Forte accélération de l’innovation mondiale dans les objets connectés intelligents
Une étude publiée par l’Office européen des brevets (OEB) montre que l’innovation dans les technologies de la quatrième révolution industrielle (4RI), qui englobent l’Internet des objets, les big data, la 5G et l’intelligence artificielle (IA), s’est considérablement accélérée au cours de la dernière décennie.
Entre 2010 et 2018, les demandes de brevets au niveau mondial pour ces technologies, qui concernent les objets connectés intelligents, ont augmenté à un taux annuel moyen de près de 20%, soit près de cinq fois plus vite que la moyenne de tous les domaines technologiques.
Intitulée « Brevets et quatrième révolution industrielle : les évolutions technologiques mondiales à l’origine de l’économie des données », l’étude examine toutes les familles de brevets internationales (FBI) dans le monde relatives aux technologies 4RI entre 2000 et 2018. Elle révèle que près de 40 000 nouvelles FBI ont été déposées pour ces technologies rien qu’en 2018. Cela signifie qu’elles représentaient plus de 10% de l’ensemble de l’activité brevets dans le monde cette année-là.
« Des constellations de dispositifs intelligents et connectés, un Internet sans fil plus rapide, les big data et l’IA transforment l’économie mondiale et ont un impact profond dans de nombreux secteurs, de l’industrie aux soins de santé en passant par les transports », commente le président de l’OEB, António Campinos. « Ce que nous observons n’est pas seulement une accélération du développement des technologies de l’information et de la communication, mais c’est aussi un changement majeur vers une économie entièrement basée sur les données. Si l’Europe ne connaît pas une croissance aussi rapide que d’autres régions, notre force réside dans la diversité de notre écosystème de l’innovation, dans les bonnes performances de certains petits pays avec leurs niveaux élevés de spécialisation, et dans certains pôles d’innovation régionaux », détaille António Campinos.
En ce qui concerne les domaines technologiques, l’étude constate que l’innovation a connu un essor particulier dans les domaines de la connectivité et de la gestion des données. Avec près de 14 000 FBI en 2018, et une croissance annuelle de 26,7% depuis 2010, la connectivité, qui comprend les protocoles ainsi que la communication à courte et longue distance, est le plus vaste de tous les domaines technologiques analysés. Cette progression est largement due au développement de la 5G, qui favorisera le déploiement massif des technologies 4RI. La gestion des données, qui englobe toutes les technologies visant à exploiter les données, depuis leur création, leur traitement et leur analyse jusqu’à la formulation et l’exécution d’une instruction au niveau des objets connectés (feedback), a enregistré une croissance annuelle moyenne de 22,5% depuis 2010, et comptait en 2018 plus de 11 000 FBI.
Les Etats-Unis en tête, l’Europe perd du terrain
En ce qui concerne l’origine géographique de l’innovation liée à la 4RI, l’étude confirme les Etats-Unis comme leader mondial, représentant environ un tiers de toutes les inventions entre 2000 et 2018, contre environ un cinquième pour l’Europe et le Japon. Les Etats-Unis ont même renforcé leur avance en matière de demandes de brevet dans le monde depuis 2010, avec une croissance annuelle moyenne de 18,5%, ce qui est plus rapide que l’Europe et le Japon (taux de croissance annuel moyen de 15,5% et 15,8% respectivement sur la même période).
Partant de niveaux très bas à la fin des années 2000, l’activité d’innovation de la Chine et de la Corée du Sud a augmenté à un rythme très élevé (affichant une croissance annuelle moyenne de 39,3% et 25,2% respectivement, de 2010 à 2018). L’émergence rapide de la Chine et de la Corée du Sud, ainsi que le fort développement des demandes de brevet provenant d’autres régions ont fait perdre du terrain à l’Europe par rapport aux autres centres mondiaux d’innovations liées à la 4RI.
En Europe, l’Allemagne a produit à elle seule 29% de tous les brevets relatifs à la 4RI générés par des entreprises et des inventeurs européens entre 2000 et 2018, soit plus du double de la contribution du Royaume-Uni (14,3%) et de la France (12,5%). Toutefois, la croissance moyenne de l’innovation liée à la 4RI dans ces trois pays au cours de la dernière décennie a été bien inférieure à la moyenne mondiale (+19,7%). En revanche, les pays européens qui ont connu la croissance la plus rapide sont la Suède (+22,6%) et la Suisse (+19,6%), qui ont enregistré de 2010 à 2018 des augmentations des FBI égales, voire supérieures, à la moyenne mondiale. Plusieurs petites économies européennes, notamment la Suède (10,1% de l’ensemble des FBI européens depuis 2000), les Pays-Bas (7,7%), la Finlande (6,9%) et la Suisse (3,5%), contribuent ainsi de manière significative à l’innovation liée à la 4RI en Europe. En outre, la Finlande et la Suède sont les champions européens en matière de FBI par million d’habitants (651 et 524 respectivement sur la période 2000-2018), ce qui est comparable à la Corée du Sud (525).
Les dix premiers demandeurs pour la période 2010-2018 représentaient près d’un quart de l’ensemble des FBI pour les technologies 4IR. Le classement est mené par les sociétés sud-coréennes Samsung et LG, et comprend également quatre sociétés américaines, deux sociétés européennes, une japonaise et une chinoise. La comparaison avec le classement pour la période 2000-2009 montre que les premiers demandeurs européens et japonais ont perdu du terrain par rapport à leurs homologues américains, sud-coréens et chinois depuis 2010.
Paris, 19e pôle mondial pour l’innovation liée à la 4RI
Les activités de recherche et d’innovation sont souvent concentrées géographiquement dans des pôles régionaux, généralement dans de grandes agglomérations disposant d’un écosystème d’organismes de recherche et de grandes entreprises. Les 20 premiers pôles d’innovation liés à la 4RI identifiés dans cette étude sont à l’origine de plus de la moitié (56,3%) de toutes les FBI enregistrées entre 2010 et 2018. En tête du classement se trouvent 13 pôles asiatiques et américains, suivis de sept pôles situés en Europe et au Moyen-Orient. Au 19e rang, Paris se situe derrière Tel-Aviv (14e), Eindhoven (15e), Londres (16e), Munich (17e) et Stockholm (18e), mais devant Stuttgart (20e).