Un revêtement innovant pour remplacer les faisceaux électriques dans les véhicules ?
Segula Technologies et ArcelorMittal ont développé un procédé permettant d’imprimer des pistes électriques directement dans les éléments de carrosserie afin de supprimer autant que possible les faisceaux électriques qui alourdissent les voitures et les rendent plus polluantes.
A l’heure où les considérations environnementales imposent des véhicules toujours plus “propres”, la réduction de la masse des voitures est un défi de tous les instants pour l’industrie automobile. Que ce soit pour réduire la consommation de carburant et les émissions polluantes des engins à moteur thermique ou pour accroître l’autonomie des véhicules électriques. Et le défi est d’autant plus grand que les voitures actuelles ont tendance à l’embonpoint du fait de l’ajout toujours plus poussé de systèmes embarqués de toute sorte.
C’est l’une des problématiques sur lesquelles travaille la société d’ingénierie française Segula Technologies dans le cadre d’un projet initié en 2016, en partenariat avec ArcelorMittal, et qui montre aujourd’hui des résultats prometteurs. Nommé E-Tric Tracks, ce projet est parti du constat que l’accroissement du nombre d’équipements électroniques dans les véhicules nécessite des faisceaux de câbles toujours plus nombreux, alourdissant du même coup les voitures de 40 à 50 kg. Les faisceaux de câbles constituent, par conséquent, un levier potentiellement important pour gagner du poids.
Le projet E-Tric Tracks, qui fait l’objet d’une demande de brevet international conjointe, a pour ambition, à terme, de réduire de moitié la masse des câbles électriques par voiture en les remplaçant – en tout cas, certains d’entre eux – par un revêtement intégrant les fonctions électriques dans la tôlerie.
La technologie et le procédé de revêtement développés par Segula reposent sur une très fine couche d’encre conductrice (épaisseur inférieure à 100 µm) intégrée entre les couches de protection de la tôlerie pour former des pistes de 20 mm de large au maximum. Imprimé sur un support métallique formable, ce revêtement multicouche peut, selon ses concepteurs, maintenir le courant électrique sur toute la longueur des pistes, résister à une haute tension d’allumage et satisfaire les exigences de température normale de fonctionnement. Cette technologie est par ailleurs compatible avec le bain de cataphorèse utilisé pour le dépôt de peinture industrielle.
Des débouchés dans l’automobile, mais pas seulement…
Segula Technologies estime que ce procédé pourrait permettre d’alimenter différents systèmes électriques dans un véhicule, par exemple les systèmes d’éclairage, les moteurs électriques des rétroviseurs, l’ouverture et la fermeture des vitres, etc., et, à terme, de remplacer 50% des faisceaux électriques d’un véhicule. Pour l’heure, le gain de poids potentiel est de l’ordre de 20%. Parmi les autres avantages mis en avant par Segula, citons également l’augmentation du volume utile, la réduction du nombre de composants, la simplification et la réduction de la durée des opérations de montage ou bien encore la diminution du prix de revient grâce à la réduction de l’encombrement des zones de stockage et de montage des câbles.
« E-Tric Tracks est un très bel exemple de la volonté de Segula d’élaborer des innovations de rupture à travers des projets co-opérés entre grands acteurs. Ses résultats sont le fruit d’une logique d’exploration commune d’idées novatrices précompétitives, et ils constituent une avancée remarquable pour une industrie de l’e-mobilité plus propre et plus performante », se réjouit Isabelle Dupret, Directrice Recherche et Innovation au sein du département automobile de Segula.
Bien que l’automobile soit le principal débouché visé, E-Tric Tracks s’adresse potentiellement à tous les acteurs de l’e-mobilité au sens large du terme, y compris le ferroviaire, le naval et l’aéronautique, mais également à toutes les applications impliquant de la basse tension, à l’exemple de l’électroménager.