Affaire Nexperia : vers une sortie de crise ?
L’heure est à la détente entre la Chine et l’Europe dans l’affaire Nexperia. Le ministère chinois du Commerce a annoncé samedi assouplir ses restrictions d’exportation de puces Nexperia vers l’Europe.
Les discussions, la semaine dernière, entre Américains et Chinois, lors de la rencontre entre Donald Trump et Xi Jinping en Corée du Sud, et entre Européens et Chinois, lors du déplacement d’une délégation chinoise à Bruxelles, semblent avoir porté leurs fruits quant à la résolution du conflit qui oppose la Chine et les Pays-Bas dans l’affaire Nexperia.
Dans un communiqué publié samedi 1er novembre, le ministère chinois du Commerce a indiqué qu’il comptait lever ses restrictions d’exportation vers l’Europe de certaines puces Nexperia, sans en préciser davantage. « Nous examinerons de manière exhaustive la situation réelle des entreprises et accorderons des exemptions aux exportations qui répondent aux critères », indique le communiqué.
L’UE et l’Allemagne n’ont pas manqué de souligner le « point positif » que représente la levée au moins partielle de ces restrictions. Bien qu’il soit encore trop tôt pour évaluer les conséquences de cette décision sur les clients européens de Nexperia, l’industrie automobile européenne, et plus particulièrement allemande, devrait accueillir avec soulagement la décision chinoise. Les organisations ECEA et VDA craignaient que les restrictions chinoises ne provoquent une pénurie de composants Nexperia, largement utilisés par les équipementiers automobiles européens, ce qui aurait pu engendrer des arrêts de production potentiels.

© Nexperia
Rappelons que tout a commencé le 12 octobre dernier, quand, invoquant des questions de sécurité nationale, le gouvernement néerlandais a décidé de prendre le contrôle de Nexperia – société basée à Nimègue, aux Pays-Bas, mais propriété du groupe chinois Wingtech Technology depuis 2019 – et de limoger son Pdg, Zhang Xuezheng.
Mais comme les puces de Nexperia sont conditionnées en Chine, à partir des wafers produits par Nexperia dans son usine de Hambourg et expédiés sur le site de Nexperia China, à Dongguan, la Chine avait un moyen de pression sur l’approvisionnement du marché européen en interdisant la réexpédition des puces Nexperia conditionnées vers l’Europe, ce qu’elle n’a pas manqué de faire.
Si l’heure semble donc à l’apaisement, cette affaire illustre, une fois de plus, le manque cruel de cohérence de la chaîne d’approvisionnement de l’Europe en matière de semiconducteurs et l’importance de disposer sur le sol européen de toutes les étapes de fabrication des puces, depuis la fabrications des wafers jusqu’à l’encapsulation et au test des puces, afin de ne pas paralyser tout un pan de l’industrie dès qu’un conflit géopolitique émerge. Preuve que depuis le Covid, les choses n’ont pas beaucoup changé, malgré la mise en place de la loi européenne sur les puces…


