Distribution en Europe : un troisième trimestre d’ivresse avant la gueule de bois ?
Contrairement à l’ensemble du marché des composants, les craintes d’un ralentissement de la croissance de la distribution européenne de composants électroniques ont été dissipées pour le moment avec un troisième trimestre étonnamment fort. Ainsi, le marché de la distribution de composants électroniques en Europe a progressé sur un an de 34% à 5,1 milliards d’euros, selon la DMASS.
Les ventes de semiconducteurs en Europe des distributeurs, telles que rapportées par les membres de l’association professionnelle, ont augmenté de 44,3% pour atteindre 3,58 milliards d’euros, le chiffre d’affaires le plus élevé jamais enregistré selon la DMASS. Les composants IP&E (interconnexion, passifs et électromécaniques) ont augmenté de 14,8% à 1,52 milliard d’euros.
« En lisant toutes les sombres perspectives du marché mondial des semiconducteurs, ces résultats du troisième trimestre ont de quoi surprendre. Si la disponibilité des composants avait été meilleure, je suis sûr que la distribution aurait pu livrer encore plus. La croissance significative est en réalité due à un mélange d’augmentations de prix, d’effets de taux de change et d’une meilleure disponibilité des composants chez les fabricants. Contrairement aux semiconducteurs, les produits IP&E voient déjà un changement sur le marché. Dans l’ensemble, nous avons atteint un plateau de ventes très élevé qu’il sera difficile de conserver l’année prochaine. Nous pensons que les clients ont déjà couvert une partie importante de leur demande de 2023 en 2022, comme on peut le voir avec la baisse des prises de commande », commente Hermann Reiter, président de la DMASS.
Semiconducteurs : +51%, à 231 M€ pour les ventes en France au 3e trimestre
Par zone géographiques, les ventes de semiconducteurs ont été très fortes dans tous les pays. L’Allemagne, le plus grand marché européen des semiconducteurs, a enregistré une croissance étonnante des ventes de puces via la distribution au 3e trimestre : +53% à 1,03 milliard d’euros. Le pays est suivi de l’Italie (+46%, à 322 millions d’euros), de la France (+51%, à 231 millions d’euros) et du Royaume-Uni (32,8% à 223 millions d’euros). L’Europe de l’Est a augmenté de 50%, à 651 millions d’euros, les pays nordiques de 47%, à 299 millions d’euros, Israël de 85%, à 167 millions d’euros, la péninsule ibérique de 59%, à 153 millions d’euros, le Benelux de 39%, à 136 millions d’euros, la Suisse de 47%, à 136 millions d’euros et l’Autriche de 66%, à 109 millions d’euros.
Au niveau des familles de produits, la situation a été plus hétérogène. Le marché européen de la distribution de composants MOS Micro, par exemple, a augmenté de 47% à 712 millions d’euros (+57% pour les seuls microcontrôleurs), celui des circuits analogiques de 46,7% à 1010 millions d’euros, celui des circuits de puissance de 37,4% à 413 millions d’euros. Le marché des mémoires a crû de 60% à 385 millions d’euros, celui de l’optoélectronique de seulement 7,9% à 257 millions d’euros. Le marché de la catégorie « autres circuits logiques » a progressé de 90,5% à 233 millions d’euros, et celui des circuits logiques programmables de 61% à 233 millions d’euros également. Enfin, les discrets ont augmenté de 21% à 185 millions d’euros et les capteurs (y compris les actionneurs) de 39% à 101 millions d’euros.
Composants IP&E : +15,8%, à 127 M€ pour les ventes en France au 3e trimestre
Les ventes de composants d’interconnexion, passifs et électromécaniques (IP&E) ont augmenté à un rythme plus lent que les semiconducteurs. Les ventes du troisième trimestre de 1,52 milliard d’euros se répartissent comme suit : le marché allemand a augmenté de 18,7%, à 411 millions d’euros, l’Italie de 11,8%, à 151 millions d’euros, la France de 15,8%, à 127 millions d’euros, le Royaume-Uni, de 20,4% à 151 millions d’euros, l’Europe de l’Est de 15,7%, à 205 millions d’euros et les pays nordiques de 13,6%, à 128 millions d’euros. Les produits électromécaniques en tant que groupe de produits le plus important (y compris les composants d’interconnexion) ont augmenté de 15,2%, à 807 millions d’euros, les passifs de 13%, à 622 millions d’euros et les alimentations électriques de 24,6%, à 92 millions d’euros.
« Avec une évolution du marché telle qu’elle a été constatée au cours des deux dernières années et des défis géopolitiques et économiques croissants, l’avenir à court terme devient de plus en plus imprévisible. Alors que les perspectives à long terme, en particulier pour les semiconducteurs, semblent bonnes, la faiblesse de la demande laisse déjà ses marques de dérapage sur le marché mondial de 2022 et pourrait bien conduire à une période cahoteuse à venir. L’Europe et en particulier la distribution ont fait preuve d’une grande résilience jusqu’à présent, et notre solide base industrielle recèle de nombreuses opportunités de croissance durable. La sensibilisation à la numérisation, à la transformation de l’infrastructure énergétique et à la nécessité de repenser les futurs concepts de vie et de mobilité est extrêmement élevée et, espérons-le, se traduira par des projets plus intéressants avec nos clients », commente Hermann Reiter.
Fondée en 1989, la DMASS, Distributors’ and Manufacturers’ Association of Semiconductor Specialists, compte à ce jour près de 40 membres actifs (dont, pour les distributeurs, Anglia, Arrow, Avnet EMEA, Codico, Digi-Key, EBV Elektronik, Farnell, Mouser, RS Components, Rutronik, TTI et WPG EMEA) et représente, suivant les pays, entre 80% et 85% du marché européen de la distribution. Dans ses statistiques, l’organisation professionnelle, – rappelons-le-, ne prend en compte que les semiconducteurs hors composants pour PC.