoire. C’est tout le sens de la stratégie que nous présentons aujourd’hui, dans la continuité du plan France Relance et du plan d’investissement France 2030. Nous nous donnons les moyens de nos ambitions pour permettre l’émergence de futurs champions français », a commenté Agnès Pannier-Runacher.
Alors qu’Exotec a franchi la barre des deux milliards de valorisation, une première pour une start-up industrielle, elle est devenue la 25e licorne française, illustrant ainsi la vitalité de la French Tech et son potentiel de réindustrialisation du territoire français par l’innovation. Fondée en 2015, Exotec conçoit et fabrique la solution « SKYPOD », système robotisé de préparation de commande par une flotte de robots, appliqué à l’e-commerce, au retail ou encore à l’industrie (voir notre article). Membre de la French Tech 120, cette start-up industrielle, qui emploie 300 collaborateurs, prévoit de recruter 500 ingénieurs en R&D supplémentaires d’ici 2025.
« Nous faisons le pari des acteurs émergents et de l’excellence technologique pour relever les défis de notre temps et réindustrialiser nos territoires. Exotec, près de Roubaix, prévoit ainsi de recruter 500 ingénieurs en R&D dans les prochaines années ; Ynsect et Innovafeed ont mis en place des programmes de formation pour recréer des emplois industriels à l’échelon local ; Aledia près de Grenoble qui va créer 500 nouveaux emplois d’ici 2025. Mais les freins à l’industrialisation sont encore nombreux et notre stratégie a vocation à répondre à ces défis spécifiques, tant en termes de financement que d’accompagnement », a ajouté Cédric O.
Détail des mesures de la stratégie « start-up industrielles et deeptech »